Finance
La crise du Covid-19 met à mal les trésoreries
La fermeture de la restauration collective et commerciale ainsi que des difficultés à l’exportation pèsent sur l’activité des industries agroalimentaires et sur les trésoreries. Plusieurs mesures gouvernementales peuvent aider à traverser la crise sanitaire et économique.
La fermeture de la restauration collective et commerciale ainsi que des difficultés à l’exportation pèsent sur l’activité des industries agroalimentaires et sur les trésoreries. Plusieurs mesures gouvernementales peuvent aider à traverser la crise sanitaire et économique.
L’effet du confinement mondial sur l’activité des industries alimentaires est contrasté, d’après la consultation organisée à l’échelle nationale par l’Ania entre les 24 et 27 mars. Ainsi, 22 % des IAA s’attendent à une hausse de chiffre d’affaires, profitant sans doute des achats de première nécessité ; les 78 % autres appréhendant plutôt une baisse. 26 % d’entre elles engrangeraient moins de la moitié de leurs recettes ordinaires. L’Ania a relevé les effets de la crise du Covid-19 sur un ensemble représentatif de 550 entreprises, dont 80 % de TPE-PME, 17 % d’ETI, 3 % de grands groupes, de tous secteurs et toutes catégories de produits.
Dans ce baromètre de l’Ania, les mesures sociales en faveur de l’emploi et du maintien de l’activité apparaissent comme le premier facteur de relance de l’activité. Les mesures d’aides à la trésorerie et à l’emploi sont identifiées comme le second facteur de relance.
Les comptes sont malmenés : baisse d’activité, moindre productivité, invendus, stockage, retards de paiement. Une série de surcoûts vient s’ajouter : surcoûts des approvisionnements et des livraisons ; mode dégradé de fonctionnement, nettoyage renforcé. Pour de nombreux industriels, avancer les salaires des personnels en chômage partiel ou verser une prime défiscalisée pour la circonstance ne va pas de soi.
La saturation des Direccte est en cours de résolution
Les directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte), qui traitent un afflux colossal de demandes de chômage partiel, mettent autant de moyens que possible. « Les problèmes de saturation sont en cours de résolution depuis la dernière semaine de mars. Le process informatique est adapté en continu et d’autres services sont mis à contribution. », indique Arno Amabile, chef du service économique de l’État en région (Seer) Grand Est. Du côté de la Direccte de Nouvelle-Aquitaine, Guillaume Defillon, référent pour les investissements, veut faire savoir qu’une demande non valide n’est pas rejetée, mais qu’elle doit être complétée.
Du report d’échéances au soutien de trésorerie
Les représentants de l’État en région étaient les premiers interlocuteurs des entreprises au début du confinement. Elles ont reçu une très grande majorité d’appels de petits commerces et restaurateurs. Ce sont maintenant les chambres consulaires – chambres de commerce et d’agriculture – qui informent et orientent, alors que les Direccte se concentrent sur les cas complexes. Les Direccte soutiennent actuellement l’objectif de l’État de repousser le plus possible les cessations de paiement. Les trois leviers mis en œuvre sont, dans l’ordre, le report des échéances, le soutien supplémentaire du fonds de solidarité pour les TPE, et un accès à de la trésorerie supplémentaire via des prêts dont le risque est pris en charge à 90 % par l’État.
Médiateur du crédit
Le prêt de trésorerie garanti par l’État est accessible à la grande majorité des entreprises (voir ci-contre). Il doit encourager les banques à en accorder un. Interrogé sur la chance qu’ont toutes les entreprises demandeuses d’en obtenir, Arno Amabile estime qu’« il encore trop tôt pour le dire ». En cas de blocage, lui-même et son confrère de Nouvelle-Aquitaine mentionnent un recours possible au médiateur du crédit : ce service dépend de la Banque de France. Il intervient « quand la discussion est dans l’impasse entre la banque et son client. Il offre un cadre de discussion plus ouvert », explique Guillaume Defillon. Le médiateur du crédit « n’est pas engorgé pour l’instant. Il est moins sollicité que pendant le choc financier de 2008 », souligne Arno Amabile.
En vue de la reprise
La reprise, après le déconfinement, dépendra de l’état du tissu de petits commerces et de restaurateurs, et des possibilités d’exporter. Sur ces deux points, des efforts importants sont consentis. Les reports de charges sociales et fiscales sont prolongés et la prime de solidarité de 1 500 euros versée quasiment automatiquement. Le fonds de solidarité qui verse cette dernière est partiellement abondé à hauteur de 200 millions d’euros par les membres de la Fédération française de l’assurance (FFA). La FFA conserve par ailleurs la garantie des entreprises en difficulté en cas de retard de paiement pendant le confinement.
Les membres de la FFA s’engagent aussi à différer le paiement des loyers pour les PME et les TPE dont l’activité s’est interrompue. L’exportation doit être soutenue par quatre mesures exceptionnelles : 90 % de garanties de l’État à travers Bpifrance Assurance Export et 6 mois de validité des accords de garanties des préfinancements ; prolongement d’un an des assurances-prospection en cours ; élargissement de Cap Francexport à l’ensemble des pays du globe ; renforcement de la Team France Export.