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Politiques publiques
Emmanuel Macron lance sa stratégie Nation ETI

La stratégie Nation ETI, lancée par le président de la République le 21 janvier, va accompagner les entreprises dans le développement de leur compétitivité selon plusieurs axes stratégiques tels qu’un renforcement de la formation, une simplification des procédures administratives et un allégement des taxes. Explications.

Après avoir progressivement imposé la notion d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) dans les débats économiques, Emmanuel Macron a lancé sa stratégie Nation ETI, à l’occasion de la réception à l’Élysée le mardi 21 janvier 2020 de quelque 500 dirigeants d’ETI. « Lorsque l’on se compare à l’Allemagne, pays dont l’économie s’appuie sur son tissu d’ETI, on s’aperçoit que c’est une potentielle faiblesse de la France de ne pas mettre les siennes suffisamment en avant », a déclaré président de la République dans une sorte de mea culpa.

La digitalisation et l’écologie au cœur de ce projet

Cette stratégie se structure en trois axes : travailler, produire et s’engager en France, et doit aider à la poursuite du regain de compétitivité des industries françaises. Pour cela, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, lance un tour de France des ETI qui commence cette semaine en Aquitaine. « Le but est de déployer les clubs ETI régionaux et fédérer ces entreprises autour de la marque ETI », précise-t-elle.

Des formations adaptées

Alors que le président de la République a échangé avec France Industrie en amont de la réunion « pour préparer les futures décisions », celui-ci précise que « la digitalisation et l’écologie sont au cœur de ce projet ». « Les entreprises françaises ont développé une avance par rapport à leurs concurrents sur l’écologie. Il faut mettre cela en avant », ajoute Agnès Pannier-Runacher.

L’un des axes de cette stratégie est de proposer aux étudiants et aux demandeurs d’emploi des formations adéquates répondant aux besoins des ETI. Un sujet sur lequel Emmanuel Macron rappelle qu’à l’issue du quinquennat, ce sont « 15 milliards d’euros qui auront été investis dans la formation, dans le but à terme de relancer l’emploi ».

Certains dirigeants d’entreprises ont profité de l’occasion pour témoigner des mesures mises en place pour répondre à cette demande et faire découvrir les emplois. « Nous avons un partenariat avec AgroParisTech, grâce auquel nous ouvrons de plus en plus nos portes aux étudiants et leur apprenons le fonctionnement de notre entreprise », informe Emmanuel Vasseneix, président de la laiterie de Saint-Denis de l’Hôtel (LSDH) dans le département du Loiret. « J’ai demandé aux écoles supérieures de renforcer leur travail avec les acteurs des filières et sur le territoire. Il faut faire connaître ces métiers aux jeunes. Ils sont à la recherche d’un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle et sont très sensibles à la problématique environnementale », ajoute Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Les décisions doivent être collectives

De son côté, la Conserverie la belle iloise assume son rôle social et sociétal en recrutant par simulation grâce à des tests étalonnés aux niveaux d’exigences de l’entreprise, se passant donc de curriculum vitæ. « Les salariés des entreprises sont de toute tranche d’âge, de trente-trois nationalités différentes et sont issus d’une multitude de parcours différents, souvent accidentés par ailleurs », explique Caroline Hilliet-Le Branchu, présidente de la conserverie la belle iloise.

Des procédures administratives à simplifier

La stratégie Nation ETI comprend un axe cher à de nombreux acteurs : la simplification des démarches administratives. « Les délais des procédures freinent le développement de nos entreprises et inhibent notre compétitivité », reconnaît Emmanuel Macron. Le gouvernement prévoit la mise en place d’une cellule qui, en dialoguant avec les entreprises, se chargera de démêler la complexité administrative et de formuler des propositions pour homogénéiser les lois. « C’est aussi à l’administration de faire face à sa propre complexité », lance Agnès Pannier-Runacher.

Cet axe devrait entre autres faciliter la transmission, aujourd’hui complexe, des entreprises : en France, seulement 17 % des ETI sont transmises, contre 50 % en Allemagne. Par ailleurs, le gouvernement souhaite communiquer autour des dispositifs mis en place en faveur des ETI, tel que le « french fab investment desk », un service public dont la mission est d’accompagner les entreprises pour accélérer leurs projets d’investissement.

Des taxes de production huit fois plus élevées qu’en Allemagne

Bruno Le Maire s’est montré ouvert à la discussion concernant l’imposition des entreprises : « je n’ai encore rien proposé, car je ne veux pas prendre de décision qui ne soit pas collective et je veux en discuter avec les ETI », a-t-il déclaré. Les taxes de production en France sont aujourd’hui huit fois plus élevées qu’en Allemagne. « Un sujet à corriger pour favoriser le développement des entreprises sur le territoire français », a demandé Pierre-Olivier Brial, président du club ETI Île-de-France.

Enfin, après avoir encouragé les PME à s’exporter, le gouvernement souhaite accompagner les ETI à l’étranger, notamment en sensibilisant les acteurs de la Team France Export (Business France, les CCI et Bpifrance). La promotion d’outils d’accompagnement existants pour les ETI sera renforcée auprès des principaux concernés.

« Il y a urgence pour les IAA », selon l’Ania

« Nous avons été très attentifs au discours du président de la République au sujet des ETI », affirme un porte-parole de l’Ania. Aujourd’hui, le secteur agroalimentaire français compte à peine 300 ETI, ce qui représente moins de 2 % du nombre total d’entreprises alimentaires : c’est deux fois moins qu’en Allemagne. « Il y a urgence pour l’industrie agroalimentaire française. Le renforcement de sa croissance passe par une amélioration des conditions de compétitivité », conformément aux engagements du pacte productif 2025, poursuit l’Ania qui juge « énorme » le potentiel de développement des entreprises du secteur. Le secteur agroalimentaire souhaite un allégement de la fiscalité sur les facteurs de production et attend de Bercy un renforcement de l’environnement économique par des mesures concrètes. « Le pacte productif doit permettre aux entreprises d’investir, innover et recruter pour croître », conclut l’Ania.

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