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Quels produits agricoles canadiens pourraient arriver en Europe à cause de la guerre commerciale ?

Le journal Les Marchés s’est procuré la liste des 25 principales exportations agricoles du Canada vers l’UE de 2017 à 2024. Un document clef pour cibler le potentiel à l’exportation d’un pays soumis à des tarifs d’importation de 100 % appliqués par la Chine et de 10 % par les États-Unis pour le moment. Si les Français s'inquiètent pour la viande bovine, les opérateurs canadiens se montrent rassurants. En revanche, la question du colza se pose.

Deux conteneurs aux couleurs des drapeaux UE et canadiens
Boudés par la Chine et les USA, les produits agricoles canadiens vont-ils arriver dans l'UE ?
© Généré par l'IA

À notre demande, le gouvernement du Canada nous a transmis la liste des 25 principales exportations agricoles du Canada vers l’Union européenne (UE) réalisées depuis 2017 jusqu’à l’an dernier. Pour rappel, en 2017 est entré en vigueur de l’accord de libre-échange passé entre l’UE et le Canada, le CETA, même s'il est décrié en France par certains.

Le Canada voit ses débouchés menacés, Chine et États-Unis 

Ce document offre un aperçu précis de l’offre actuelle du pays nord-américain qui arrive en Europe. Et ceci à un moment crucial : le Canada est pris en tenaille, depuis quelques jours à peine, par ses deux principaux débouchés : les États-Unis et la Chine, qui appliquent des droits de douane exorbitants au détriment de la presque totalité des 189 874 fermes du Canada.

Lire aussi : Les agriculteurs américains soulagés du report des droits de douane pour le Mexique et le Canada

La Chine a pris des mesures contre le Canada

On parle beaucoup des « tarifs de Trump ». Mais le Canada était déjà confronté, peu avant, à des mesures choc similaires provenant de la Chine prises en guise de représailles aux tarifs douaniers imposés par le Canada sur les autos, l’acier et l’aluminium fabriqués en Chine.

Lire aussi : Combien la guerre commerciale va-t-elle coûter aux agriculteurs américains ?

« À la suite de la conclusion de l’enquête dite anti-discrimination lancée par la Chine contre le Canada le 26 septembre 2024, la Chine a imposé le 20 mars dernier des droits de douane de 100 % sur l’huile et la farine de canola, les pois, et de 25 % sur le porc », nous renseigne Samantha Seary du service Agriculture et Agroalimentaire du Canada.

Dans ce contexte jamais vu, la possibilité d’une avalanche d’aliments canadiens déferlant sur l’Europe semble réelle dans l’immédiat.

3,36 milliards d'euros importés du Canada vers l'UE

En 2024, le Canada a exporté des produits agricoles pour une valeur totale de 62,2 milliards d’euros (Md€) vers plus de 200 pays, dont 2,97 Md€ vers l’UE, selon l’institut public Statistique Canada. L’institut Eurostat, de son côté, fait part d’importations européennes de produits agricoles du Canada, en 2024, pour 3,36 Md€.

Lire aussi :  Agroalimentaire : quelles filières françaises ont le plus à perdre des droits de douanes de Trump ?

Selon Statistique Canada, le blé est le produit roi de la campagne canadienne présent en Europe avec des achats pour 583 millions d’euros (M€) ; s’y ajoutent du maïs grain pour 254 M€ ; des légumes secs pour 245 M€ ;  des fèves de soja pour 242 M€ ; du colza pour 214 M€ ; des préparations pour l’alimentation animale pour 140 M€ ; des plantes à usage industriel pour 119 M€ ; du sucre pour 87 M€ ; des fruits frais pour 84 M€ ; du cacao sans doute réexporté depuis le Canada pour 80 M€ ; etc.

Le produit qui occupe la 25ème place - des graisses de poisson - concerne des envois pour moins de 15 M€. Le bœuf ne figure même pas dans ce Top 25.

Parmi les aliments du Canada ayant le plus renforcé leur présence en Europe entre 2017 et 2024, on citera le maïs (+11 %) et les fruits et noix (10 %).

Lire aussi : Après le Ceta, les importations de fromage ont augmenté au Canada

Le Canada n'est pas une menace pour la viande bovine européenne

En y regardant de plus près, dans l’immédiat, filière par filière, la réactivité à l’exportation vers l’UE du secteur agricole canadien n’est pas du tout évidente.

Prenons le cas du bœuf. Loin des craintes exprimées dans le milieu syndical agricole français, le Canada ne serait pas en mesure de livrer du bœuf aux Européens de façon massive.

« Si Trump taxe la viande canadienne qui rentre aujourd'hui aux USA, cela pourrait se retourner sur le marché européen »

Sur les ondes de Radio France, Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine, avait dit en février dernier être « inquiet des nouvelles taxes américaines sur les produits agricoles, non pas pour la viande que (la France) pourrait cesser de vendre aux États-Unis car elle en expédie peu, mais plutôt pour les conséquences du côté du Canada, pays avec lequel l'Europe a eu la très mauvaise idée de signer un accord de libre-échange. Si Trump taxe la viande canadienne qui rentre aujourd'hui aux USA, cela pourrait se retourner sur le marché européen ».

« les procédures de certification ont un coût dissuasif»

Or, le Canada n’a exporté vers l’UE, en 2024, que pour 1,8 million d’euros (M€) de produits carnés, dont seulement 794 000 € engrangés par l’envoi de quelques caissons de bœuf, selon Eurostat. Les chiffres sont similaires pour l’année 2023.

Le Canada ne produit pas de bœuf certifié pour l'UE

Même hypothétiquement, selon le président de l’association canadienne de l’élevage (Canadian Cattle Association), Tyler Fulton, « à court terme, le Canada n’est pas en mesure de livrer à l’UE du bœuf en quantité ». « Une grande partie de notre cheptel est élevé sans hormone de croissance, comme l’exige l’UE, mais les procédures de certification ont un coût dissuasif. De plus, l’UE ne reconnaît pas la validité de certaines normes en vigueur dans les abattoirs canadiens. Donc, même si un éleveur certifie son bétail sans hormone, il aura bien du mal à trouver un client pour son bétail certifié ».

Le colza pourrait être plus embêtant

En végétaux, le Canada a davantage de répondant. Le ministère français de l’Agriculture, via Agreste, a signalé en janvier dernier un fait inédit depuis 1998 : le solde négatif des échanges commerciaux agroalimentaires de la France (-169 millions d’euros). Parmi les causes mentionnées : la hausse des importations de colza canadien…

 

 

 

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