Alimentation animale
Avancées sur l’autonomie protéique des élevages
Les acteurs des Régions Bretagne et Pays de la Loire ont travaillé durant cinq années dans le cadre du programme SOS Protein. Une dynamique sur les alternatives au soja importé s’est mise en route.
Au cœur du premier bassin d’élevage français, la Bretagne et les Pays de la Loire voient les deux tiers du chiffre d’affaires de leur filière agricole concentrés sur les filières animales. La question de la dépendance des éleveurs au soja importé d’Amérique y est d’autant plus cruciale. Dès 2012, le colloque « Vers une autonomie protéique en alimentation animale pour la Bretagne et les Pays de la Loire ? » avait préparé les esprits. Les deux conseils régionaux ont souhaité aller plus loin en confiant aux pôles de compétitivité Vegepolys Valley et Valorial le soin d’animer et de coordonner un plan d’actions collectif. Lancé en 2016, le programme SOS Protein (pour Sustain Our Self Sufficiency Protein Research to Overcome the Trend of European Import Needs) a mobilisé sur cinq années soixante partenaires et 8,5 millions d’euros, en partie apportés par le Feader.
Ce programme de recherche et d’expérimentation visait un double objectif : étudier la faisabilité locale des alternatives au tourteau de soja, et développer les compétences des acteurs du territoire pour renforcer l’indépendance protéique des élevages de l’Ouest.
Les leviers sont multiples
Un large tour d’horizon de ces acteurs (éleveurs, centres techniques, instituts de recherche, entreprises de l’alimentation animales, coopératives…) a permis aux pôles de mesurer que « sur un sujet aussi complexe, les leviers sont multiples, les solutions adaptées à chaque filière », rapporte Stéphan Rouverand, chef de projets au sein de Valorial.
Quatre axes de recherche
Est apparu concrètement « le manque de références techniques pour sécuriser les itinéraires de production de matières alternatives au soja produites localement et faciliter leur intégration dans la ration par les éleveurs », poursuit-il. Quatre axes de recherche ont été ciblés. Prograilive s’est focalisé sur la production de protéagineux à graines, pois, lupin et féverole. Face à des rendements aléatoires, la culture en mélange avec des céréales, déjà pratiquée sur des exploitations, est apparue comme une solution prometteuse. Le projet 4Ageprod s’est attaché à la production de protéines végétales sous forme de fourrages, à travers l’optimisation de la culture de la luzerne, des associations ou encore la valorisation de prairies riches en protéines.
Côté zootechnie, DY+ a travaillé sur l’optimisation de la digestibilité des protéines contenues dans les aliments du bétail et in fine leur diminution dans les rations. La trituration des graines par différentes technologies ou encore des compléments en acides aminés ont retenu l’attention d’industriels du secteur, dont certains ont développé dans la foulée de nouveaux produits. Le quatrième projet, Terunic, visait à apporter une approche systémique de la problématique à l’échelon de l’exploitation, du territoire et des filières.
Tirant un bilan de SOS Protein, Marie-Pierre Cassagnes, responsable unité recherche précompétitive à Vegepolys Valley, estime que « faire travailler conjointement autant de partenaires sur ce sujet-là, avec leur vision, était un vrai pari. On a pris une belle longueur d’avance dans l’Ouest. » Une dynamique qui va trouver un relais avec les soutiens financiers du plan protéines végétales de France Relance.
Devautop, un outil pour le diagnostic
Plus de 90 % des partenaires associés au programme SOS Portein ont indiqué vouloir poursuivre les travaux, notamment à travers l’utilisation de l’outil de diagnostic Devautop. Créé dans le projet Terunic, il calcule de façon simple l’autonomie protéique à l’échelle de l’exploitation. Devautop fournit rapidement trois indicateurs : l’autonomie protéique de l’élevage, la quantité de production autonome et la surface mobilisée pour produire 100 000 litres de lait ou 1 tonne de viande. Après ce diagnostic, l’outil permet d’évaluer l’optimisation du système et l’incidence de plusieurs leviers avant d’engager des changements. Devautop est disponible pour les élevages bovins lait, bovins viande, ovins, caprins et porcins.