Alimentation animale
Vers un poulet moins dépendant au soja importé
La filière poulet de chair capte un tiers du tourteau de soja utilisé dans les aliments pour animaux français. Elle a cherché, dans le projet Vocalim, comment accroître son autonomie protéique. Trois tourteaux français, non génétiquement modifiés, améliorés par la technologie peuvent y contribuer.
La filière poulet de chair capte un tiers du tourteau de soja utilisé dans les aliments pour animaux français. Elle a cherché, dans le projet Vocalim, comment accroître son autonomie protéique. Trois tourteaux français, non génétiquement modifiés, améliorés par la technologie peuvent y contribuer.
« La production de volailles de chair est diversifiée en France, mais le poulet reste dominant et le standard représente 80 % du marché français du poulet », rappelait Isabelle Bouvarel, directrice scientifique de l’Itavi, le 19 décembre 2019 à Angers, lors de la journée de restitution du projet Vocalim, coordonné par l’Itavi, Terres Univia et l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Or, l’aliment représente près de 49 % du coût de production sortie élevage, et les importations pèsent lourd sur le segment poulet standard, toute augmentation de coût étant donc rédhibitoire.
Le tourteau de soja est nutritionnellement bien adapté aux besoins des volailles : la dépendance protéique est donc plus élevée pour les aliments volailles (56 %) que pour les aliments vaches laitières (45 %) et, surtout, porcs (19 %) ; même si la France est l’un des bons élèves de l’UE avec une dépendance protéique totale de 42 % contre 63 % pour l’ensemble de l’UE.
Autre élément de fond, selon les perspectives établies par le Céréopa, l’alimentation animale alternative (bio et non modifiée) pourrait tripler dans les dix ans, la progression du «sans OGM» étant tirée par les labels, notamment en viande bovine. Avec une incertitude : la part de l’origine France dans cet ensemble. Quelles que soient les disponibilités, les arbitrages entre filières se feront en tout cas au profit de celle qui valorise le mieux, à un instant donné, les volumes disponibles.
Banco pour le colza dépelliculé et le tournesol hipro+
«Six matières premières françaises ont été testées dans le modèle Prospective Aliments du Céréopa », explique Patricia Le Cadre, sa directrice : lupin décortiqué, farines d’insectes, tourteau de soja déshuilé non génétiquement modifié, tourteau de colza bluté, tourteau de colza dépelliculé, tourteau de tournesol hipro+. Certaines ont été améliorées grâce aux traitements technologiques testés dans le projet Vocalim (décorticage et blutage pour concentrer les protéines).
Les trois tourteaux « améliorés » pourraient se substituer à 750 000 tonnes des volumes standards disponibles dans les usines françaises : 200 000 tonnes de tourteaux de tournesol HP+ à Saint-Nazaire, 100 000 tonnes de colza bluté à Montoir, 450 000 tonnes de colza dépelliculé au Mériot. « Le tourteau de colza dépelliculé semble le plus adapté aux aliments pour poulets, son intérêt se renforçant en 2023 contrairement au tourteau de soja déshuilé français qui perd ce débouché à terme. Le tourteau de tournesol HP+ est également sollicité en poulets, mais la farine d’insectes trouve plus d’intérêt dans les autres volailles de chair. Le lupin dépelliculé est en grande partie trusté par les porcs comme le tourteau de colza bluté », résumait la spécialiste.
Améliorer de 17 points l’autonomie protéique
Si les trois tourteaux améliorés étaient mis simultanément à disposition de la nutrition animale française, ils permettraient d’améliorer de 17 points l’autonomie protéique de la filière poulet de chair qui passerait de 45 % à 62 % en réduisant ses importations de soja non modifié et de tournesol hipro de la mer Noire tout en abaissant le coût de ses approvisionnements d’environ 2,8 %, soit 28 millions d'euros à l’échelle française. Ces trois matières premières participeraient uniquement à améliorer l’autonomie protéique des aliments sans OGM, les aliments poulets de chair non modifiés flirtant avec l’autosuffisance (91 %), contre 59 % sans elles.