Cheptel bovin : 3 arguments d’Agriculture Stratégies en réponse à la Cour des comptes
Le dernier rapport de la Cour des comptes sur l’élevage bovin a agité la filière. Le Think tank Agriculture Stratégies y répond sur son site, regrettant un « empiètement qui fragilise l’activité économique et affecte l’équilibre social ».
Le dernier rapport de la Cour des comptes sur l’élevage bovin a agité la filière. Le Think tank Agriculture Stratégies y répond sur son site, regrettant un « empiètement qui fragilise l’activité économique et affecte l’équilibre social ».
La Cour des comptes a publié le 23 mai un rapport sur l’élevage bovin où il est notamment préconisé de baisser le cheptel français en lien avec la réduction des émissions de méthane. Jacques Carles, Président d’Agriculture Stratégies et Alessandra Kirsch, Directrice des études d’Agriculture Stratégies expliquent « Si ce rapport contient des éléments nécessaires à la réflexion globale, ses conclusions nous paraissent hâtives et bien éloignées des compétences et des attributions de la Cour des Comptes tout en ignorant totalement les conséquences de telles recommandations ». Leur argumentation met en lumière quelques points mal intégrés par les experts de la Cour des comptes.
Une probable hausse des importations
Les auteurs estiment qu’il faut faire baisser le cheptel bovin pour être cohérent avec les objectifs de réduction des émissions de méthane de 30 % d’ici 2030, et que cette baisse peut être intégralement compensée par les évolutions de consommation des Français. Or la tendance actuelle est déjà à la décapitalisation et à la baisse de production (c’est le cas en lait comme en viande bovine). Et cette baisse est plus rapide que celle de la consommation, ce qui se traduit par une hausse des importations, « qui induit une perte de souveraineté alimentaire et un déplacement des émissions de gaz à effet de serre » critique Agriculture Stratégies. Autre impasse de la Cour des comptes, la composition des assiettes. Inciter à la consommation de volailles plutôt que de bovins est perçue comme un certain aveuglement par Agriculture Stratégies qui relève que « celles-ci sont moins émettrices de GES, mais les volailles ne valorisent pas les prairies et leur alimentation est en grande partie basée sur les céréales et le soja ; au contraire des bovins et des porcins, elles ont du mal à valoriser d’autres sources de protéines et 44% du tourteau de soja importé leur est destiné ».
Les bovins français bien moins pollueurs que les autres
Les rédacteurs du rapport notent que chaque vache en moins, ce sont des émissions de GES (gaz à effet de serre) qui diminuent. Mais « Il nous parait donc indispensable de rappeler ici que les émissions des vaches françaises sont parmi les plus faibles du monde » répondent Jacques Carles et Alessandra Kirsch. La production d’un kg de viande (poids vif) émet en moyenne 14,3 kg de CO2 eq, chiffre qui peut être réduit à 8,7 kg de CO2 eq si l’on prend en compte un stockage de carbone dans les sols associés à la production de viande, d’après les calculs de l’idele. La moyenne mondiale est à 27 kg. Même calcul pour le lait. Jacques Carles et Alessandra Kirsch rappellent tous les efforts des filières viande et lait, que ce soit en génétique et nutrition animale. En conséquence la baisse du cheptel conduirait à une hausse des émissions globales si l’on tient compte des importations, ce qui n’est pas le cas un mode de calcul de la Cour des comptes, qui se fait tacler « Cette myopie de l’analyse de la Cour des Comptes focalisée sur un bilan doublement partiel : non prise en compte des externalités positives et déséquilibre accru des émissions de GES dû à une augmentation des importations démontrent bien que sortir de son champ de compétences pour être dans l’air du temps est un exercice périlleux pour ne pas dire fantasque ».
Il faut continuer d’aider l’élevage bovin
C’est un point très souvent oublié des détracteurs de l’élevage et très peu évoqué dans le rapport de la Cour des comptes, « il nous faut rappeler un point important ignoré des auteurs de ce rapport : toutes les surfaces valorisées par les ruminants ne sont pas convertibles en cultures », rappellent Jacques Carles et Alessandra Kirsch. Les friches se multiplieraient, sans compter que pour maintenir un tissu industriel autour du lait et de la viande, il faut une densité suffisante d’élevage.