Coopérative
Comment Isigny Ste-Mère résiste à la crise
La coopérative laitière normande a connu une collecte record en 2019 et une hausse de son chiffre d’affaires. En 2020, elle se sort bien de la crise économique avec un basculement réussi de ses activités restauration vers la grande distribution.

L’assemblée générale d’Isigny Ste-Mère, décalée d’avril à septembre 2020 à cause de la crise sanitaire, a dévoilé une très belle santé économique en 2019 pour la coopérative normande, avec un chiffre d’affaires qui s’élève à 452 millions d’euros, en hausse de 10 % par rapport à 2018. La collecte de lait a atteint 251 millions de litres, un record pour la coopérative, en hausse de plus de 6 % par rapport à 2018. « Nous avons réalisé une très belle année 2019, avec une belle qualité globale des produits et une collecte satisfaisante », se réjouit Daniel Delahaye, directeur général d’Isigny Ste-Mère. Le chiffre d’affaires à l’exportation s’est bien porté également, pesant 59 % du chiffre d’affaires global (soit 265 millions d’euros), et en croissance de 8 % par rapport à 2018. « Les ventes au Royaume-Uni, notre premier marché européen en dehors de la France, ont été plus difficiles à cause du Brexit qui a exacerbé la concurrence. Celles-ci accusent une baisse de 15 % sur l’année 2019. Mais pour la quarantaine d’autres pays où nous sommes présents, nous avons réalisé de belles ventes », précise Daniel Delahaye. Le chiffre d’affaires sur le marché national est, quant à lui, en croissance de 15 %. La coopérative a rémunéré à hauteur de 413,14 euros les 1 000 litres, toutes primes et toutes catégories confondues.
Nous nous sommes bien sortis de la crise
L’année 2020 a commencé sur le même rythme pour la coopérative, jusqu’à ce que la crise sanitaire change la donne. « Je salue mon personnel et les producteurs, grâce auxquels nous avons pu bien nous sortir de cet épisode », déclare Daniel Delahaye. La coopérative a récompensé ses salariés d’une prime d’engagement pour les efforts fournis. « Nous avons réussi à basculer une partie de nos activités restauration vers la grande distribution. Si les produits de base sont similaires, les gammes et les conditionnements sont différents », explique-t-il. Depuis la réouverture du secteur, la partie RHD a redémarré pour Isigny Ste-Mère. « Nous sommes aujourd’hui entre 75 % et 80 % de notre activité pour fournir la restauration par rapport à l’avant-crise. Durant l’été, le secteur a bien tourné, mais ça se tasse un peu depuis fin août », complète Daniel Delahaye.
Pas d’évolution à l'étranger
Les activités à l’exportation se sont aussi « bien tenues » pendant la crise, avec des situations de marché très similaires à la France. « Avec la crise, il n’y a pas eu de prospectives pour chercher de nouveaux marchés, donc nous n’augmenterons pas le nombre de pays où nous sommes présents, mais nous n’en avons perdu aucun non plus. Il n’y aura pas d’évolution », prévoit Daniel Delahaye.
« Que ce soit sur le marché national ou international, nous sommes finalement bien retombés sur nos pieds et n’avons pas fait face à des difficultés majeures, mais nous restons vigilants : l’année n’est pas finie », avertit-il.
Trois mois de retard pour la nouvelle unité U3
Isigny Ste-Mère l’avait annoncé il y a près d’un an : la construction d’une nouvelle unité de production, nommée U3, permettra à la coopérative d'augmenter sa capacité de production de 28 000 tonnes, pour atteindre au total 70 000 tonnes et aurait dû lancer sa mise en marche début 2021. Le chantier, qui a nécessité un investissement de 80 millions d’euros, a pris trois mois de retard à cause du confinement. « Ce délai n’a pas nécessité de dépenses supplémentaires significatives », souligne Daniel Delahaye. Les travaux ont repris mi-mai. L’unité U3, qui disposera d’une capacité de production de 4 tonnes par heure et d’une ligne de conditionnement de 6 tonnes par heure, lancera sa mise en production d’ici à mai ou juin 2021 après validation de ses premiers essais industriels.