Volailles
Dans un contexte de surproduction, la filière dinde communique
Les industriels français de la volaille comptent plus que jamais sur la promotion de la dinde pour stimuler la consommation à domicile.
Les industriels français de la volaille comptent plus que jamais sur la promotion de la dinde pour stimuler la consommation à domicile.
À dessein de relancer la consommation française de viande de dinde ordinaire (pas la dinde festive), le Comité interprofessionnel de la dinde française (Cidef) a choisi de décliner la campagne européenne pour la volaille au profit de cette espèce. Cette campagne européenne a été lancée en juillet 2020 par l’Association européenne de la transformation et du commerce de volailles (Avec) grâce au financement de l’UE. Elle vante la durabilité de volaille de chair européenne et invite au plaisir de consommer.
Des affiches et autres supports imprimés sont publiés, et des animations seront financées jusqu’à la fin de l’année 2021. La campagne française s’intitule « C’est de la dinde ! ». Elle promeut une viande de « traçabilité 100 % française ». Le jeune cuisinier Mallory Gabsi (distingué à l’émission Top Chef) défendra cette viande différente du poulet. Selon lui, « les Français méconnaissent les atouts de la dinde ». Celle-ci, encore moins calorique que le poulet, est davantage protéique. Il montrera comment cuisiner simplement la cuisse, le filet, source de phosphore, et encore le tendre sot-l’y-laisse.
4,8 kg consommés par habitant
La France produit plus de dinde qu’elle n’en consomme. Le taux d’autosuffisance pour cette espèce était de 111 % en 2019 (selon l’Itavi, d’après SSP et les douanes), contre 88 % pour le poulet. Le rapport 2020 de l’Avec montre que la production et la consommation françaises de dindes étaient à leur sommet en 2016 (382 000 tec pour 4,8 kg par habitant) et qu’elles ont décru depuis (en 2019 : 327 000 tec pour 4,4 kg/hab). La part de la dinde dans l’aviculture française reste considérable : 19 % en tonnage, selon le dépliant de la campagne promotionnelle.
Depuis 2016, la production et la consommation ont évolué en Europe. Le rapport 2020 de l’Avec montre que la production allemande a diminué de 2016 à 2019, jusqu’à 378 000 tec. Mais il s’agit de la production en vif, car les abattages sont bien supérieurs. L’Allemagne fait en effet produire une partie de ses dindes en Pologne. La production nette a été de 474 400 tonnes en 2019, selon Meg (Marktinfo Eier & Geflügel). Les Allemands consomment moins de dinde qu’en 2016, mais restent au-dessus des Français avec 5,8 kg/hab. La Pologne, l’Espagne et le Royaume-Uni ont augmenté leur production.
La hausse des abattages des 8 premiers mois de 2020 en Pologne, en Espagne et en Italie (dans une moindre mesure en France) est la conséquence d’espoirs de consommation douchés par le coronavirus. Le Cidef explique par des stocks les prix polonais très attractifs.
Mises en place en recul
Mais la filière européenne fait face à une montée importante des matières premières. C’est en particulier le cas du tourteau de soja, encore plus consommé en élevage de dindes que de poulets. En septembre, l’Itavi mesure une hausse de 13,1 % du tourteau de soja (prix lissé sur 3 mois) par rapport à septembre 2019. Le bulletin Anvol du 30 novembre indique pour octobre des abattages plus bas de 6,5 %, des stocks (de rouge surtout) en hausse de 78 % et une consommation des ménages supérieure de 17 %.