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Produits laitiers
La coopérative Terra Lacta développe ses marques régionales

Première coopérative laitière de Nouvelle-Aquitaine, Terra Lacta est entré dans une phase active d’investissement. Elle vient de racheter Fromacœur et va injecter 8 millions d’euros dans la construction d’une laiterie pour sa filiale Les Fayes, près de Limoges.

« La parole de Terra Lacta est rare », convient le président de la coopérative, Jean-Yves Restoux. C’est donc en raison d’une actualité chargée et d’une volonté de s’ouvrir davantage que la première coopérative laitière de Nouvelle-Aquitaine a convié la presse le 17 septembre à son siège social de Surgères (Charente-Maritime). Le président était accompagné du nouveau directeur général, Daniel Chevreul, arrivé en avril 2021. Ce dernier œuvre depuis 32 ans dans la filière laitière. Il était depuis 2007 le directeur général approvisionnements laitiers de Savencia qui est également le partenaire principal de Terra Lacta.

Né en 2012 de la fusion des quatre coopératives constitutives du Glac, Terra Lacta a connu un dernier exercice satisfaisant, avec un chiffre d’affaires de 440 millions d’euros pour un résultat net consolidé de 1,82 million. La coopérative couvre dix-huit départements et compte 1 515 adhérents, dont 1 054 exploitations de lait de vache et 461 de lait de chèvre, pour une production de 706 millions de litres en 2020. Une des particularités de la coopérative laitière est de s’appuyer sur des partenariats forts. Ainsi, 80 % du lait collecté par Terra Lacta est commercialisé à Savencia. La coopérative détient 49 % du capital, et Savencia 51 %, des Fromageries Lescure (marques Saint-Loup, Chavroux…).

Sur le lait UHT en MDD, Terra Lacta a noué des partenariats avec d’autres coopératives pour la commercialisation du lait transformé par ses filiales SLVA (Société laitière des volcans d’Auvergne) et LMA (Laiterie des montagnes d’Auzances).

Capacité de production doublée pour Les Fayes

À côté de ces partenariats, la coopérative a entrepris un développement de ses marques régionales. Au nombre de trois aujourd’hui, elles pèsent environ 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. La dernière née, Le Petit Auvergnat, a été lancée cette année avec un lait UHT produit par SLVA et du beurre produit par LMA. La Laiterie Les Fayes, située à Isle (Haute-Vienne), voit de son côté ses ventes de fromage blanc, crème fraîche et faisselle progresser fortement depuis plusieurs années. Vieillissant et enclavé, son outil va être transféré.

Une nouvelle laiterie doit voir le jour à l’automne 2023 dans la région de Limoges, pour un investissement de 8 millions d’euros. « Nous allons augmenter la capacité du site actuel de l’ordre de 50 % et la productivité », précise Jean-Yves Restoux. À Mareuil-sur-Lay-Dissais (Vendée), c’est à la renaissance d’une laiterie fermée en 2014 et de la marque Le Petit Vendéen que Terra Lacta s’est attelé. Une nouvelle filiale, baptisée La Manufacture du lait, a été créée en mode start-up et produit des yaourts en bio et en conventionnel pour la GMS locale et la RHD.

Des synergies à l’export avec Fromacœur

Terra Lacta a également saisi l’occasion d’une croissance externe, en rachetant le 6 septembre 2021 Fromacœur, société créée en 2001 à Ruffec (Charente) par Antoine et Valérie Sardin. Doté d’un outil de 3 000 m² et employant 50 salariés, Fromacœur réalise un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros sur un marché du snacking et de l’apéritif dynamique. La société exporte en Australie et aux États-Unis principalement. Des synergies sont attendues à l’étranger.

Terra Lacta conforte avec ce rachat un débouché de proximité pour le lait de ses éleveurs. Fromacœur étant surtout présent en MDD, en RHD et en industrie, l’enjeu sera pour Terra Lacta de pousser la marque, voire d’en créer une nouvelle. La coopérative laitière active plusieurs leviers pour populariser ses marques régionales. Elle fait preuve d’innovation en matière d’emballage et d’écoconception. On peut citer la bouteille de lait noire des Limousins (une couche de PEHD en moins), les poches de yaourt de 1,5 kg à la marque Le Petit Vendéen ou encore des briques de lait sans aluminium.

Afin de rajeunir sa clientèle, Terra Lacta privilégie une communication décalée sur les réseaux sociaux, s’aventurant même sur TikTok.

Les conversions en bio suspendues

Le point-presse a été l’occasion de balayer de nombreux sujets d’actualité. Face à la flambée du prix des matières premières, la coopérative a revalorisé le prix du lait. Elle tente d’obtenir de ses clients des hausses tarifaires. « Le retour est lent et difficile, ce sera l’enjeu de la fin 2021 », estime Jean-Yves Restoux. S’agissant du bio, la coopérative, au vu de l’engorgement du marché, se félicite de sa prudence. Ses volumes de lait bio s’élèvent à une dizaine de millions et devraient doubler en 2022.

La coopérative a pris en mars 2021 la décision de geler les nouvelles conversions pour éviter d’en arriver à des déclassements. D’autres démarches environnementales ont été engagées : la production laitière durable (PLD) avec un objectif de généralisation d’ici à 2025, la démarche bas-carbone proposée par vingt-quatre éleveurs ou encore la HVE aux Vignobles Lescure, filiale qui produit du cognac et du pineau des Charentes. Autre priorité forte des dirigeants de Terra Lacta, le renouvellement des exploitants. Pendant les quatre dernières années, 168 jeunes ont entrepris l’élevage de vaches et de chèvres.

Face aux hausses des coûts de production, la garantie de marge a été restaurée avant l’été pour les jeunes producteurs. Au total, Terra Lacta a versé sur douze mois 4,6 millions d’euros à ses adhérents au titre des différents dispositifs de compléments.

AOP Charentes-Poitou : quel effet aura le nouveau cahier des charges ?

Terra Lacta valorise une part importante du lait de vache de ses producteurs en beurre AOP Charentes-Poitou. Le nouveau cahier des charges validé par l’Inao, mais pas encore adopté par Bruxelles, aura de fortes répercussions sur la coopérative et ses adhérents. Les changements sur l’alimentation animale (sans OGM, provenant à 80 % de l’aire de production) sont majeurs. « Surtout face à une problématique de disponibilité de tourteaux sans OGM et de coût très élevé, avec un écart passé de 80 à 300 euros », relève Jean-Yves Restoux. Les techniciens de Terra Lacta font le tour des exploitations pour regarder la faisabilité avec les producteurs. « L’enjeu est énorme pour la Région de maintenir le volume de l’appellation avec le nouveau cahier des charges, il va falloir trouver le juste curseur de niveau de prix », conclut Daniel Chevreul.

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