Bien-être animal : comment Duc a passé 30% de ses volumes de poulet en ECC
Le volailler français Duc, filiale du groupe néerlandais Plukon Food, produit du poulet standard et du poulet ECC (European chicken Commitment). Ce dernier, élevé sans antibiotiques et sans OGM, est l’héritier du poulet certifié Duc.
Le volailler français Duc, filiale du groupe néerlandais Plukon Food, produit du poulet standard et du poulet ECC (European chicken Commitment). Ce dernier, élevé sans antibiotiques et sans OGM, est l’héritier du poulet certifié Duc.
En 2020, la société Duc, filiale française du volailler néerlandais Plukon Food, est passée du poulet certifié au poulet ECC (European Chicken Commitment). Ce dernier représente 30 % du volume de l’abattoir principal de Chailley (Yonne), dont le hangar d’accueil, les systèmes de décaissement et d’étourdissement ont été modifiés à cette fin (ce devrait être au tour de l’abattoir de Saint-Bauzély (Gard) sous deux ans). La visibilité des ventes est troublée en 2023 par la descente en gamme observée dans la volaille et la grippe aviaire, mais le directeur commercial, Olivier Chausson, se projette en 2026, puisque tous les distributeurs et certains grands comptes de la restauration d’entreprise ou rapide se sont engagés à distribuer du poulet ECC à cette échéance : « Nous nous sommes donné les moyens d’y répondre, en fonction de l’évolution de la demande. »
Aujourd’hui, 90 éleveurs, sur les 150 partenaires de Duc, sont référencés pour le poulet Duc élevé sans antibiotiques, nourri sans OGM et BCC, abattu à 50 jours. « Nous avons formé et placé un référent bien-être animal à tous les maillons : pour l’élevage des futurs reproducteurs, en reproduction, dans le couvoir, dans chaque élevage et à l’abattoir », informe Stéphane Poirier, responsable qualité amont.
Une filière intégrée
La filière Duc est intégrée des reproducteurs aux produits finis, en passant par la fabrication des aliments. Le cycle de production de Duc débute à l’élevage des poulets reproducteurs, qui sont pris en charge par des éleveurs partenaires dans 8 petits bâtiments (on y compte 1 coq pour 10 poules) ; ces bâtiments sont à l’écart les uns des autres, par sécurité sanitaire. Les œufs collectés sont ensuite mis en couvoir (à Charolles, en Saône-et-Loire pour la production en Bourgogne). Puis les poussins d’un jour sont livrés aux éleveurs. Duc a 150 éleveurs en contrat (environ 100 dans l’Yonne et 50 dans la Drôme et alentours).
L’élevage des Champs Cléris à Coulours (Yonne)
Les associés de la SCEA des Champs Cléris sont des éleveurs historiques de poulets certifiés Duc, convertis à l’ECC (European chicken commitment) en 2020, comme la plupart des éleveurs de poulet certifié Duc. Leurs bâtiments de 1 200 m2 ont 21 ans. Ils ont réalisé eux-mêmes les ouvertures supplémentaires pour correspondre au critère ECC. Visitant cet élevage un jour de mars 2023, on voit des jeunes poulets de deux semaines, dans une ambiance agréable à respirer sous 28 °C. Le bâtiment avait été chauffé 3 jours avant leur arrivée afin que l’épaisse litière de paille broyée soit bien chaude. 18 360 poussins d’un jour ont été mis en place. Certains sont juchés sur les perchoirs, d’autres jouent avec des ficelles pendantes.
L'élevage ECC, apprécié
L’éleveuse, Nicole Tournelle, a eu l’occasion d’élever du poulet standard pendant la crise Covid. Elle dit préférer de loin le poulet ECC qui « s’élève bien », dit-elle, comme le poulet certifié, avec une densité encore inférieure, et dans des bâtiments plus clairs. La densité ne dépassera pas 30kg/m2, ce qui correspond à 15 poulets/m² devant être abattus à environ 50 jours. L’éleveuse affirme qu’elle peut encore circuler aisément entre les poulets quand ils atteignent leur poids d’abattage.
