Inflation - Egalim 2 : des négociations commerciales sous grande tension, au menu de l'AG des charcutiers-traiteurs
La grogne des industriels de la charcuterie-traiteur monte de mois en mois, entre hausse des matières premières, de l’énergie et incapacité à répercuter ses coûts.
La grogne des industriels de la charcuterie-traiteur monte de mois en mois, entre hausse des matières premières, de l’énergie et incapacité à répercuter ses coûts.
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L’assemblée générale de la Fédération française des industriels charcutiers-traiteurs (Fict) qui a eu lieu le 20 septembre dernier à Paris a révélé les importantes tensions existantes entre industriels et distributeurs sur la question de la répercussion des coûts de production. « Il est urgent que nous aboutissions à une issue très rapide et positive des renégociations en cours pour préserver la viabilité des entreprises de charcuterie », a lancé le président de la Fict, Bernard Vallat. « Il est également nécessaire de rééquilibrer la valeur pour permettre à tous les acteurs d’être profitables et d’investir », a-t-il plaidé.
Surcoût énergétique de 227 M Eur
Les différents intervenants ont fait apparaître l’ampleur des difficultés actuelles du secteur avec « un alignement des planètes » particulièrement défavorable au secteur charcuterie. Le coût de l'énergie rapporté au CA des entreprises est passé de 1,8% à 5,1% entre 2021 et 2022, selon une enquête menée par la fédération auprès de ses adhérents, soit un surcoût total pour la profession de 227M€. Dans le même temps, les cours des matière premières carnées, qui pèsent pour 50% des coûts de fabrication, se sont envolés : +64% pour le porc et +29% pour le poulet depuis le début de l'année.
« Il est urgent que nous aboutissions à une issue très rapide et positive des renégociations en cours pour préserver la viabilité des entreprises de charcuterie », Bernard Vallat, président de la Fict
Les difficultés traversées par les industriels pour faire passer leurs hausses de coûts de production sont d’autant plus difficiles à admettre par les fournisseurs que le rayon, lui, reste très profitable. L’observatoire des prix et des marges fait en effet apparaitre que si la grande distribution est en marge nette négative sur la poissonnerie et la boucherie, « c’est dans les rayons charcuterie et volaille qu’elle est le plus élevée », a reconnu Philippe Chalmin, avec respectivement +6,9% et +9,2%. Selon les calculs réalisés par la Fict à partir des données de l’observatoire, l’évolution en indice de la part du prix du jambon cuit revenant à chaque maillon de la filière fait apparaître une croissance de 53 points pour la grande distribution et une baisse simultanée de 5 points pour l’industrie entre 2016 et 2021. « Dans cette période, 86% de l’augmentation du prix de vente de ce produit a été récupérée par la distribution », a fait observer Fabien Castanier, le directeur de la fédération.
Crispations sur les pénalités
Souvent impuissants à obtenir la renégociation des tarifs, les industriels ont également fait part de tensions croissantes avec leurs clients sur la question des pénalités logistiques. « Ces pénalités sont devenues une nouvelle source de revenus pour certaines enseignes », s’est indigné l’un d’entre eux., rappelant qu’une charte d’engagement avait été signée au mois d’avril entre fournisseurs et distributeur.
« Le secteur de la transformation alimentaire ne doit pas être le dindon de la farce de ce processus législatif », Sophie Primas, présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat
Invitée à clore les débats, Sophie Primas, la présidente de la commission des Affaires économique du Sénat, a reconnu les défaillances de la loi Egalim2. « Il faudra améliorer certaines mesures, ce que prévoit d’ailleurs la loi sur certains dispositifs expérimentaux comme le SRP (seuil de revente à perte, Nldr) », a-t-elle reconnu. « La loi a apporté des effets très bénéfiques sur le secteur de la production agricole, avec la non négociabilité des prix agricoles, mais elle n’a pas intégré le phénomène actuel d’inflation des matières premières industrielles, sur lequel se jouent les négociations aujourd’hui. On va devoir agir sur cette question. Le secteur de la transformation alimentaire ne doit pas être le dindon de la farce de ce processus législatif. »