RSE
Excellents Excédents trace le parcours des dons
La restauration collective doit préciser, depuis le 1er janvier, ses engagements contre le gaspillage et donner ses excédents au plus tard en octobre 2020. Une opportunité pour Excellents Excédents, déjà engagée dans cette valorisation à Saint-Denis.
Installée à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Excellents Excédents est une société d’économie solidaire qui collecte les excédents de donateurs, cuisines centrales publiques ou privées, et les redistribue sous forme de repas complets à des receveurs en situation de précarités via des associations habilitées. Créée en 2016, l’entreprise fonctionne de manière opérationnelle depuis juin 2017.
Ses fondateurs, Anne Didier-Pétremant, Pierre Ravenel et Anne Tison, avaient déjà l’expérience de la redistribution d’excédents depuis 2015 au profit des Restos du cœur. « Il a fallu une bonne année pour mettre en place un système de traçabilité complet, de la barquette chez nos donateurs aux receveurs, car il faut rassurer tant les donateurs que les receveurs sur la qualité des produits et la fiabilité de notre logistique », explique Anne Tison, chargée des relations avec les donateurs. « Nous travaillons actuellement avec des donateurs qui n’ont pas attendu pour donner leurs excédents. Nous devrions avoir plus de partenariats suite à l’ordonnance du 22 octobre, et nous espérons également travailler avec les industries agroalimentaires par exemple pour les desserts », indique-t-elle.
Nous devrions avoir plus de partenariats
Elle prévoit une évolution naturelle sur 2020 en fonction de la mise en place de l’obligation des dons faite à la restauration collective et à l’agroalimentaire. La nouvelle ordonnance relative au gaspillage alimentaire va en effet, d’une part, imposer de rendre publique les stratégies de lutte des restaurations collecte et des IAA, et, d’autre part, dès octobre 2020, généraliser l’obligation de dons des excédents. Elle sera assortie d’un décret dont la rédaction est confiée au groupe de travail réuni par la DGAL.
Équipée pour livrer jusqu’à 1 000 repas par jour
Équipée pour livrer jusqu’à 1 000 repas par jour, l’entreprise en est pour l’instant à 200. Sa stratégie est d’assurer, sur le long terme, des livraisons quotidiennes de repas complets. « Nous reconstituons un nombre de repas croissant en fonction de la quantité d’excédents que nous collectons. Nous n’acceptons de nouveaux receveurs que si nous pouvons livrer. La croissance s’effectue donc plutôt par pallier, selon la progression du nombre de donateurs », explique la responsable.
La chambre froide d’Excellents Excédents permet de réceptionner à Saint-Denis les composantes des repas issues des cuisines des donateurs, de les étiqueter et de recomposer des repas complets distribués ensuite par des associations habilitées, mais aussi dans le restaurant solidaire d’Aubervilliers (Rest’Auber). Ce dernier accueille un public mixte : personnes en précarité qui bénéficient de la gratuité et autres consommateurs pour 3,50 euros.
« Nos partenaires donateurs actuels ne sont pas à la recherche d’une défiscalisation. Pour eux, donner c’est non seulement réduire le gaspillage alimentaire et limiter la production de biodéchets, mais c’est aussi transmettre un message positif aux équipes. Sur notre territoire, beaucoup des personnels de la restauration connaissent des situations économiques délicates. C’est important pour eux de voir leur travail valorisé plutôt que jeté », confie Anne Tison.
GMS et restauration collective : des contraintes très différentes
La loi Garot du 11 février 2016 impose à la grande distribution de donner ses excédents. Selon Anne Tison, l’extension à la restauration collective et aux IAA présente plusieurs spécificités. « La principale tient aux DLC. En GMS, elles doivent normalement être de 48 heures au minimum, même s’il existe une dérive liée à la recherche de défiscalisation qui a dopé les dons. En restauration collective, les DLC sont, en général, beaucoup plus courtes, les composantes de repas devant souvent être distribuées dans la journée. Cela impose une logistique très spécifique. Les produits sont naturellement plus sensibles, car ils sont déjà transformés avec des contraintes fortes de températures. La limite entre biodéchets et excédents est en effet ténue », explique-t-elle.