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GIS élevage de demain - S’adapter aux attentes sociétales

Les Rencontres laitières du Grand Ouest, début juillet à Rennes, étaient consacrées à l’adaptation des filières laitières aux nouvelles attentes sociétales. Le bien-être animal devient un enjeu crucial.

Les préoccupations autour de la santé, du bien-être animal et de l’environnement interpellent les Français sur l’élevage, constate Véronique Pardo, de l’Ocha (Observatoire Cniel des habitudes alimentauires). Plus de la moitié d’entre eux se sentent proches de ces débats. » Selon une étude menée par l’université de Toulouse et le Credoc pour le Cniel en 2016, les inquiétudes portent d’abord sur la présence d’éléments chimiques dans l’aliment, la fraîcheur et l’hygiène, les caractéristiques des produits et la « question animale » incluant les conditions d’élevage, le bien-être animal et l’alimentation animale. Pour les produits laitiers, le niveau d’inquiétude est de 57 %. Et les facteurs d’inquiétude évoluent. Alors qu’en 2009-2010, l’alimentation animale arrivait en tête, deux nouveaux facteurs apparaissent : le bien-être animal et l’industrialisation. « Les questions des consommateurs portent davantage sur le bienêtre et l’élevage lui-même », note Véronique Pardo. L’accès au pâturage, la séparation du jeune animal de sa mère, l’euthanasie, l’écornage-ébourgeonnage, l’attache et la sélection, constituent la nouvelle toile de fond. Certains parlent aussi droits et statut des animaux, intensivité, productivisme et OGM.

COMPRENDRE L’ANTI-ÉLEVAGE

Ces interrogations sont portées par différents mouvements : le welfarisme, qui veut améliorer la condition animale ; le végétarisme, qui bannit la viande mais pas les produits animaux ; le végétalisme, qui refuse de manger tout produit d’origine animale et conteste l’abattage des animaux… Si ces derniers ne remettent pas en cause l’élevage, d’autres mouvements y sont fondamentalement opposés : le véganisme, qui refuse toute consommation et utilisation de produits animaux ; l’antispécisme, pour lequel il n’y a pas de frontière entre hommes et animaux ; le mouvement de libération animale, qui veut donner les mêmes droits aux animaux et aux hommes. « L214 est un mouvement antispéciste anti-lait, anti-viande et anti-élevage, indique Véronique Pardo. Ses objectifs sont de rendre compte des pratiques et de les faire évoluer ou disparaître, de démontrer les impacts négatifs de la consommation de produits animaux et de revendiquer son arrêt. » Dans ce contexte, la notoriété du discours anti-lait continue de progresser. En 2017, quatre Français sur dix l’ont entendu. « Ces attentes, qui ne viennent pas seulement des citadins, doivent être prises en compte, estime Véronique Pardo. L’accès au pâturage est une demande forte. Les antibiotiques et les OGM inquiètent aussi, mais moins que les années passées. Il y a urgence à revenir à « l’éleveur nourricier », à ne pas accepter l’étiquette de « l’éleveur barbare » et à participer à la conduite du débat intellectuel et médiatique », insiste-t-elle. Des démarches de différenciation se structurent en Europe. « En Italie, 50 % du lait est sous signe officiel de qualité, indique Benoît Rouyer, du Cniel. En Autriche, 15 % du lait est bio et 15 % est du lait de foin. Les signes de qualité représentent 30 % du lait en Suisse, 15 % en France, 2 à 5 % en Allemagne et aux Pays-Bas et moins de 2 % en Belgique et Pologne. » Des démarches privées se créent. En France, des démarches sur la santé existent depuis longtemps (Bleu Blanc Coeur…). Et les initiatives foisonnent désormais sur la proximité et la solidarité (Le lait de ma région, Cantaveylot, C’est qui le patron…).

DIFFÉRENCIATION SUR LE BIEN-ÊTRE ANIMAL

Chez nos voisins européens, des démarches basées sur le bien-être animal se structurent de plus en plus. Aux Pays-Bas, le lait de prairie, qui repose sur 120 j/an de pâturage pendant 6 h/j, concernait 78 % des éleveurs en 2015. Et en 2017, tous les principaux transformateurs s’y sont engagés. En Allemagne, la « SPA » allemande a émis des recommandations et créé un logo sur le bien-être animal. La démarche a été adoptée par Lidl début 2017 et le sera chez Aldi d’ici la fin de l’année. D’autres démarches portent sur l’alimentation de la vache. En Autriche, le lait de foin est devenu une STG(1) début 2016. En Allemagne, le « sans OGM », basé sur la certification Vlog, ne cesse de se développer. « Il est important que la France s’implique rapidement dans ces démarches pour pouvoir coconstruire les cahiers des charges et ne pas se les voir imposer par la grande distribution », estime Benoît Rouyer. À la demande de sa filiale commerciale allemande, Sodiaal s’est ainsi engagé dans la production de lait sans OGM pour la fabrication de 7 500 tonnes de fromage, avec un cahier des charges Vlog octroyant une prime de 10 euros pour 1 000 litres aux éleveurs qui s’y engagent.

 

(1) Spécialité traditionnelle garantie

DÉVELOPPER DES FILIÈRES EXEMPLAIRES EN MATIÈRE DE BIEN-ÊTRE

En mars 2017, un laboratoire d’innovation territorial « Ouest territoires d’élevage » basé sur l’innovation collaborative a été créé. Objectif : développer des filières animales et des marchés axés sur le bien-être et la santé en élevage et sur l’amélioration des conditions d’élevage et de vie des éleveurs. Quinze partenaires sont déjà engagés (Agrial, Terrrena, Triskalia, Valorial, chambres d’agriculture de Bretagne, Normandie et Pays de la Loire, Institut de l’élevage, Itavi, Ifip, Agrocampus Ouest, Inra, Irstea, Oniris, Chaire AEI).

 

L’Europe du Nord déjà engagée

Les leaders laitiers d’Europe du Nord sont déjà engagés dans ces démarches. FrieslandCampina a deux engagements principaux : le « pâturage » (78 % des membres en 2016, prime de 15 €/t de lait en 2017) et le « soja responsable » (100 % des approvisionnements en 2016, certification RTRS). Le groupe a aussi un engagement sur le « sans OGM » depuis 2008, limité jusqu’ici à l’Allemagne mais qui pourrait s’étendre aux Pays-Bas avec la recherche de 100 éleveurs pour la production de fromage sans OGM. Arla, qui produit 700 à 800 millions de litres de lait bio, veut en produire 270 millions de plus d’ici 2018 et est certifié RTRS ou ProTerra « soja durable » pour tous les approvisionnements de ses éleveurs. Tous les éleveurs suédois d’Arla sont aussi « sans OGM » et, depuis fin 2016, le groupe recrute 1 000 éleveurs « sans OGM » en Allemagne, Belgique, Luxembourg et Danemark (prime de 10 €/t). Son lait de pâturage, abandonné au Danemark en 2013, se développe depuis peu aux Pays-Bas et en Allemagne avec un objectif de 270 millions de litres en 2017.

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