Ingredia innove jusqu’aux brevets
Spécialisé dans les ingrédients issus du lait depuis les années 1970, Ingredia joue la carte de l’innovation comme stratégie de différenciation. Dans les technologies de séparation, dans les produits mais aussi dans l’organisation.
Ingredia affiche l’innovation comme marque de fabrique. « Nous sommes des petits à l’échelle de la production laitière française avec 1 200 adhérents pour une collecte de 420 millions de tonnes de lait. Nous sommes également des spécialistes des ingrédients qui sont, chez nous, uniquement issus du lait et non d’un process de transformation fromagère par exemple. Nous nous différencions donc par l’innovation. La R & D regroupe d’ailleurs 10 % des 450 collaborateurs », détaille Aurore Chemineau, responsable marketing d’Ingredia.
Cette filiale de la coopérative laitière Prospérité fermière réalise la moitié de son chiffre d’affaires sur le marché international. Elle s’organise en trois divisions : commodités, protéines du lait, bioactifs destinés à la nutrition-santé.
Deux nouvelles protéines pour les IAA et la nutrition-santé
Ses commodités sont surtout les 25 000 à 30 000 tonnes de poudre de lait entier, avec une forte implantation chez les chocolatiers (poudres de lait entier avec matières grasses libres) et ses matières grasses liquides (crèmes destinées aux fabricants de crèmes glacées). La division des protéines de spécialité compte toute la gamme : les protéines totales de lait et les protéines sériques (aussi appelées natives, car elles sont issues non pas des lactosérums, comme c’est généralement le cas mais du lait), les concentrés de caséines micellaires et les isolats de caséines micellaires, mais aussi des protéines plus techniques destinées aux industries agroalimentaires et à la nutrition-santé. L’entreprise en a lancé deux nouvelles l’an dernier, issues de sa R&D.
La Yogfluid est ainsi destinée à être incorporée aux yaourts à boire, un segment en forte croissance, notamment en Asie, car ces produits, pratiques à emporter et à consommer, répondent aux tendances de mobilité et de snacking sain. Les fabricants peuvent ainsi monter à 10 ou 12 % de protéines contre 3 ou 4 % habituellement pour répondre à la demande de produits hyperprotéinés, tout en conservant des produits fluides alors que les protéines donnent généralement de la texture.
La Promilk B Max se positionne de son côté sur l’axe « clean label » et naturalité. Les IAA cherchent en effet à réduire la liste de leurs ingrédients en réduisant la liste d’additifs, tout en gardant une texture onctueuse, et le produit trouve sa place dans des « cream cheese » ou des mousses de fromage foisonnées.
« Le processus d’innovation a démarré par l’identification d’un besoin du marché »
Aurore Chemineau, responsable marketing d’Ingredia
« Dans ces deux cas, le processus d’innovation a démarré par l’identification d’un besoin du marché comme la viscosité des yaourts à boire », souligne Aurore Chemineau.
Une division bioactifs très dynamique
La division des bioactifs est une des plus actives en innovation sur le long terme. Elle en commercialise cinq, dont deux qui ont fait l’objet de dépôts de brevet. Lactium, développé depuis une vingtaine d’années, est ainsi proposé pour la gestion du stress. Et Pep2Dia, hydrolysat de protéines de lait avec un dipeptide actif, a été lancé il y a deux ans pour aider les prédiabétiques à gérer leur glycémie.
Dans cette division bioactifs, Ingredia propose aussi du colostrum en poudre. Elle collecte en effet le surplus de colostrum de ses adhérents dans une logistique dédiée pour conserver la qualité de ses ingrédients, très fragiles (matières grasses mais aussi facteurs de croissance et immunoglobulines), avant de le sécher à destination de la nutrition infantile comme de celle des animaux 1er âge. Sa gamme comprend également de la lactoferrine depuis 2015 et l’Osteum, des peptides transportant le calcium pour le rendre très disponible tant pour les bébés que pour les séniors.
« L’innovation est portée par les technologies, les produits mais aussi l’organisation. C’est par exemple le cahier des charges sur le mode d’élevage au pâturage que nous avons construit avec les éleveurs entre 2015 et 2017 puisque le mode d’élevage influence la composition du lait et notre impact sur l’environnement. C’est aussi ce que nous avons fait en lançant le premier lait connecté blockchain en 2019. C’est enfin ce que nous venons de faire avec la toute nouvelle filière de poudre de lait équitable et bio pour le chocolat, lancée avec nos partenaires Biolait et la Scop Ethiquable début février 2022 », conclut Aurore Chemineau.