Le travail le plus délicat est selon l’éleveuse est le maintien de l’ambiance adéquate : la bonne température, la bonne humidité, pas ou peu d’odeur d’ammoniac. « Même si c’est contrôlé par ordinateur, ça demande une surveillance », témoigne-t-elle. Il faut aérer sans trop augmenter la note de chauffage. « Une ambiance saine permet de maintenir la litière bien sèche et friable, montre Stéphane Poirier, responsable Qualité Amont de Duc. Elle est essentielle au bien-être et à la bonne santé des poulets. »
Le bien-être dans le suivi
Duc a 5 techniciens au contact de ses 150 éleveurs partenaires. Les éleveurs bénéficient d’au moins 2 passages de technicien par lot.
- Contrôles de base : en interne, les techniciens Duc évaluent le respect de la charte interprofessionnelle française d’élevage de volaille de chair (selon la grille EVA), en termes de protection animale, de biosécurité, de sécurité des personnes et d’environnement. Un organisme indépendant notes les élevages d’un échantillon chaque année sur ces mêmes critères.
- Maîtrise du bien-être animal : tous les éleveurs partenaires utilisent l’application mobile de l’Itavi (Institut technique avicole) Ebene. « Cette application est basée sur l’observation des animaux. Leur comportement donne une indication d’éventuels points d’amélioration », explique Stéphane Poirier, responsable Qualité Amont de Duc. « Dans l’ensemble, les évaluations sont satisfaisantes », commente-t-il. Le responsable fait savoir qu’un référent Bien-être animal est présent à chaque maillon : élevage des futurs reproducteurs, reproduction, couvoir, élevage et abattoir.
- Les élevages de poulets sous cahier des charges spécifique (ECC Bien-être animal sans traitement antibiotique et alimentation sans OGM) sont audités par un organisme indépendant une fois par an.
L'abattoir
L’abattoir de Chailley (Yonne) a été spécialement adapté aux normes de l’ECC (European chicken commitment). Celui de Saint-Bauzély (Gard), second outil de Duc, doit l’être à son tour dans les deux ans. On travaille à Chailley en 2x8 par équipes de 26 personnes. On y abat environ 700 000 poulets par semaine, dont environ 30% ont été élevés selon les critères ECC jusqu’à une cinquantaine de jours. Les camions transportant les poulets ramassés dans un rayon moyen de 80 km entrent dans un vaste hangar fermé, ventilé, brumisé, éclairé en lumière bleue (que les poulets assimilent à la nuit). Les caisses sont déchargées par des caristes formés à leur manipulation. Elles sont empilées par des chariots élévateurs. Le responsable de l’abattoir, José Martins, fait remarquer que les caisses sont conçues pour que l’air circule bien entre chaque caisse empilée. Il signale la présence de 7 000 poulets calmes, qui attendront moins de 40 mn avant d’être étourdis au CO2. Les camions, caisses et système d’empilage et de dépilage ont été conçus en concertation avec le prestataire Avilog. Ces caisses sont nettoyées et désinfectées par Avilog avant d’être à nouveau empilées sur un camion qui emprunte la porte de sortie.
Tunnel de CO2: l'accrochage facilité
A l’entrée du tunnel d’étourdissement au CO2, la caisse la plus basse d’une pile est automatiquement introduite dans le tunnel. Ce tunnel comporte 5 caissons de concentration croissante de CO2, de 20% à 80%. Le passage d’une caisse dans ce tunnel dure 9 mn. Les poulets ressortent parfaitement inertes. José Martins confirme que le système d’étourdissement au CO2 facilite grandement la tâche des accrocheurs : mouvements fluides, travail en lumière blanche (et non bleue), pas de poussière en suspension. Chacun en accroche 1 000 par heure. Au total, 10 000 poulets peuvent être accrochés à l’heure à Chailley.