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Ingrédient carné
Actimeat se dévoile

La société Actimeat, anciennement Gel Alpes, finalise un investissement de 11 millions d’euros dans une nouvelle usine. Totalement opérationnelle en mars 2019, elle doit permettre à l’entreprise de concrétiser ses ambitions à l’international. Témoignage exclusif. 

Entre Aix-en-Provence et Sisteron, à Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence, la future usine d’Actimeat est sur le point d’être finalisée. D’une superficie de 4 000 m², cette nouvelle usine projette l’entreprise Actimeat dans une nouvelle dimension. Un investissement de 11 millions d’euros aura été nécessaire pour la construire, transférer le matériel et l’équiper d’une nouvelle ligne de cuisson. Le bâtiment a été réceptionné le 6 novembre dernier et la nouvelle ligne de cuisson mise en route pour commercialiser les premiers produits en ce mois de décembre. Mais l’usine sera complètement opérationnelle au mois de mars 2019, le temps de transférer les actuelles lignes de production de l’ancien site sur le nouveau. Avec ce nouvel outil, Actimeat double sa capacité de production à 15 000 tonnes de produits carnés crus et cuits, contre 7 500 tonnes jusqu’à présent.

Une année 2013 difficile à passer

Prise dans la tourmente du scandale de la viande de cheval dans les lasagnes, Actimeat, anciennement Gel Alpes, revient de loin. Quand Stéphane Maloisel, fondateur de la société Les Repas Santé (cédée à Nutrisens en 2014), arrive en 2011 en tant qu’actionnaire de l’entreprise Gel Alpes, elle double son chiffre d’affaires en dix-huit mois grâce à la mise au point d’un système de cuisson de la viande.

Nous avons installé le procédé des Repas Santé chez Gel Alpes

L’entreprise habituée aux ingrédients crus développe ce procédé qui permet de conserver son moelleux tout en lui garantissant une résistance dans le processus industriel. Le succès commercial semble alors au rendez-vous. « La conception initiale a été réalisée au sein de la société Les Repas Santé puis nous avons installé le procédé chez Gel Alpes. C’est un procédé spécifique de cuisson en continu suivi d’un refroidissement lent d’environ trente minutes. Ce processus particulier évite le dessèchement de la viande », explique Stéphane Maloisel.

Les égrenés développés alors par Gel Alpes sont très résistants lors de l’industrialisation et restent très moelleux, fait valoir le président d’Actimeat. « Quand Panzani utilise comme argument marketing le moelleux de la viande, c’est grâce à nous », s’enorgueillit Stéphane Maloisel. A l’époque, la société avait alors une avancée technologique forte par rapport à ses concurrents.

La société a été victime d’une tromperie

Malheureusement pour elle, le scandale de la viande de cheval passe par là. « Nous commencions l’année sous les meilleurs auspices, quand arriva le 8 février 2013. La société a été victime d’une tromperie. En deux jours, nous avons perdu 50% de notre business », se souvient Stéphane Maloisel. En 2012, elle réalise un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros. Elle n’en réalisera plus que 14 millions d’euros un an plus tard.

Mise en procédure de sauvegarde, la société change de gouvernance et revoit la structure de son capital. Stéphane Maloisel devient alors président de Gel Alpes. Le changement de nom de l’entreprise se fera un peu plus tard en 2014. « Nous avons changé de nom plus tard, non pas en raison du scandale mais pour notre stratégie à l’export. Gel Alpes ne correspondait à rien à l’international », explique Stéphane Maloisel. Pour lui, l’innovation a permis à la société de résister. Et c’est sur sa capacité d’innovation que l’entreprise va s’appuyer pour réaliser ses ambitions de développement.

Une avancée technologique sur des ingrédients cuits

En peu de temps, Actimeat a augmenté la part de ses exportations à 30% grâce à ses clients grands comptes. La société va désormais également cibler les entreprises de tailles plus petites pour croître.

A l’occasion du Sial 2018, l’entreprise présentait un nouvel outil, innovant pour le monde de la viande. Elle lançait son premier site e-commerce dédié aux TPE et PME du secteur. « Cela peut sembler avant-gardiste dans l’agroalimentaire mais aujourd’hui, huit acheteurs B2B sur 10 commencent leur recherche via Google et plus de la moitié effectue ses achats sur Internet, alors pourquoi pas dans notre secteur ? Qui plus est, ce marché représente un potentiel de 15 000 clients à travers toute l’Europe », souligne Stéphane Maloisel. Grâce à ce site, l’entreprise veut s’ouvrir aux petites entreprises européennes qui souhaitent avoir accès « à l’offre des « très grands » avec des produits surgelés adaptés par applications métiers ». Actimeat a basé ses trente ans d’expérience sur le sur-mesure pour les grands groupes agroalimentaires des plats cuisinés, des sauces, des pizzas, des pâtes farcies ou encore des soupes. L’entreprise cherche désormais à mettre son savoir-faire à disposition des sociétés européennes de plus petites tailles.

Nous misons sur le cuit et l’élaboré 

« Nous visons 25% de notre chiffre d’affaires sur cette nouvelle cible d’ici à trois ans », affiche Stéphane Maloisel, « nous avons déjà quelque nouveaux contacts en Europe, qui démarrent bien ». Et si ces ingrédients crus représentaient encore 35 à 40% de son activité en 2017, le président espère petit à petit que les ingrédients cuits, élaborés et végétaux prennent le pas. « Nous gardons un peu de cru car certains clients en ont besoin mais à terme, nous misons sur le cuit et l’élaboré », confie-t-il.

Des ingrédients végétaux en test chez des industriels

La nouvelle ligne de cuisson installée au sein de son usine flambant neuve va lui permettre d’augmenter ses capacités et d’améliorer encore son process. « Nous sommes peu nombreux à faire des ingrédients cuits. On a fait appel à plusieurs équipementiers pour constituer cette nouvelle ligne. Cela nous donne au moins sept ans d’avance en termes de recherche et développement », note Stéphane Maloisel. Le végétal fait également partie de la stratégie de l’entreprise, qui a déjà développé un certain nombre d’ingrédients, dont le consommateur pourra voir prochainement l’application.

Nous voulons être le fournisseur de toutes les protéines

« Ces ingrédients végétaux ne ressemblent pas à la viande et n'ont pas le goût de la viande. On a développé d’autres types d’ingrédients végétaux depuis un an. Nous les commercialisons déjà chez certains de nos clients, qui réalisent encore les tests industriels. Leurs produits finaux ne sont pas encore dans le commerce », détaille Stéphane Maloisel. En proposant ce type de produits, Actimeat vise les flexitariens. « Nous voulons être le fournisseur de toutes les protéines pour les industriels de l’agroalimentaire », conclut le président. 

Objectif : 50 millions d'euros en 2020

ActiMeat doit finir l’année 2018 avec un chiffre d’affaires de 28 millions d’euros. L’investissement réalisé dans sa nouvelle usine devrait lui permettre d’atteindre 50 millions d’euros en 2020. Et le président prévoit d’ores et déjà une seconde phase de travaux dans l’extension de ses ateliers de 3 000 m2 d’une capacité complémentaire de 10 000 tonnes. Car si pour le moment, Actimeat va conserver ses deux sites de production à Manosque, l’ancien servant principalement de stockage de matières premières, l’objectif de l’entreprise est bel et bien de regrouper à terme toutes ses activités sur un seul et même site.

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