La GMS surmarge-t-elle le bio ?
Les consommateurs se sont détournés des produits biologiques pendant la crise inflationniste. Trop cher, le bio ? Est-ce de la faute de la GMS qui gonflerait les marges ? Une note des chambres d’agriculture décortique le sujet.
Les consommateurs se sont détournés des produits biologiques pendant la crise inflationniste. Trop cher, le bio ? Est-ce de la faute de la GMS qui gonflerait les marges ? Une note des chambres d’agriculture décortique le sujet.
La distribution surmarge-t-elle les produits biologiques ? C’est le titre d’une note publiée par les Chambre d’Agriculture fin novembre.
Des marges brutes supérieures sur les fruits et légumes bio en GMS
Les marges sur les fruits et légumes bio sont calculées par l’Observatoire des prix et des marges (OFPM). « Pour la campagne 2023-2024, le prix des carottes bio en grande surface était 31% plus élevé que les carottes conventionnelles dans ce circuit, mais 8% moins cher que les carottes bio en magasin spécialisé » apprend-on. Pour les produits laitiers, l’OFPM ne permet pas de comparer de manière pertinente bio et conventionnel.
Des coûts supérieurs pour les GMS en bio
Les auteurs de la note ne crient pas à la surmarge pour autant. D’une part, les variétés achalandées ne sont pas toujours les mêmes dans les différents circuits. De l’autre, même si les marges brutes sont supérieures, rien n’indique que c’est le cas des marges nettes. Les GMS doivent ainsi emballer différemment les produits bio afin d’éviter les échanges avec des produits conventionnels. Enfin, surtout dans le cas des fruits et légumes, la stratégie marketing n’est pas la même pour les magasins spécialisés et les GMS. Pour les premiers, les fruits et légumes sont des produits d’appel. C’est leur stratégie face à la crise du bio, quand les distributeurs n’ont eu qu’à réduire leur offre.
En viande bovine, le problème de l’équilibre carcasse
Pourquoi le steak haché bio coûte-t-il plus cher que le conventionnel, alors que « les coûts de production, pour une vache élevée à l’herbe, sont les mêmes en bio et en label » nous confiait le mois dernier Jean-Marie Roy, président de la coopérative Unebio. Un problème d’équilibre matière, répondent les chambres d’agriculture, rappelant que le bœuf bio « est valorisé à 80% sous forme de steak haché».
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Des coûts supplémentaires à tous les maillons
Si le surcoût de la production bio est établi pour l’agriculteur, les auteurs de la note rappellent que c’est aussi le cas pour les industriels : « Les unités de transformation mixtes (qui font du bio et du non bio) doivent supporter un coût supplémentaire de nettoyage entre la fabrication de produits conventionnels et bio. Les industries vont régulièrement jusqu’à déclasser les premiers produits bio fabriqués par mesure de précaution, ce qui représente un surcout ». Il faut aussi gérer des flux épars, des plus petits volumes et donc assumer des surcoûts logistiques.
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Manque de données comptables
La note de la Chambre d’agriculture le pointe du doigt, « une multitude de critères peuvent participer à expliquer des coûts plus élevés en bio, et le manque de données comptables rend souvent complexe l’expression d’une conclusion nette et précise ». Le suivi des prix des produits bio est relativement récent, « il faudrait attendre plusieurs années avant de faire émerger une grande tendance sur les marges de l’aval sur ces produits » concluent les auteurs de la note.