A quoi ressemblera l’Europe laitière dans 10 ans ?
Une filière laitière plus durable, qui produit moins mais pour plus de valeur ajoutée grâce à la segmentation, voilà la projection de la Commission à l’horizon 2035. Les éleveurs laitiers devraient bénéficier de prix du lait élevés grâce à une bonne demande notamment sur la matière grasse. La consommation va évoluer, et les fabrications vont donc suivre.
Une filière laitière plus durable, qui produit moins mais pour plus de valeur ajoutée grâce à la segmentation, voilà la projection de la Commission à l’horizon 2035. Les éleveurs laitiers devraient bénéficier de prix du lait élevés grâce à une bonne demande notamment sur la matière grasse. La consommation va évoluer, et les fabrications vont donc suivre.
La collecte laitière de l’UE a progressé régulièrement sur la décennie écoulée, avec un taux de croissance moyen de 0,9 % par an, avec une hausse des rendements de 1,9 % chaque année qui compensait la baisse moyenne de 0,9 % du nombre de vaches.
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La hausse des rendements laitiers ne va plus compenser la baisse du cheptel
Mais si les rendements laitiers sont encore attendus en progression sur la décennie à venir (+0,9 % par an), selon les projections de la Commission européenne sur la période 2024-2035, ce gain ne sera plus suffisant pour compenser le recul du cheptel chiffré à -1 % par an. Ainsi, en 2035, les effectifs de vaches laitières pourraient être 11 % sous leur niveau de la moyenne 2022-2024.
En 2035, les effectifs de vaches laitières pourraient être 11 % sous leur niveau de la moyenne 2022-2024.
Sur la décennie qui vient, la collecte laitière pourrait baisser de 0,2 % dans l’Union. Les disponibilités en matières sèches du lait devraient reculer de 1 %, que ce soit en matière grasse ou protéique.
2014-2025 | 2024-2035 | |
Collecte laitière | +0,9 % | -0,2 % |
Rendements | +1,9 % | +0,9 % |
Vaches | -0,9 % | -1 % |
La Commission peine à quantifier l’impact du changement climatique sur les rendements, évoquant le stress thermique sur les animaux et l’impact sur les prairies, mais les implications pourraient être très variées selon les endroits.
Un potentiel de croissance à l’est
On note tout de même quelques divergences entre les pays qui ont déjà atteints leurs gains de productivité et font face maintenant à des objectifs environnementaux ambitieux (Pays-Bas, Belgique, Danemark) et ceux qui ont encore de la réserve, notamment les pays de l’Est comme la Pologne.
Une segmentation qui permet de gagner en valeur
Pour la Commission européenne, le mouvement vers une agriculture plus durable va se traduire certes par une baisse des volumes de lait, mais par une hausse de la valeur, grâce à une segmentation plus fine, que ce soit par le bio ou les signes de qualité.
Des prix du lait élevés
Les prix du lait payés à l’éleveur communautaire devraient rester au-dessus de leurs niveaux d’avant 2020 mais sous leur pic de 2021-2022. Les prix du beurre devraient redescendre de leurs sommets actuels mais ceux du fromage se raffermir. Une légère fermeté est attendue en poudre de lait écrémé et une stabilité en en poudre de lactosérum.
Les prix du lait devraient rester au-dessus de leurs niveaux d’avant 2020 mais sous leur pic de 2021-2022.
L’Union européenne garde sa position sur le marché mondial
La production laitière est attendue en croissance dans le monde sur les 10 prochaines années, tirée notamment par le Maghreb, l’Inde, quelques pays d’Asie du Sud-Est et le Pakistan. Mais ces surplus seront destinés à alimenter une demande locale en croissance et les échanges mondiaux ne vont pas faiblir, même si la croissance des échanges mondiaux est attendue ralentie (+1,3 % par an contre +1,7 % pour la décennie précédente).
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Fromage, beurre et lactosérum toujours demandés
En poudre de lait écrémé, les perspectives sont prudentes car la demande soutenue en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans les pays d’Asie du Sud-Est ne devait pas compenser le retrait chinois. En revanche, les exportations de fromage, de lactosérum et de beurre pourraient croître à un rythme similaire à celui de la dernière décennie (+1,3 %, +1,4 % et +0,7 % de croissance annuelle des exportations mondiales). Le profil des exportations de produits laitiers de l'UE s'adaptera probablement à ces évolutions du marché en se tournant vers des produits à plus forte valeur ajoutée.
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Les laiteries européennes fabriqueront plus de fromages
Pour s’adapter à l’évolution de la demande intérieure et sur le marché mondial, les industriels laitiers européens devraient fabriquer davantage de fromage, qui absorbera 46 % de la matière sèche du lait dans 10 ans contre 44 % en moyenne sur la période 2022-2024. La production de lactosérum augmentera en rapport. Les fabrications de beurre augmenteront de manière limitée (+0,3 % par an) et celles de poudre de lait écrémé rester stables tandis qu’un retrait (-0,9 % par an) est attendu sur la poudre grasse faute de compétitivité sur la scène internationale. Enfin les fabrications de lait de consommation vont continuer à baisser comme la demande.
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La consommation européenne va résister
La consommation européenne de produits laitiers par habitant devrait progresser dans la décennie qui vient, mais de manière contrastée. La Commission s’attend à une demande dynamique pour les produits avec moins de matières grasses, enrichis en vitamines et minéraux, délactosés mais aussi les produits fonctionnels, destinés à des populations spécifiques (sportifs, seniors…). Même si la demande pour les alternatives végétales aux produits laitiers est attendue en croissance, elle ne devrait pas faire de l’ombre aux originaux.
La consommation de fromage va progresser
La consommation de fromage va progresser, et de manière plus modérée celle de crème, tandis que la stabilité est attendue en yaourt et en beurre. La demande mondiale en produits dérivés du lactosérum est attendue robuste que ce soit en Europe ou sur le marché mondial.
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