Conserverie
Chancerelle est passé entre les gouttes de la Covid-19
Malgré le confinement du printemps et celui de l’automne, Chancerelle, leader de la sardine entière, propriétaire de la marque Connétable, est parvenu à développer son activité.
Lors du premier confinement, rien n’était gagné. Dans ses deux usines de Douarnenez en particulier sur le site de fabrication de sardines à l’ancienne qui emploie beaucoup de mains-d’œuvre, la productivité a été réduite d’environ 20 % dans les premiers jours du confinement au printemps. En cause, le taux d’absentéisme des mères de famille contraintes de garder à la maison leurs enfants privés d’école, et la limitation des effectifs en raison de la distanciation physique.
Mais rapidement, des gains de productivité ont été réalisés, et ce, malgré le maintien des mesures sanitaires jusqu’à aujourd’hui. Chancerelle a pu faire face à la forte hausse de la demande (+50 %) en boîtes de sardines (la moitié de sa production), de thon et de maquereaux « en puisant dans ses stocks », explique la directrice commerciale et marketing, Béatrice Feutré. « Nous sommes rapidement tombé à un stock zéro que nous avons reconstitué grâce à une campagne de pêche sardinière précoce cette année », précise-t-elle.
Une bonne gestion des stocks
Chancerelle a eu accès « à partir de mai » à la sardine de bolinche capturée dans le golfe de Gascogne et débarquée dans des ports du sud-Bretagne. La campagne s’achève en cette fin novembre et le conserveur a, comme chaque année, surgelé les sardines qu’il travaillera cet hiver en attendant la campagne 2021. Grâce à ses stocks, Chancerelle a compensé la forte baisse de production de sa filiale d’Agadir, très spécialisée en sardines appertisées, que les autorités marocaines ont décidé de fermer une partie de l’année pour faire face à la pandémie.
L’afflux de commandes a eu des conséquences sur le plan logistique. « Il nous faut habituellement deux à trois jours entre la commande et l’expédition. Là, c’était parfois dix jours », fait-elle savoir. En période post-confinement, les ventes de Chancerelle ont accusé le coup. Elles se sont inscrites à la baisse de l’ordre « de 20 % en juillet-août 2020 par rapport à la même période de 2019 », poursuit Béatrice Feutré. Il y a eu, selon elle, deux raisons à ce creux de marché : les surstocks de conserves de poisson accumulées par les ménages au printemps, et la diminution « de 24 % » des actions promotionnelles habituellement mises en place durant l’été par les GMS qui ont privilégié le fond de rayon (+10,7 % de ventes pour Chancerelle).
Elle nous a renforcé dans les choix faits ces dernières années
Les ventes ont, depuis septembre, repris leur marche en avant. Finalement, cette année si particulière n’aura pas été si dégradée. En moyenne mobile sur les douze derniers mois, Chancerelle progresse de 3,7 % en volume et de 5,9 % en valeur. Quels enseignements tirer de la crise ? « Elle nous a renforcé dans les choix faits ces dernières années, dit Béatrice Feutré, notre orientation vers la pêche responsable depuis 2015 (arrêt de la pêche de thon sur radeaux dérivants par exemple), le lancement de la gamme Essentiel en 2019 (onze recettes de poisson labellisé MSC avec des ingrédients AB) qui pèse déjà entre 5 et 10 % de nos ventes, notre travail en bio, le clean label, etc. Nous faisons tout pour que le consommateur considère la sardine comme un produit d’utilité publique dans son placard. »
La société en bref
Entreprise fondée il y a 160 ans, Chancerelle a réalisé l’an passé 157 millions de chiffre d'affaires avec une production de 145 millions de boîtes à partir de 41 500 tonnes de poisson. La société exploite deux usines à Douarnenez, siège de l’entreprise (l’une spécialisée en sardines, l’autre en thon), une usine à Agadir et un atelier de traitement du poisson à Laâyoune, les deux sites au Maroc. Ses effectifs atteignent 2 300 personnes, dont 800 en France. Ses ventes proviennent à 50 % des sardines, du thon, du maquereau et des tartinables pour le reste qu’il vend à sa marque Connétable et sous MDD. Chancerelle revendique 39,8 % de parts de marché sur la sardine entière et 10,8 % de l’ensemble du marché de la conserve de poisson.