Nutrition animale
De bons relais d’innovation dans les matières premières
L’industrie de la nutrition animale, située très en amont des filières de produits animaux, trouve de bons relais d’innovation dans le végétal. C’était le thème de l’assemblée générale du Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale qui s’est réuni le 17 mai 2019 à Rodez.
L’industrie de la nutrition animale, située très en amont des filières de produits animaux, trouve de bons relais d’innovation dans le végétal. C’était le thème de l’assemblée générale du Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale qui s’est réuni le 17 mai 2019 à Rodez.
En 2018, 314 usines appartenant à 201 entreprises ont fabriqué en France 20,8 millions de tonnes (Mt) d’aliments pour animaux, volailles en tête (41 %), suivies des bovins (lait et viande : 29 %) et des porcs (24 %) sans oublier les autres espèces, lapins, chevaux, gibiers, poissons… Technologies, produits, marketing, commercialisation sont autant d’axes d’innovation exploités, expliquait François Cholat, président du Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale (Snia) lors de leur assemblée générale du vendredi 17 mai 2019 à Rodez.
Compétitivité, durabilité, sécurité sanitaire, biosécurité mais aussi bien-être animal constituent certains des moteurs de l’innovation tant en matière de produits que d’organisation collective.
Solutions numériques
La montée en puissance du numérique est très présente avec le lancement, chez tous les fabricants ou presque, de services basés sur le traitement des données des élevages. La nutrition animale a l’habitude de traiter des volumes importants d’informations sur les matières premières pour optimiser ses formulations. Elle construit désormais des solutions numériques et déploie des services d’accompagnement technique qui placent la nutrition des animaux au centre de l’exploitation d’élevage : les exemples sont nombreux, comme le Cube lancé par Novial ou Atland développé à RAGT Plateau central.
L’un des principaux relais d’innovation réside néanmoins dans les matières premières qui représentent 80 % de la valeur d’un aliment. Le secteur est par ailleurs le premier utilisateur des céréales françaises et des coproduits issus des industries agroalimentaires (75 % des gisements disponibles, du son aux tourteaux en passant par les drèches) et demande que ses besoins soient entendus.
Un besoin majeur en protéines françaises
Si 80 % des matières premières utilisées en alimentation animale sont actuellement produites en France, 8 % viennent des autres États membres de l’UE et 12 % des pays tiers. Le besoin majeur tient donc en un mot : protéines. Non seulement la montée en taux des céréales qui couvrent déjà 24 % de ses besoins, mais aussi la disponibilité de matières premières riches en protéines que ce soit du soja français, du tourteau de colza ou de tournesol enrichi par le dépelliculage ou d’autres ressources telles que la cameline.
D’ici à 2028, la demande en alimentation animale alternative (bio, sans OGM) devrait être multipliée par trois, sous l’effet, notamment, des demandes des signes officiels de qualité sur du sans OGM et, fort probablement, du sans OGM origine France. « Les aliments conventionnels, qui représentaient 82 % en 2018 devraient ainsi descendre à 48 % », chiffre Antoine Henrion, président de Terres Univia.
L’approvisionnement reste donc bien un des enjeux majeurs pour les années à venir afin de répondre à la montée en gamme traduite dans les plans de filières et la loi Egalim.
La montée en gamme, nous y croyons
« La montée en gamme, nous y croyons, nous y participons, mais cela ne doit pas se faire en ignorant les réalités de marché, alerte toutefois le président François Cholat, je vais être concret, les filières encouragent les éleveurs à garantir “nourri sans OGM” et peinent à traduire cette exigence dans la valorisation des produits animaux. »
Le défi de l’innovation variétale en protéine est de toute façon complexe, car naturellement lié aux financements. « Prenons deux exemples, d’une part, le cercle vicieux du pois et de la féverole, d’autre part, le cercle vertueux du soja », explique Claude Tabel, président du directoire du groupe RAGT.
Il pointe le fait que les surfaces en pois et féverole, toutes deux espèces autogames, ne cessent de se dégrader en France malgré les plans protéines successifs. « Or, 60 à 70 % des surfaces sont semées en semences de ferme qui ne rémunèrent pas la recherche et les productions sont de moins en moins compétitives dans une sorte de spirale négative », indique-t-il. De l’autre côté, le soja français s’est développé en filière, avec une charte. Même si les agriculteurs peuvent utiliser des semences de ferme, ils rémunèrent la recherche.
La démédication : l’exemple des tanins de sainfoin
La démédication est un autre axe majeur d’innovation depuis une dizaine d’années. C’est le cas avec les tanins du sainfoin qui réduisent le niveau d’infestation parasitaire des petits ruminants, indique Thierry Pineau, directeur de l’institut Carnot France Futur Élevage à l’Inra.
De ce fait scientifique est née une innovation, des granulés de sainfoin incorporés dans les aliments pour ruminants, et une filière autour de Multifolia et de son partenaire historique MG2Mix (20 partenaires, 500 hectares, 3 doctorats depuis 2017). La recherche s’en est trouvée stimulée pour valoriser les coproduits tels que la peau de châtaigne et les rafles de raisin, également riches en tanins.