Éco-extraction : « répondre à la forte demande de naturalité »
Les Marchés Hebdo : Comment accompagnez-vous les industriels dans le développement d’ingrédients naturels ?
Maria Marco : Lancée en septembre dernier, la plateforme de Valréas, dans le Vaucluse, est un lieu d’expérimentation dédié au codéveloppement des procédés d’éco-extraction, qui permettent la production d’extraits végétaux sûrs pour l’homme et l’environnement. Avec l’éco-extraction, les industriels utilisent moins de solvants, consomment moins d’énergie et réduisent leurs rejets. Généralement, ils viennent nous voir pour que nous les aidions à développer des produits à partir d’une plante précise, ou pour les aider à concevoir un procédé plus écologique par exemple. Nous avons des lignes pilotes qui nous permettent de faire des tests entre 10 et 500 litres pour des petits lots avant une pré-industrialisation.
LMH : Quelles sont les tendances que vous pouvez observer actuellement en matière d’ingrédients végétaux ?
M. M. : Nous travaillons à partir de toutes sortes de matières premières naturelles. 90 à 95 % d’entre elles sont des plantes, mais ce n’est pas toujours le cas. Nous utilisons aussi des produits de la ruche, des champignons comme la truffe, voire des insectes. Avec l’éco-extraction, nous pouvons répondre à la forte demande de naturalité des consommateurs. Une des tendances est d’avoir des ingrédients extraits sans solvant, à l’eau, si possible, ou alors sans résidus de solvant, car c’est assez controversé. L’idée est aussi de valoriser au maximum les végétaux et leurs sous-produits, dans une optique de réduction du gaspillage. Nous observons également des attentes fortes autour des ingrédients issus de l’agriculture biologique et des sources de protéines végétales.
LMH. : Comment les industriels peuvent-ils valoriser les ingrédients naturels éco-extraits dans leurs produits ?
M. M. : Il y a différentes formes possibles de valorisation de ces ingrédients. Par exemple, l’utilisation de coproduits, comme les pépins de raisin pour produire des extraits riches en antioxydant pour la cosmétique ou les compléments alimentaires, permet de mettre en avant la réduction des déchets ou d’améliorer l’analyse du cycle de vie du produit. Pour les ingrédients extraits sans solvant, il est possible de le mentionner. Cela peut aussi permettre d’utiliser ces ingrédients à des fins alimentaires, car ils ne le seraient pas s’ils étaient extraits avec de l’hexane. Enfin, un label « éco-extrait » devrait voir le jour en fin d’année 2017. Il sera attribué et géré par l’association France Eco Extraction.