En veau, l’offre devrait revenir au dernier trimestre
Après un début d’année avec des abattages en chute libre, les mises en place de petits veaux pour les sorties de fin d’année semblent au même niveau qu’en 2022, mais elles restent inférieures à leurs niveaux des années précédentes.
Les abattages de veaux de boucherie ont chuté de 7,2 %, en têtes, sur les sept premiers mois de l’année, rapporte Agreste. Cette baisse est en rapport à une année 2022 déjà difficile, ayant vu les abattages chuter de 7,4 %. « Le maillon intégration de la filière veau de boucherie a énormément souffert de 2020 à 2022 », explique Olivier van Ingelgem, secrétaire général du Syndicat Vitellerie française, rappelant que la crise liée au Covid, entraînant la fermeture de la RHD, avait conduit à l’engorgement du marché. « Mais en 2023, cela a été une bouffée d’air avec la chute des coûts de production », se réjouit-il. L’indice des matières premières entrant dans la fabrication des aliments d’allaitement (Imfal), calculé et publié par Les Marchés, a en effet retrouvé des niveaux plus habituels, après les records historiques de début 2022 où il avait été entraîné par l’envolée des prix des produits laitiers. Il a été divisé par deux entre février 2022 et septembre 2023.
Des mises en place prudentes
En seconde partie de l’année, les abattages devraient renouer avec leur niveau de 2022. « Les mises en place sont très prudentes, comme l’an dernier, mais, a priori, pas en repli », estime Olivier van Ingelgem. Alors que les cours des veaux de boucherie ont passé l’été à des niveaux jamais vus ces dernières années, vont-ils connaître la même hausse automnale que l’an dernier ? « On peut s’attendre à des prix très élevés, on part déjà de haut, cela peut être comme en 2022, mais la demande est mauvaise, on ne s’attendait pas à un tel recul », nuance-t-il.
Les achats des ménages ont commencé rapidement à reculer avec l’inflation, le veau pâtissant de son image de viande onéreuse, et les Français arbitrant leurs budgets en défaveur des produits frais, notamment ceux du rayon boucherie. En 2022, les achats des ménages pour la consommation à domicile de viande de veau fraîche ont reculé de 10,6 %, selon les données de Kantar, relayées par FranceAgriMer. Une chute libre qui ne s’est pas confirmée cette année, avec une tendance à la stabilité (-0,9 %) au premier semestre. « La Pentecôte a été très difficile, les intégrateurs avaient mis en place des animaux pour cet événement marquant qui engage toute la filière. Mais ça n’a pas marché, on a eu des retards de sortie en élevage », rapporte Olivier van Ingelgem qui l’explique par « une moindre appropriation de la campagne par la GMS qui n’avait pas forcément tout le matériel de mise en avant à cause des restrictions budgétaires ».
La rentrée de septembre et la canicule qui a sévi dans tout l’Hexagone n’ont pas non plus été propices à la consommation, d’où une hausse des prix un peu plus tardive.
Pas de retour de la production
Au-delà des prochains mois, les mises en place restent contraintes par le recul du cheptel laitier et donc des petits veaux mâles disponibles. C’est un vrai problème pour les intégrateurs, qui s’est d’ailleurs traduit cette année par la reprise de la fluctuation historique des cours de ces animaux, avec une hausse en été pour répondre aux besoins des sorties d’hiver.
Incertitude sur les coûts de production
La baisse des prix mondiaux des produits laitiers industriels, notamment de la poudre de lait et du lactosérum a entraîné celle de l’indice Imfal. Mais difficile d’anticiper leurs évolutions dans les mois qui viennent dans un marché laitier incertain, avec une collecte en baisse et une demande mondiale erratique. Les cours des éléments fibreux de la ration, comme ceux des huiles végétales, sont certes en repli, mais très volatils, dépendants des aléas de la guerre en Ukraine. Les prix des petits veaux se sont redressés cet été avant leur baisse saisonnière liée à un pic des vêlages, qui devrait pourtant être moins prononcé cette année.