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Quelle est la part des importations à Rungis en viande, volailles, produits laitiers et fruits et légumes ?

Stéphane Layani, PDG de la Semmaris, a échangé avec les députés, notamment sur le poids des importations sur le Min de Rungis. Si le marché de gros fait mieux que la moyenne nationale dans certains produits, des zones d’ombres demeurent. Fact-checking.

pavillon de la volaille a rungis
Stéphane Layani n'a pas indiqué combien de volaille étaient importées sur le marché de Rungis
© Les Marchés

Le président-directeur général de la Semmaris, la société d’aménagement du marché de Rungis, était convoqué ce lundi 4 juin par la commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la France. 

Lire aussi : Décapitalisation, Egalim, crise des abattoirs, tensions avec la GMS, Jean-Paul Bigard s’explique face aux députés 

Stéphane Layani a rappelé que 60 % des produits frais consommés en Île de France passent par le plus grand marché de gros du monde, soit 3 millions de tonnes consommées par 17 millions de personnes. S’y croisent « 25 000 acheteurs, qui négocient chaque jour avec 1 200 entreprises », à des prix qui résultent de l’équilibre entre l’offre et la demande, soit un « prix le plus juste » pour le directeur. 

Quel est le poids des importations sur Rungis ?

« A Rungis, 61 % des produits toutes saisons confondues sont d’origine française » a affirmé, sous serment, Stéphane Layani au début de son audition, vantant « 100 % du fromage est français, comme 95 % du cochon ». 

« A Rungis, 61 % des produits toutes saisons confondues sont d’origine française » 

Par la suite, Stéphane Layani, nuance « 100 % du fromage, pratiquement », ce qui paraît plus logique vu l’essor des importations de fromages italiens IGP, ou le poids du Gruyère Suisse chez les fromagers. Il continue, « 70 % des produits de la mer sont français, notamment grâce aux crustacés », puis « 60 % des fruits et légumes en saison, hors agrumes et produits exotiques ». En viande bovine « on est plutôt bons, autour de 60 %, notre segment de clients est essentiellement la boucherie traditionnelle et la restauration » juge le PDG. 

Rungis est-il plus importateur que la moyenne nationale ?

Le rapporteur de la commission, le député Grégoire de Fournas insiste, jugeant que sur le bœuf, et les fruits et légumes « d’une façon générale on importe plus à Rungis », contrairement à ce que dit Stéphane Layani « on est meilleurs sur tous les segments ». 

« D’une façon générale on importe plus à Rungis », constate le député Grégoire de Fournas

Sur la question des fruits et légumes, comme Grégoire de Fournas le souligne, difficile de juger puisque M. Layani fournit des chiffres « hors agrumes et produits exotiques, et hors contre-saison ». 

Sur la viande bovine, difficile de conclure si vraiment Rungis est meilleur

En revanche, sur la viande bovine, contrairement aux dires de M. Layani, Rungis fait moins bien que la moyenne française avec 40 % d’importations sur le Min contre 23,2 % en volume en moyenne nationale en 2022 selon les données de l’Idele (21,7 % en 2017). A noter néanmoins qu’une partie de la viande bovine achetée à Rungis est destinée à être commercialisée sur la restauration hors domicile. Or, au niveau national, 55 % de la viande bovine commercialisée en RHD est importée. Donc si l’on se concentre uniquement sur la RHD, Rungis est globalement meilleur. Comme en même temps Rungis approvisionne nombre de boucheries traditionnelles, plutôt portées sur le VBF, mais aussi les boucheries confessionnelles, difficile d’en conclure exactement si, oui ou non, Rungis s’en sort bien sur le poids des importations. 

Sur le porc, du flou sur la charcuterie

Stéphane Layani affirme « 95 % du cochon commercialisé sur le Min est Français ». Un pourcentage impressionnant. Néanmoins le flou demeure, on suppose que ce taux concerne uniquement la viande fraîche, qui ne pèse que pour 17 % de la consommation nationale de porc selon l’Ifip. La charcuterie représente en effet 70 % de la consommation nationale, et Stéphane Layani ne quantifie ni quelle part de la charcuterie commercialisée sur le Min est directement importée, ni quelle part est produite en France à base de viande de porc importée. 

Sur la volaille, les affirmations de Stéphane Layani ne sont pas claires

« En volaille, on est très très bon sur le Label Rouge, avec 80 % d’origine française » se réjouit Stéphane Layani. Or « Le signe de qualité Label Rouge garantit que l’animal est né, élevé et abattu en France » selon le Synalaf. Toute la volaille Label Rouge de Rungis est donc française. Le PDG de la Semmaris évoque à peine la volaille standard, glissant « en revanche la volaille découpée est de la volaille d’importation, cuisse et haut de cuisse, ce n’est pas tellement notre métier ». 

 « La volaille découpée est de la volaille d’importation»

Pour rappel, les découpes représentent 54 % des achats des ménages pour leur consommation à domicile, selon Kantar FranceAgriMer. On peut aussi noter que selon l’interprofession Anvol un poulet sur deux consommés dans la restauration hors foyer est importé, hors justement les restaurateurs font partie des principaux acheteurs sur Rungis.

En viande ovine, beaucoup d’importation

En viande ovine, « on n’est pas bons, on importe beaucoup, autour de 40 % c’est catastrophique » estime Stéphane Layani. Mais ce chiffre de 40 % de viande ovine française sur Rungis n’est pas si catastrophique puisque la moitié de la consommation de viande ovine est importée au niveau national. « En viande caprine, on est assez bons » souligne en revanche Stéphane Layani, ce qui est tout à fait probable puisque la France est largement exportatrice nette de viande caprine.

Quelle évolution des importations à Rungis ?

Au député Jean-Philippe Tanguy qui le questionne sur l’évolution du poids des importations depuis le début de son mandat, il y a douze ans, Stéphane Layani n’est pas en mesure de répondre avec des chiffres mais fournira à la commission des données détaillées ultérieurement. Grégoire de Fournas insiste sur la fourniture de chiffres détaillés par filière. 

Au cours de l’audition, Stéphane Layani a évoqué aussi le train des primeurs, le projet Agoralim, et l’extension dans le Val d’Oise. Ce 5 juin, Stéphane Layani a vu son mandat de Président-Directeur de la Semmaris reconduit, après un vote à l'unanimité du conseil d'administration de l'autorité gestionnaire du marché de Rungis. 

Pour voir l’audition de M. Stéphane Layani en intégralité

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