Bruxelles s’attaque aux hydrocarbures d’huiles minérales

Les filières alimentaires des pays membres sont appelées à recueillir des données sur les hydrocarbures d’huiles minérales migrant dans les aliments.
La Commission européenne recommande de surveiller la contamination des aliments par les hydrocarbures d’huiles minérales et la présence de celles-ci dans les matériaux destinés à entrer en contact avec les aliments. Sa recommandation a été publiée au Journal officiel de l’Union européenne le 16 janvier 2017. Les hydrocarbures d’huiles minérales (Moh) peuvent provenir des lubrifiants de machines de récolte, des encres d’imprimerie des emballages, ou encore des additifs ou des auxiliaires technologiques. Leur migration à partir du papier ou du carton d’emballage est particulièrement visée, étant « soupçonnée de contribuer de manière significative à l’exposition totale (des populations, ndlr) ». Cette migration peut se produire à travers les matériaux d’emballage mais aussi par l’air, selon les spécialistes.
Les Moh sont un souci de santé publique. Il y a d’un côté les Moh aromatiques (Moah) qui « peuvent agir comme des cancérigènes génotoxiques », rappelle le texte. Aussi, sont-ils réduits au minimum dans les Moh de qualité alimentaires. De l’autre, les Moh saturés (Mosh) qui « s’accumulent dans les tissus humains et sont susceptibles d’avoir des effets néfastes sur le foie ».
Huiles, poissons, produits d’épicerie
La Commission européenne souhaite que les États membres surveillent les Moh en 2017 et 2018, ceci « avec la participation active des exploitants du secteur alimentaire » et les filières des matériaux en contact. Les aliments visés sont les huiles végétales, graisses animales et graines oléagineuses, les céréales du petit-déjeuner, produits de boulangerie, viennoiseries, pâtes et autres produits dérivés de céréales, les confiseries et chocolats, les glaces et desserts, le cacao, les légumineuses et les fruits à coque, ainsi que la chair et les conserves de poisson.
Les prélèvements se concentreront sur des produits proches de leur date de durabilité minimale, fabriqués ou stockés dans des environnements relativement chauds, car ils sont les plus susceptibles de contenir des Moh. Ceci laisse penser qu’ils auront lieu plutôt en bout de chaîne.
Afin d’harmoniser les méthodes d’échantillonnage et d’analyse dans l’Union européenne, la Commission européenne suggère aux États membres de coopérer avec le laboratoire européen de référence pour les matériaux en contact avec les aliments – qui est en Italie. Ce laboratoire est aussi indiqué pour développer les techniques de différenciation des Mosh et des Moah et l’interprétation des analyses, auxquelles les États membres porteront « une attention particulière ». L’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) doit pouvoir disposer des données de cette surveillance le 1er octobre 2017 et l’année suivante, à la même date.
La question réglementaire a été posée
En novembre 2015, répondant à une alerte de l’ONG Foodwatch, le sénateur Olivier Cigolotti a posé une question écrite à la ministre des Affaires sociales et de la Santé sur les dispositions du gouvernement à protéger les consommateurs des huiles minérales nocives par la voie réglementaire. Il a suggéré d’imposer une « barrière fonctionnelle » dans les emballages alimentaires à base de papier. C’est le ministère de l’Environnement qui a répondu le 17 mars 2016. Parmi les diverses sources de contamination possibles, il évoque les colles et « la présence de polluants dans les fibres utilisées pour la fabrication des emballages », sans mentionner nommément les papiers et cartons recyclés. Il informe que l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a été saisie du sujet en 2015. Renseignement pris à l’Anses, un avis doit paraître au second trimestre 2017.