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Ingredia : Sandrine Delory mise sur l'écoresponsabilité

En février 2015, Sandrine Delory prenait la direction d'Ingredia. En janvier 2016, elle révélait la stratégie de différenciation élaborée avec ses collaborateurs et validée par les administrateurs de la Prospérité Fermière. Retour sur une construction qui a abouti au lancement d'un lait écoresponsable et sans OGM.

Sandrine Delory, directrice générale d'Ingredia.
Sandrine Delory, directrice générale d'Ingredia.
© Ingredia

« Quand j'ai pris mes fonctions, j'ai conduit un audit afin d'élaborer une stratégie de développement pour l'avenir de la coopérative. La différenciation est apparue comme étant la ligne à suivre pour valoriser le lait des adhérents de la Prospérité Fermière bien au-delà d'une politique de croissance des volumes possible grâce à la fin des quotas. Avec les équipes, nous avons élaboré différents plans d'actions. Ceux-ci ont été présentés en décembre 2015 au conseil d'administration, et dès janvier 2016 nous étions à pied d'oeuvre pour les décliner. Nous avons ainsi lancé un plan d'investissement sur notre unique site de Saint Pol sur Ternoise pour produire des protéines différenciées permettant d'aller encore plus loin dans la spécialisation de notre offre d'ingrédients protéiques. La mise en production est prévue pour 2018. Une quarantaine de personnes travaillent dans notre centre de recherche et développement à Arras.

 

UNE DÉMARCHE RSE POUR SE DIFFÉRENCIER

Ce revirement stratégique nécessitait d'être connecté avec l'amont mais aussi avec nos collaborateurs et nos clients. La démarche RSE s'est imposée comme étant le meilleur chemin pour y parvenir. Nous nous sommes adossés à WWF, l'ONG la mieux reconnue dans le domaine du développement durable pour son approche scientifique et sa notoriété internationale. Un partenariat de trois ans a été signé en mars En février 2015, Sandrine Delory prenait la direction d'Ingredia. En janvier 2016, elle révélait la stratégie de différenciation élaborée avec ses collaborateurs et validée par les administrateurs de la Prospérité Fermière. Retour sur une construction qui a abouti au lancement d'un lait écoresponsable et sans OGM. 2017, en présence de nos clients venus des quatre coins du monde pour soutenir notre audace. Puis en avril, lors d'un événement organisé chez un de nos adhérents, nous avons dévoilé en grande pompe et sur le terrain le nom de baptême de cette démarche : Via lacta. Mais ce n'est pas tout.

La différenciation se trouvant également côté amont, ce rendez- vous a été l'occasion de révéler l'engagement d'une centaine d'éleveurs dans un cahier des charges « lait à l'herbe sans OGM » qui préfigure le lancement du premier lait écoresponsable qui portera le nom de notre démarche RSE. Il sera commercialisé par Ingredia à l'automne prochain auprès de ses clients agroindustriels pour 95 % des volumes, et en lait de consommation pour les 5 % restants. Cette collecte concernera dans un premier temps 30 millions de litres de lait sur les 415 millions collectés par la coopérative.

 

LAIT À L'HERBE SANS OGM

Co-construit avec des éleveurs, le cahier des charges prévoit trois conditions : une surface minimum de pâturage de 15 ares par vache accessible 170 jours par an, une alimentation garantie sans OGM incitant l'éleveur à s'orienter vers une production locale à base de colza ou vers des cultures protéagineuses, et un meilleur bien-être des animaux élevés sur paille en hiver. Nous avons par ailleurs travaillé avec les fabricants d'aliments pour nous assurer le meilleur suivi.

Ayant obtenu deux fois plus de déclarations d'intention, nous attendrons la fin de l'année pour en faire le bilan et analyser nos besoins. Car nous restons pragmatiques.

Je souhaite donner à nos coopérateurs la possibilité de choisir leur voie de différenciation et de développement. Dans ce but, nous leur proposons également un accompagnement dans le lait bio. Ingredia transforme aujourd'hui 20 millions de litres de lait bio mais n'en collecte que 2 millions auprès de ses adhérents. Nous les incitons à s'engager dans le bio en offrant un prix de 360 euros pour 1 000 litres pendant la période de conversion, et de 450 euros pour 1 000 litres en bio, toute l'année ; un prix fixe déconnecté du lait conventionnel. Nous souhaitons atteindre 4 millions de litres de lait bio collectés auprès de nos éleveurs d'ici deux ans.

D'autres éleveurs ont exprimé la volonté d'améliorer la teneur protéique de leur lait et nous leur proposons une prime au gramme additionnel de protéines.

Autant d'initiatives qui inversent la dynamique afin de permettre aux éleveurs d'en être les acteurs. Je suis fière de diriger cette entreprise ancrée dans les Hauts de France au plus proche de ses adhérents tout en étant le troisième intervenant sur le marché mondial de la protéine laitière. »

CHIFFRES CLÉS

o 411 millions de litres collectés
o 381 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016
o dont 60 % à l'international
o 13 millions d'euros investis en 2016
o Un résultat net à l'équilibre après un déficit de 7 millions d'euros en 2015

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