2012 : un tournant à anticiper
Coproduits peu valorisés de la production d’œufs et de poulets, les poules de réforme retrouvent une place dans les linéaires pendant l’hiver. Mais leurs débouchés principaux restent l’industrie agroalimentaire et l’exportation.
Le rêve d’Henry IV — que, chaque dimanche, les Français puissent déguster une poule au pot — a fait long feu. Ces plats mijotés tombent un peu en désuétude, et même si en hiver, la demande des ménages se redresse, la consommation intérieure ne pourrait jamais absorber toutes les réformes, estimées à 48 767 tonnes d’après Agreste. Les carcasses partent donc vers l’industrie agroalimentaire (bouillons, consommés de volailles, plats cuisinés) et à l’export. Traditionellement, le partenaire commercial principal est l’Afrique de l’Ouest, mais on a pu noter un ralentissement récent des expéditions. La crise a pénalisé le commerce international, et la consommation intérieure de ces pays peine à reprendre, alors même que leurs stocks seraient considérables. De plus, la concurrence des autres pays européens sur ce marché n’est pas négligeable. Alors que certains opérateurs africains et des organisations politiques dénoncent les conséquences de ces exportations à bas prix (distorsion de concurrence ayant mené à la disparition de la filière locale et risques sanitaires dus aux ruptures de la chaîne du froid), quelques professionnels français s’inquiétent pour l’avenir de ce débouché. Pourtant l’existence d’un marché extérieur tout au long de l’année est primordiale au vu de la saisonnalité de la demande française.
Les cours des poules de réforme subissent en effet de fortes variations saisonnières. Si la moyenne du prix de la poule de batterie bretonne — région la plus productrice d’œufs — est de 138 euros la tonne en 2009, les cours s’élèvent en réalité à 105 euros la tonne l’été contre 170 l’hiver. Ces variations sont encore plus marquées pour les poules de reproduction : 150 euros la tonne en été contre 725 en hiver.
Quels seront les impacts de la réforme de 2012 ?
En 2012, l’échéance donnée par la directive européenne de 1999 visant à interdire les cages (81,3 % des poules y étaient élevées en 2008) sera atteinte.
Les mises en place de poules suivent une tendance de fond orientée à la baisse : depuis 1999, les abattages ont chuté de près de 13 %. En 2009 et 2010 les prévisions étaient réorientées à la hausse. Cependant, par la suite le nombre de poules dépendra du choix du futur mode d’élevage par les producteurs. Quatre orientations sont possibles, selon les exigences environnementales, de sécurité sanitaire ou de prix des consommateurs : les volières, l’élevage au sol, en plein air ou biologique. Il est de plus probable que les éleveurs tenteront de se tourner vers des poules à plus long cycle de ponte. Tout concourrerait donc vers un tassement de l’offre. Mais par ailleurs, des études menées actuellement par l’Itavi pressentent que le mode d’élevage pourrait avoir un effet sur les caractéristiques de la viande. Ce sera donc peut-être pour les abattoirs et les professionnels l’occasion de trouver d’autres débouchés sur le marché intérieur, permettant une meilleure valorisation des poules.