Consommation
Le boom du bio pendant la pandémie perdurera-t-il ?
Valeur refuge pendant la crise sanitaire, le bio parviendra-t-il à conserver son élan avec la crise économique qui se profile ? En ces temps incertains, les professionnels devront s’adapter au marché et répondre aux attentes prix des consommateurs tout en garantissant les valeurs du bio.
Valeur refuge pendant la crise sanitaire, le bio parviendra-t-il à conserver son élan avec la crise économique qui se profile ? En ces temps incertains, les professionnels devront s’adapter au marché et répondre aux attentes prix des consommateurs tout en garantissant les valeurs du bio.
Pendant la pandémie, les produits biologiques ont été largement plébiscités par les consommateurs dans l’ensemble des circuits de distribution et semblent être promis à un bel avenir, mais la crise économique aura-t-elle raison de cette accélération ?
Avec des ventes qui ont explosé pour les fruits et légumes (+200 % à Naturalia) comme dans les rayons épicerie ou produits surgelés, la filière bio a recruté 8 % de consommateurs en plus pendant le confinement, estime l’Agence bio dans une étude (1). « La crise a été un accélérateur de tendance pour le bio comme pour le local ou le commerce équitable », expose Pierrick de Ronne, président de Natexbio, la fédération des transformateurs et des distributeurs bio.
La crise a été un accélérateur de tendance
Les magasins spécialisés ont enregistré des paniers moyens en nette hausse sur la période d'environ 55 %, pour 95 % des 933 professionnels interrogés par Bio Linéaires et Ecozept (2). La grande distribution n’est pas en reste avec une part du bio qui a globalement mieux fonctionné que les produits conventionnels pendant le confinement, d’après Nielsen qui indique une progression de 21,9% en valeur (hors vin).
Les raisons de cette performance sont multiples : si la qualité fut un facteur fort de réassurance pour les consommateurs, l’emballage des fruits et légumes, une large offre en commerce en ligne et l’effet magasin de proximité y ont aussi contribué.
Un ralentissement depuis le déconfinement
Depuis le déconfinement, le 11 mai, le rythme de consommation de produits biologiques s’est ralenti avec un poids quasi stable dans les produits de grande consommation (PGC) alimentaires par rapport à l’avant-crise (cf. graphique), constate l’Iri. Le déconfinement et le temps estival dynamisent, d’une part, des catégories de produits moins recherchées sous label AB (boissons alcoolisées, glaces) et, d’autre part, les paniers moyens reprennent progressivement leurs valeurs standards, constate Les Comptoirs de la bio. « L’enjeu aujourd’hui est d’accompagner les gens dans la transformation de leur mode de consommation tout en rendant le secteur bio accessible et garant d’un prix juste pour tous les acteurs », commente Philippe Bramedie, président fondateur du réseau de distribution.
Le vrac, rayon phare du bio, mais qui a souffert de la crise, devrait reprendre des couleurs avec des consommateurs qui retournent progressivement vers des produits non conditionnés, selon Carrefour.
La question du pouvoir d’achat
Si la pandémie a permis de remettre l’alimentation et la santé au cœur du débat public, la consommation de produits biologiques se heurtera prochainement à la question du pouvoir d’achat. Selon le baromètre annuel de Cofidis publié le 4 juin, 4 Français sur 10 déclarent que leur situation financière a été atteinte par les conséquences économiques de la crise et 60 % d’entre eux estiment que la situation va s’aggraver dans les mois à venir.
La guerre des prix ne doit pas se reporter sur le bio
La guerre des prix semble perdurer entre les enseignes de la grande distribution, mais celle-ci « ne doit pas se reporter sur les produits biologiques », estime Thierry Desouches, responsable relations extérieures de Coopérative U Enseigne. Une vision partagée par les distributeurs spécialisés : « la variable d’ajustement ne sera pas les producteurs. Le prix sera un sujet clé : parlons-en et parlons de la valeur qu’il y a derrière », commente Patrick de Ronne.
Si les effets de la crise restent encore incertains, le bio est un segment stratégique et constitue une tendance de fond. « La crise sanitaire n’a pas modifié notre cap, nous confirmons nos ambitions », expose Carrefour, qui aura d’ici à fin 2020 plus de 1 000 références de produits bios sous marques propres.
Organisé les 21 et 22 septembre 2020 à Lyon, le salon Natexpo sonnera les premières retrouvailles entre professionnels du secteur bio après la crise sanitaire, en présentiel comme en virtuel. Avec près de 700 exposants et 10 000 visiteurs attendus, il constituera un lieu d’échange clé pour anticiper les évolutions du marché et les attentes des consommateurs, bouleversées par la crise sanitaire.
(2) Enquête Bio Linéaires Ecozept/Natexpo et SynadisBio/données de 933 magasins collectées et analysées.