Création d'une plateforme de traçabilité collaborative

L’organisation de standardisation numérique GS1 et le groupe Terrena ont démarré le chantier de construction d’une plateforme Internet permettant de tracer les productions agricoles et alimentaires. De nombreuses parties prenantes sont attendues.
Optimiser les logistiques, bénéficier d’une traçabilité remontante précise, informer les consommateurs sur les modes et lieux de production ainsi que les matières employées ; tels sont les bénéfices attendus de la « plateforme collaborative de traçabilité » que GS1 France et Terrena sont en train de concevoir. L’antenne française de l’organisation mondiale de standardisation des codes et le groupe coopératif ont présenté leur projet au Salon de l’agriculture 2017. Ils cherchent dès lors à rallier un maximum d’opérateurs – fournisseurs de l’agriculture, industriels de l’agroalimentaire, grossistes, logisticiens, distributeurs –, dont des groupes concurrents, pour passer à la phase d’industrialisation en vue d’un déploiement en 2019. Cette initiative porte en elle un fort enjeu de standardisation des données numériques en agriculture et agroalimentaire.
Ce sont les standards GS1 qui garantissent l’interopérabilité de la plateforme et qui conditionneront son ouverture à tous les acteurs de la filière agroalimentaire. Les standards se définissent au sein de GS1, puis chaque entreprise leur fait correspondre ses propres données de traçabilité. Mais "ces efforts paieront", assure François Deprey, président exécutif de GS1 France. « Fournir des datas structurées et fiables favorisera la valorisation des produits auprès des consommateurs finaux, mais également l’optimisation logistique », argumente-t-il.
Le fonctionnement de la plateforme s’appuie sur le standard de « traçabilité par évènement » EPCIS, un acronyme anglais (electronic product code information service) pour « service de codage électronique de l’information du produit ». Dans l’agroalimentaire ou d’autres secteurs, ce standard permet de tracer le cycle de vie complet d’un produit, du producteur au consommateur. « Chaque entreprise reste propriétaire de ses données », précise la fiche découverte de l’EPCIS de GS1 ; chacune « sélectionne l’information qu’elle veut mettre à disposition et choisit avec qui et quand cette information sera partagée ». Ainsi a-t-on bien réfléchi chez Terrena sur les données à partager, les données publiques et les données restant privées.
L’outil de La Nouvelle Agriculture
Le groupe coopératif a développé sur cette plateforme son portail AgriMatrice, un outil clé du suivi de La Nouvelle Agriculture, le concept d’agriculture durable propre à la coopérative. Grâce à une application maison baptisée TraceN@, le portail donne à visualiser les flux de matières, d’animaux et de produits jusqu’au client. Le circuit est particulièrement évident dans le cas d’un poulet, dont on peut voir par exemple de quel couvoir il est issu, où il a été élevé et s’il a consommé des antibiotiques. Une quarantaine d’évènements sont ainsi visibles. « Toutes nos opérations de conseil étaient déjà digitalisées ; des parcelles sont cartographiées », a expliqué Guillaume Ardillon, directeur digital. Un élu céréalier de la coopérative a témoigné que l’enregistrement et le partage des données de grandes cultures l’aident à progresser techniquement et favorisent la montée en gamme.
Les communautés GS1 en France
L’organisation mondiale GS1, sans but lucratif, regroupe en France 38 500 entreprises de toutes tailles issues des principales filières économiques : grande consommation, santé, restauration, agriculture, etc. Des communautés d’intérêt s’y constituent et conçoivent des standards et bonnes pratiques de codification. Elles collaborent autour de trois domaines clés : le produit numérisé (version numérique visant à toucher les consommateurs de tous canaux), la chaîne logistique interconnectée et le commerce omnicanal.