Intégrer la saisonnalité dans les marchés publics
Les Marchés Hebdo : Restau’Co participe-t-il à des ateliers des états généraux de l’alimentation ?
Éric Lepêcheur : Oui, nous participons aux ateliers 1, 2, 9 et 10. Nous avons demandé à participer à un certain nombre d’ateliers, la plupart ont été acceptés, sauf un, l’atelier 13 (« renforcer l’attractivité des métiers de l’agriculture et des filières alimentaires et développer la formation », ndlr) qui est clé pour le futur. Nous avons demandé à pouvoir être rajoutés ou reçus en parallèle. Nous y apporterons de toute façon notre contribution.
LMH : Participez-vous personnellement à un atelier ?
E. L. : Oui, j’ai assisté le 29 août au lancement de l’atelier 2 (« développer les initiatives locales et créer des synergies »).
LMH : Quelles impressions en avez-vous retiré ?
E. L. : Nous avons appris que les présidents avaient été reçus la veille par le ministre ; en gros il y a une feuille de route. On peut s’interroger sur le fait qu’il y ait une route déjà toute tracée. On jugera en termes de coparticipation avec ce qu’il en ressortira. Nous étions 50-60, cela fait beaucoup de monde. Après une prise de parole de chacun, cinq axes ont été dégagés sur lesquels les échanges vont plus porter. La prochaine fois, deux groupes vont travailler séparément sur la GMS et la restauration collective.
LMH : Quelles propositions défendez-vous ?
E. L. : Nous voudrions nous associer au CGI (grossistes, ndlr), au Geco (fournisseurs, ndlr) et au SNRC (sociétés de restauration, ndlr) pour faire des propositions plus efficaces et plus probantes. D’ores et déjà, le 29 août, j’ai indiqué que les projets alimentaires territoriaux sont une bonne clé d’entrée, mais qu’il fallait des synergies de territoire pour rendre les projets acceptables en termes de volumes. À cet effet-là, j’ai rappelé que la distribution est capable de faire le lien entre l’agriculture et nous, en évitant l’écueil du transport et de la facturation. Aujourd’hui, la restauration collective pour s’approvisionner passe à 70 % par des Min, des distributeurs, des transformateurs et des grossistes, et c’est le meilleur vecteur environnemental. L’idée de coopératives ou d’acheter à l’agriculture en direct ne vient qu’en complément. Améliorons déjà les 70 %. Pomona propose par exemple 100 t de tomates de pleine terre avec un agriculteur d’Île-de-France.
J’ai proposé la remise en place du GEM
Autres propositions : la remise en place du groupe d’étude des marchés (GEM) pour la restauration collective, arrêté l’an dernier, pour créer des synergies ; la promotion de la démarche Mon Restau responsable et par l’État et l'engagement volontaire en 17 piliers, validé l’an dernier avec la DGAL, que nous sommes prêts à signer avec le président et le ministre s’il s’intègre dans les conclusions des états généraux.
Par ailleurs, nous aurons encore besoin de produits transformés, l’important c’est de s’attacher à leur sincérité, et pour cela je prône pour la généralisation du test de l’affichage de l’origine. Je demande aussi à ce que l’on puisse changer le code des marchés publics pour y prendre en compte la saisonnalité et la proximité.
LMH : Concernant la formation, quelles sont vos demandes ?
E. L. : Nous souhaitons que la restauration collective soit mieux prise en compte au niveau de l’Éducation nationale. Au sein des territoires, nous voulons la mise en place de mesures pour que l’apprentissage existe vraiment. Aujourd’hui, cela fonctionne très mal, mettons en place des organismes collecteurs pour la fonction publique. Ou l’on forme des cuisiniers ou l’on ne promet pas de « fait maison » ! Enfin, concernant la formation continue, il y a un problème de cohérence entre les trois fonctions publiques (hospitalière, d’État et territoriale). Si on veut de l’efficacité, il faudrait de l’harmonisation.
Propos recueillis par Nathalie Marchand
Repères
Restau’Co, c’est :
12 000 adhérents via
11 organisations membres du conseil d’administration
42 % des repas servis en restauration collective