Gestion
Gilets jaunes : quelles solutions pour les IAA
État, banques et distributeurs se sont déclarés déterminés à être solidaires des entreprises mises en difficulté par le mouvement des gilets jaunes. Des assurances spéciales peuvent aussi être contractées pour se prémunir à l’avenir.
Méventes, pénalités et charges supplémentaires de livraison, détérioration de produits frais, ralentissements d’activité… ; les conséquences de la fronde des gilets jaunes, à une période cruciale pour l’agroalimentaire, peuvent-elles être compensées ?
La Fédération bancaire française a demandé à ses adhérents d’examiner les situations des entreprises « avec bienveillance » et « au cas par cas », faisant passer le message à ses comités régionaux et départementaux. La Banque publique d’investissement (BPI) pour sa part est appelée à renforcer ses garanties. Tandis que les échéances des prêts existants garantis par la BPI, ou accordés par elle, peuvent être reportées.
Les enseignes vont faire preuve de discernement
L’Ania a écrit aux patrons des enseignes de la grande distribution pour les alerter sur les pénalités logistiques. « Nous avons pour l’instant des retours qui tendent à montrer que les enseignes vont faire preuve de discernement et compréhension compte tenu du caractère exceptionnel de la situation que nous considérons comme un cas de force majeure », apprend-on de l’Association des industries alimentaires.
Fiscalement, les entreprises peuvent demander un examen d’échéances. Au titre des gilets jaunes, le gouvernement a demandé aux directions des finances publiques d’apprécier « avec bienveillance, au cas par cas » la demande d’une entreprise défaillante de paiement « démontrant que sa défaillance résulte directement d’un problème de trésorerie lié au mouvement des gilets jaunes ».
Le gouvernement a aussi proposé de repousser le paiement des cotisations sociales dues au titre du mois de novembre, en s’adressant à son organisme de recouvrement. « Ces reports ne donneront lieu à aucune majoration ni pénalité de retard d’aucune sorte », a-t-il été déclaré. Enfin, la direction générale des entreprises (DGE) a mis en place une cellule d’examen des situations exceptionnelles (joignable à l’adresse mail continuite-eco.dge@finances.gouv.fr).
Pertes d’exploitation sans dommage
Comment se prémunir à l’avenir contre un évènement aussi inédit ? Certains courtiers en assurance peuvent monter une couverture des pertes d’exploitation sans dommage. Élisabeth Duboc, référente technique dommages à Marsh, explique la raison d’être de ce type d’assurance. Celui-ci s’adresse notamment aux industries très dépendantes de leurs approvisionnements, pour lesquelles le non-acheminement de matières premières ou de pièces intermédiaires entraîne rapidement l’arrêt de l’activité. La pharmacie et l’automobile sont demandeurs. Dans l’agroalimentaire, Marsh a des demandes limitées à des cas très particuliers, comme l’absence de disponibilité d’une matière première indispensable.
Les évènements en cause du manquement doivent être définis : l’impossibilité d’accès au site en est une possible. Selon Élisabeth Duboc, l’assurance en perte d’exploitation sans dommage peut toutefois être onéreuse en raison de sa particularité. « Les courtiers abordent un contrat en analysant les scénarios de risques, et la sinistralité passée de l’entreprise », explique-t-elle. Il se peut alors « qu’une petite entreprise ait identifié avec son courtier un besoin de couverture de perte d’exploitation sans dommage », complète-t-elle. Interrogée sur les possibilités d’assurance collective, elle considère que c’est envisageable.
Prévenir les licenciements
« En cas de difficultés conjoncturelles, de difficultés d’approvisionnement, de sinistres ou d’intempéries de nature exceptionnelle, l’employeur peut réduire temporairement le temps de travail de ses salariés en leur versant une indemnité horaire représentant 70 % du salaire brut », rappelle le site Internet de la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, du travail et de l’emploi) d’Île-de-France. En contrepartie de mesures d’accompagnement, il reçoit une allocation spécifique entre 7 et 8 euros de l’heure chômée. Simulation sur le site www.simulateurap.emploi.gouv.fr.