Approvisionnement
Appels à améliorer notre souveraineté alimentaire
Le monde agricole souhaite que le France relocalise sa production alimentaire et ait moins recours à l’importation de produits susceptibles d’être fabriqués dans le pays. Chacun est appelé à faire des efforts pour absorber le surcoût, notamment la distribution mais aussi les consommateurs.
Le monde agricole souhaite que le France relocalise sa production alimentaire et ait moins recours à l’importation de produits susceptibles d’être fabriqués dans le pays. Chacun est appelé à faire des efforts pour absorber le surcoût, notamment la distribution mais aussi les consommateurs.
La FNSEA a lancé un message clair fin avril : la France doit « rebâtir une souveraineté alimentaire », alors que le pays a externalisé jusqu’à un tiers de la production de certains biens de première nécessité. Le syndicat majoritaire agricole met en avant la dépendance grandissante de la France en produits agroalimentaires, notamment sur les fruits et légumes.
« Nous sommes incapables de fournir tout ce que les Français consomment en produits alimentaires. Sur les vingt dernières années, la population a augmenté de 11 %, mais la production agricole a stagné », précise Arnold Puech d’Alissac, président de la FRSEA Normandie. « Lorsque les Français consomment 120 000 tonnes de fraises, nous ne sommes capables d’en fournir que 30 000 tonnes », illustre Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, lors d’un point presse le 6 mai. Cependant, « 80 % des produits alimentaires consommés en France y sont fabriqués », tempère Catherine Chapalain, directrice générale de l’Ania, lors d’un webinaire le 5 mai.
Ce n’est pas la fin de la mondialisation
Les opérateurs de l’agriculture française jugent toutefois que souveraineté ne rime pas avec repli sur soi ni arrêt du commerce à l’échelle mondiale. « Ce n’est pas la fin de la mondialisation, mais il faut la penser autrement », souligne Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA. « Nous restons ouverts, nous avons besoin de l’Europe, mais devons réduire les distorsions internes de concurrence », ajoute Christiane Lambert. « La politique pourrait imposer des contraintes aux entreprises qui font du dumping », confie Dominique Amirault, président de la Feef. La FNSEA insiste sur l’importance de produire toutes les gammes, pas seulement produire de la qualité et d’importer de la première gamme, « comme ce qui se fait dans la filière viticole », selon Christiane Lambert.
La demande en volaille française de proximité a considérablement augmenté
Avec la crise actuelle, de nombreuses productions françaises connaissent de rudes difficultés, comme les filières veau, chevreau, canard à rôtir, fromage AOP, pomme de terre, bière, vin, etc. Les acteurs de l’agroalimentaire saluent les efforts de la distribution pour mettre en avant des produits français comme l’agneau, les fraises et les asperges.
La volaille française est elle aussi revenue sur le devant de la scène à la suite de la chute des importations de poulets en provenance d’Europe de l’Est, d’Amérique latine ou d’Ukraine. « La demande en volaille française de proximité a considérablement augmenté, permettant la réaffectation de produits destinés au préalable à la restauration », témoigne Roland Tonarelli, directeur général de Société bretonne de volaille (SBV) dans une note publiée sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, la FNSEA appelle les responsables de la restauration collective à privilégier des approvisionnements français lors de sa réouverture.
Des efforts à tous les niveaux
« Nous savons que l’aval des filières se sert des produits importés pour tirer les prix des produits vers le bas », s’indigne Arnold Puech d’Alissac. Certains acteurs des filières agroalimentaires appellent la distribution à une meilleure valorisation des produits français. « Augmenter les approvisionnements français passe forcément par une revalorisation, car le coût de la main-d’œuvre en France est élevé », explique Thierry Dubois, président du Syndicat des fabricants de végétaux frais prêts à l’emploi (SFPAE).
« Tout a son prix. On ne peut pas produire de la qualité pour peu cher, c’est un discours que je trouve malhonnête. Les approvisionnements plus chers doivent pouvoir être répercutés sur les tarifs, la distribution doit l’accepter », indique Dominique Amirault. « Nous cherchons à ce que les surcoûts soient raisonnables, mais nous avons besoin des consommateurs. L’effort à faire n’est pas inaccessible, comme en témoigne le succès de C’est qui le patron ?! », pense Thierry Dubois.
L’ensemble de l’agroalimentaire redoute toutefois que le regain d’intérêt pour la production française ne soit qu’un « feu de paille, selon Roland Tonarelli, et que l’amnésie collective ait raison de ces bonnes résolutions », sitôt la reprise des importations.