Sécurité Sanitaire
Affaire Lactalis : défaillances et pistes de réflexion
La commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée nationale a commencé ses auditions le 14 mai dernier pour tenter de déceler les responsabilités des acteurs dans l’affaire Lactalis. Les autocontrôles et la visibilité des codes sur les produits sont en questions.
Des représentants des industriels laitiers privés et de la grande distribution ont été auditionnés le 14 et 16 mai dernier par la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée nationale. Elle est chargée de tirer les enseignements de l’affaire Lactalis et d’étudier à cet effet les dysfonctionnements des systèmes de contrôle et d’information, de la production à la distribution, et l’effectivité des décisions publiques.
Concernant l’efficacité des autocontrôles réalisés par les industriels et remis en cause par cette affaire de salmonellose dans l’alimentation infantile, Robert Brzusczak, président de la Fédération nationale des industriels laitiers (Fnil), a rappelé que l’obligation de transmettre à l’administration publique les résultats négatifs des autocontrôles se limitait pour l’heure aux produits. « C’est aux entreprises de gérer les autocontrôles et d’en assurer la maîtrise. Aujourd’hui, nous ne transmettons à l’administration les résultats que quand il y a un risque sur le produit. Ceci étant, l’affaire Lactalis fait évoluer les pratiques. Certains de nos adhérents commencent à avoir tendance à anticiper et informer l’administration des problèmes qu’ils rencontrent au-delà du produit pour renforcer les relations avec cette même administration », a-t-il déclaré dans son audition à l'Assemblée nationale.
Les codes sont-ils suffisamment lisibles sur les emballages ?
Du côté de la distribution, les dirigeants d’Auchan et des centres E.Leclerc ont été auditionnés le 16 mai dernier. Michel-Édouard Leclerc a reconnu des « défaillances à tous les niveaux de la chaîne ». « Mais les défaillances ne viennent pas du système d’information, mais plutôt du caractère opérationnel », a-t-il ajouté lors de son audition. Raison évoquée pour expliquer les défaillances dans les rappels, la visibilité des numéros de lots sur les emballages. Avec démonstration de produits à l’appui, Aristide Luneau, conseillé pour E.Leclerc, a évoqué la difficulté de trouver les bonnes informations sur les emballages de produit pour les équipes en magasin.
Les choses n’ont pas été claires dès le début
De son côté, Régis Degelcke, président du conseil d’administration d’Auchan Retail, s’attaque davantage au groupe Lactalis et à sa manière de communiquer. « Les choses n’ont pas été claires dès le début. Et si l’ensemble des pharmaciens, des hôpitaux ont eu ce problème-là, c’est que l’information n’était pas claire ». Il a également rappelé que depuis il généralisait dans ses magasins le blocage en caisse de produits qui font l’objet d’un rappel. Parmi les pistes de réflexion, commercialiser le lait infantile comme s’il s’agissait d’un médicament a été évoqué.
Le PDG de Lactalis auditionné le 7 juin prochain
Emmanuel Besnier, PDG du groupe Lactalis, sera auditionné le 7 juin prochain par la commission d’enquête parlementaire. Il devait l’être initialement le 23 mai, mais en cours d’audition le 15 mai, Christian Hutin, le président de la commission d’enquête a fait part de ce changement d’agenda du PDG du groupe laitier. La commission d’enquête devait également auditionner Jacques Creyssel, délégué général de la FCD le 22 mai à 18 h 30, ainsi qu’Émilie Tafournel, directrice qualité, et Cécile Rognoni, directrice affaires publiques de la FCD. Ce sera au tour de Thierry Cotillard, président d’Intermarché, le 23 mai, puis de Paul Toulouse, président d’Eurofins Laboratoires de microbiologie Ouest, et Nicolas Karam, directeur général de microbiologie France, et enfin des différents comités techniques syndicats de la DGCCRF le 24 mai.