Vin : «la modération à la place de la prohibition»
La quatrième aura été la bonne. Après plusieurs ajournements, le Livre Blanc de la Viticulture Française a finalement été remis au Premier ministre, mercredi. Ses cinq auteurs, tous parlementaires issus de régions viticoles, ont proposé plusieurs pistes à Jean-Pierre Raffarin dans l’optique de réhabiliter le vin confronté à une baisse de la consommation et à la concurrence des pays du Nouveau Monde, en France. Le Livre Blanc « tente de définir la place du vin dans la société française» explique Gérard César, un des auteurs du rapport. La volonté de ces derniers est de montrer l’existence d’une place « pour la modération à la place de la prohibition», une allusion à la loi Evin, dénoncée par la filière comme un frein considérable à la promotion du vin. Les rapporteurs proposent d’ouvrir une brèche dans ce texte de loi en dissociant le vin des autres alcools. « Nous pensons qu’il s’agit d’un nutriment, auquel cas l’approche est différente» justifie Alain Sugenot, député UMP de Côte d’Or. « Nous avons également demandé au Premier ministre la création d’un Conseil de la modération, qui devrait définir le vocabulaire à utiliser pour éviter l’amalgame entre le vin et les autres alcools. Il s’y est montré favorable» poursuit-il. Ce conseil pourrait voir le jour « au plus tôt à l’automne 2004». Paul Henri Cugnenc, député de l’Hérault (mais également viticulteur et chirurgien) cherche lui à défendre une consommation modérée, de l’ordre de 2 à 3 verres par jour. « Le vin a des effets bénéfiques sur la santé, et la modération doit être définie. Nous demandons également la mise en place d’une étude prospective pour connaître la part réelle qui revient à chaque boisson dans les accidents de la route». Des positions qui devraient faire réagir les médecins, dont beaucoup estiment les risques de l’alcool supérieurs aux bénéfices apportés par une consommation modérée, elle même sujette à de nombreuses interprétations. En tout état de cause, si ces recommandations sont suivies, ce rapport pourrait à l’avenir changer les règles de communication sur le vin. Mais reste encore à définir leurs modalités d’application. « Nous espérons avoir des réponses en 2005, dans le cadre de la loi de modernisation agricole. L’objectif est d’y inscrire un texte législatif» conclut M. Sugenot.