Boyaux, lapin... La Chine revient
Boyaux de porc et de mouton, viande de lapin congelée, crevettes décortiquées… tous ces produits venant de Chine voient s’ouvrir grand les portes de l’Union européenne grâce à la décision du 26 août de la Commission européenne (L279, JOUE du 28-08-04). À la différence de l’ancien système de contrôle sanitaire effectué au dédouanement, c’est désormais aux autorités chinoises d’intervenir systématiquement sur chaque lot, préalablement à son transport, afin de détecter la présence de résidus de médicaments vétérinaires (en particulier chloramphénicol et nitrofurane). Aucun lot ne débarquera en Europe sans sa déclaration de contrôle officiel incluant les résultats analytiques.
La décision européenne repose sur les nouvelles garanties données par l’autorité chinoise compétente, les conclusions probantes d’une « nouvelle visite d’inspection en Chine » et les « résultats favorables des contrôles effectués par les Etats membres ».
L’importation de boyaux s’était vue sensiblement freinée dès janvier 2002, quand les contrôles européens avaient été renforcés, jusqu’à concerner un lot sur cinq l’an dernier. Pour la viande de lapin, un embargo était tombé en 2002, qui ne laissait filtrer que les denrées extrêmement contrôlées. Le marché européen, qui s’était nourri de 15 000 tonnes en 2001, a été sevré en l’espace de deux mois.
Ces produits seraient-ils soudainement devenus sains ? Les services vétérinaires français ne cachent pas leur suspicion. Euro Wild, importateur français de lapin congelé (2 000 tonnes avant l’embargo), aussi bien que la Chambre syndicale de la boyauderie française, comptent néanmoins sur des vérifications de l’autorité européenne. Avec le risque, craint le président de la Boyauderie, Philippe Grojean, d’un bannissement si des résidus étaient encore retrouvés. Les expéditeurs chinois aussi, doivent se méfier. Ils vont y regarder par deux fois avant de charger une marchandise. Avec d’autant plus d’acuité qu’ils encourent les frais d’un éventuel retour à l’envoyeur. Si les importations reprennent, le retour du premier pays producteur mondial de viande de lapin et de boyaux de porcs devrait assouplir les prix.