Santé animale
Course contre la montre lancée contre la grippe aviaire
Alors que les cas de grippe aviaire se multiplient dans les Landes, le ministre de l’Agriculture a décidé d’accélérer et renforcer les abattages préventifs dans une zone de 5 km autour des foyers de contamination.
Alors que les cas de grippe aviaire se multiplient dans les Landes, le ministre de l’Agriculture a décidé d’accélérer et renforcer les abattages préventifs dans une zone de 5 km autour des foyers de contamination.
Le 8 janvier, on comptait 124 foyers d’infection à la grippe aviaire contre 61 foyers au 1er janvier. Le 11 janvier au soir, c’était 170 foyers rien que dans les Landes et six dans le Gers, selon le ministère de l’Agriculture alors que la situation semblait se stabiliser dans les autres départements. Le virus, très virulent et « ayant une affinité particulière pour le canard », comme le souligne Anne Richard, présidente de l’Itavi, fait des ravages dans le sud-ouest de la France. Cet épisode de grippe aviaire est « peut-être plus contagieux que celui de 2016-2017 qui avait mis à plat la filière », a reconnu le ministre de l’Agriculture.
Alors qu’avait été décidé fin décembre un abattage préventif sur une zone de 3 km autour des foyers de contamination, les professionnels demandaient depuis quelques jours un durcissement des mesures, soutenues par l’État. Suite à un avis de l’Anses, Julien Denormandie a annoncé le 7 janvier au soir l’extension des abattages préventifs sur un rayon de 5 km autour des foyers et une zone de surveillance de 10 km autour des foyers pouvant être étendue jusqu’à 20 km avec interdiction de sortie et d’entrée des volailles « y compris pour repeupler un élevage qui a terminé son cycle de production ».
Clarifier les zones dès la semaine prochaine
« Nous accélérons les mesures dans les Landes où l’influenza aviaire sévit fortement. Déjà 600 000 canards abattus. Nous doublons les capacités d’abattage. Objectif : créer des vides sanitaires et endiguer la propagation », annonçait sur Twitter le 8 janvier Julien Denormandie, en déplacement dans Les Landes. Le ministère de l’agriculture a promis la réquisition d’abattoirs supplémentaires pour procéder à cet abattage préventif et arriver à une capacité d’abattage quotidien de 160 000 canards contre 80 000 canards. « Est-ce que c’est la bonne mesure ? On espère ! En tout cas, les abattages préventifs ne sont pas remis en cause par la profession », commente Anne Richard, soulignant l’importance que ces abattages se fassent vite. « Il faudrait que l’on arrive à clarifier ces zones de contamination dès la semaine prochaine », poursuit-elle.
Craintes à l’exportation
Les enjeux sont de taille. Alors que le virus touche surtout les canards, les filières volaille de chair s’inquiètent également face au développement des zones d’abattages préventifs et à l’installation de vides sanitaires. « L’angoisse est aussi que des pays se ferment à l’exportation. Un travail très important est mené par la DGAL pour maintenir les pays ouverts », poursuit Anne Richard. À l’heure où nous écrivons ces lignes, seule la Chine a fermé ses frontières aux volailles et palmipèdes français.
Des règles de biosécurité à retravailler
Si pour l’heure, l’urgence est à l’abattage préventif massif pour contenir la progression du virus et à la mise en place des règles de biosécurité existantes, ces dernières devront à l’avenir être améliorées par les professionnels. « On se réunira au printemps pour voir ce que l’on peut faire de plus », reconnaît Anne Richard. Les mesures de biosécurité ont fortement progressé depuis 2016, mais « il faudrait par exemple qu’en période à risque, on puisse claustrer tous les canards qui sont à l’extérieur », poursuit-elle. D’ici là, reste à savoir comment les professionnels seront indemnisés pour les abattages préventifs, mais aussi les vides sanitaires et les manques à gagner pour les accouveurs et abatteurs.