Insécurité
« Après avoir ramené de l’ordre dans les banlieues, Sarkozy veut faire la police dans les magasins ». C’est le bon mot qui circule en ce moment dans les milieux de la grande distribution où l’on craint déjà de faire les frais du volontarisme effréné de « Speedy ». En politique avisé, l’ex-premier flic de France n’a pas tardé à comprendre que c’est sur la question du pouvoir d’achat qu’il serait jugé. Et qu’il valait donc mieux s’attaquer de front aux racines du mal plutôt que de nier leur existence. « Les prix des biens de grande consommation augmentent plus vite que l’inflation», spécialement « ceux des produits alimentaires » a reconnu cette semaine le nouveau ministre de l’Economie qui a également admis que les prix grimpaient « plus fortement et plus rapidement en France qu’ailleurs ». La saillie est une pierre jetée dans le jardin de son prédécesseur, Francis Mer qui n’a eu de cesse de refuser ce constat. Mais c’est surtout un pavé jeté dans la mare des déséquilibres patents qui règnent au sein des filières. Le ministre de l’Economie a ainsi constaté justement que les producteurs « se plaignent à juste titre que les grandes surfaces leur achètent leurs produits de moins en moins chers » ; que les consommateurs estiment « qu’on leur vend des produits de plus en plus chers » ; et que les PME regrettent d’avoir « de plus en plus de mal à faire vendre leurs produits dans les grandes surfaces ». Au centre du procès de l’inflation que le ministre de l’Economie s’apprête à instruire figurent bien sûr les marges arrière. Mais en l’occurrence, les complicités sont multiples. C’est ce qui rendra le combat de Sarkozy autrement plus délicat que celui qu’il pense avoir remporté contre l’insécurité.