Volailles : les 3 voies du bien-être animal
Entre pression des ONG de protection animale, demande sociétale et marchés, trois branches du bien-être animal des volailles de chair se dessinent en France.
Entre pression des ONG de protection animale, demande sociétale et marchés, trois branches du bien-être animal des volailles de chair se dessinent en France.
Les viandes de volaille de France sont peu à peu gagnées par le référentiel de bien-être animal du poulet, l’European Chicken Commitment (ECC), promu par une trentaine d’organisations non gouvernementales (ONG) européennes. L’important segment fermier du label Rouge, notamment, entend tirer parti de l’engouement des consommateurs européens pour la condition des volailles. Entre les deux pousse la branche des alternatives. Dans chacune des trois branches se pose la question de l’étiquetage Bien-être animal (BEA).
1- L’European Chicken Commitment
L’ECC est en voie de remplacer le poulet certifié en France, du fait de l’engagement des marques de distributeurs de s’y conformer en 2026. Les leaders français de la viande de volaille en prennent la direction. Ils font évoluer les élevages. Le groupe LDC, avec Nature d’éleveurs – des bâtiments ouverts à la lumière naturelle, paille, perchoirs, blocs de graines à picorer, etc. –, réduit les densités. Galliance (groupe coopératif Terrena) alignera en 2024 les élevages de La Nouvelle Agriculture sur le référentiel, ainsi que sa production commercialisée « auprès des clients référençant des produits ECC ». Et attendra que l’ECC devienne le standard sur le marché européen pour le généraliser. Duc a muté sa production de poulet certifié en ECC.
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Les leaders transforment aussi leurs abattoirs. À l’image des trois outils d’Arrivé (groupe LDC) : aux Essarts (Vendée) et à Saint-Germain-des-Fossés (Auvergne), les volailles sont accueillies dans des conditions paisibles sous l’œil de caméras, et sont étourdies au CO2. Ce sera le cas en 2024 dans le deuxième abattoir vendéen de Saint-Fulgent. Arrivée Auvergne a déboursé 7 millions d’euros en 2022 pour cela. Tous ces efforts se traduisent en rayon par la note C de l’étiquette BEA, comme à Casino.
2- L’élevage fermier
L’élevage fermier, en plein air ou en liberté, est l’atout français sur le marché européen. « Nos filières cochent toutes les cases », assure Bernard Tauzia, président du Syndicat national des labels avicoles de France (Synalaf), fier de la campagne de communication en cours dans six pays sur les volailles et œufs label Rouge. Il estime que les allégations « plein air » et « en liberté » conserveront leur spécificité parmi les futures normes de commercialisation européennes. Quant à l’étiquetage BEA, « il faut une information claire du consommateur, considère Bernard Tauzia, si le bâtiment est aménagé, avec véranda, des trappes vers le dehors… » Appliqué aux produits fermiers, « c’est du complément d’information à la réassurance qu’offre le label Rouge », poursuit-il. Depuis le poulet du Maine (marque Loué) en 2019 jusqu’aux Fermes de Janzé de l’année 2023, plusieurs labels ont procédé aux améliorations pour être notés « A ». Yves de la Fouchardière, directeur de la Coopérative agricole des Fermiers de Loué (Cafel), explique ainsi l’adoption de l’étiquetage BEA ainsi que, récemment, du Planet-score : « Nous démontrons que nous sommes une marque du présent et qui répond aux questionnements de la nouvelle génération. » « L’élevage fermier souffre de l’inflation, mais n’est pas menacé », juge Bernard Tauzia. Il concède une « vraie interrogation au sujet du prix de détail des découpes, notamment du filet » et met ses espoirs dans un rééquilibrage des prix par les coefficients multiplicateurs en grande distribution.
3 – Des modes d’élevage intermédiaires
Des modes d’élevage intermédiaires se développent entre l’ECC et le label Rouge. Les fermiers du Maine (marque Loué) produisent depuis trois ans des poulets sortant à l’extérieur de 56 jours, commercialisés par LDC sous la marque « Le Petit Marché de Loué en plein champ ». Celui-ci « n’a pénalisé aucun label Rouge, souligne Yves de la Fouchardière, en précisant que “Le Petit Marché de Loué” est présenté à l’écart du linéaire des labels et en découpe uniquement ».
Le Groupe Michel (organisateur de productions, fabricant d’aliments du Grand Ouest) vend à SNV (LDC) des poulets et dindes élevés dans des bâtiments donnant sur un « jardin d’hiver ». Objectif à fin 2025 : passer de 100 à 200 élevages. « Nous sommes convaincus que le marché sera là demain », justifie Joachim Michel, directeur général volailles de Groupe Michel. Sur le marché de la restauration, la marque Poule et Toque de Société bretonne de volaille (LDC) lance du poulet noir à croissance lente d’au moins 63 jours sortant à l’extérieur (élevé avec une densité de 2 poulets/m2, comme du plein air).
Pour le mieux-être des poules pondeuses
Le CIWF signale quelques initiatives privées pour améliorer le bien-être des poules pondeuses. Cocotine (marque des ovoproduits d’Eureden) vend à la restauration des œufs de code 2 (élevage au sol) de poules disposant d’un jardin d’hiver. Carrefour, pour ses œufs sous marque de distributeur, fait aussi élever des poules au sol avec jardin d’hiver. Pour les MDD de Lidl, en 2025, la majorité des bâtiments d’élevage au sol devrait avoir aussi un jardin d’hiver. Enfin, parmi les œufs de code 0 (bio) et 1 (plein air), la marque Loué d’œufs bio et label Rouge a travaillé sur la qualité et l’aménagement des parcours.
Repère
Poids maximum de poulet vif en bâtiment au mètre carré
Standard : 33 kg/m2
Standard sur dérogation : 42 kg/m2
ECC : 30 kg/m2
Selon experts Efsa : 11 kg/m2