Un nouveau logo pour assurer la traçabilité des produits ?
Ce nouveau logo imaginé par le collectif « En vérité » va faire prochainement l’objet d’une proposition de loi.
Ce nouveau logo imaginé par le collectif « En vérité » va faire prochainement l’objet d’une proposition de loi.
« Nous avions tous une ambition, nous avons réussi à l’objectiver. Nous tenons un levier qui peut aider le consommateur qui veut faire des achats qui ont du sens. » Le 9 octobre 2023, David Garbous, président et cofondateur du collectif « En vérité » ne cache pas sa fierté en présentant « Info origine ingrédients », un logo issu d’une réflexion de plusieurs mois et qui veut trouver sa place dans le cadre de la loi, Climat et Résilience.
Mieux informer les consommateurs sur l’origine géographique des ingrédients
L’initiative d’ «En Vérité », qui réunit 60 marques réalisant ensemble 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires est parti d’un constat simple : en matière d’étiquetage, on assiste au « marketing de l’origine » avec des indications floues et ambigües à l’avant et à l’arrière de l’emballage. Or, d’après l’étude commandée par le collectif à l’entreprise Appinio, 86% des Français sont sensibles à l’affichage de l’origine des produits. C’est le troisième critère de choix des consommateurs derrière le rapport qualité prix et la marque, et à égalité avec les qualités nutritionnelles.
Le prix reste déterminant dans l'acte d'achat
Le logo « Info origine ingrédients » veut donner les proportions d’origine de chaque produit entre la part française ou régionale, la part Union Européenne et la part non Union Européenne. Le tout avec un logo visible et facile à comprendre. « Les tests réalisés par Appinio sur les consommateurs ont été concluants. Ces derniers jugent à 55% que les marques qui adopteront notre logo seront plus crédibles même si bien entendu, le prix reste déterminant dans l’acte d’achat. »
« En vérité » va déposer une proposition de loi pour l’adoption de l’affichage obligatoire de l’origine des ingrédients de manière simple et visible. Le collectif veut également porter la parole de ses adhérents au niveau européen et a reçu en ce sens le soutien de la députée européenne Irène Tolleret qui aurait déjà, d’après ses propres dires, reçu le soutien d’une quarantaine d’autres députés européens.
« Tout le monde devra être sur un pied d’égalité »
Parmi les entreprises adhérentes à « En vérité », deux entreprises ont apporté leurs témoignages. Chef de marque chez Vrai, Adrien Decool espère que la loi et ce logo s’imposeront à tous. « Les Français ont été dépités par les scandales de l’agroalimentaire et la confiance a été rompue. Ce logo peut aider à reconstruire cette confiance mais tout le monde devra être sur un pied d’égalité. Car lorsque vous êtes vous-mêmes transparents mais que vos concurrents ne le sont pas, c’est comme si vous vous tiriez une balle dans le pied. »
Pour Nicolas Facon, directeur général « Europe et International » chez Eureden, coopérative qui possède la marque d’Aucy, le logo va permettre de mieux mettre en avant les producteurs locaux. «On ne peut pas lutter contre les haricots verts du Kenya ou de Madagascar qui représentent 40% du marché des haricots verts en conserve et nous-mêmes, nous en vendons un peu car ce serait une erreur de s’exclure du marché. Mais en parallèle, nous vendons des haricots verts cultivés en France et il est important pour nous de contribuer à la souveraineté alimentaire. »
Un logo de plus pour les consommateurs aisés ?
David Garbous ne s’en cache pas, ce nouveau logo va favoriser les produits à plus haute valeur ajoutée et donc plus chers. Une gageure quand on sait que si 86% des Français veulent tout savoir de l’origine des ingrédients, moins de la moitié d’entre eux y prêtent une réelle attention au moment de l’acte d’achat. «Bien sûr, ce sont les CSP+ qui dans un premier temps seront séduits par les marques présentant des produits dont tous les ingrédients ou presque seront français. Mais si le marché se développe, les entreprises pourront à terme augmenter leurs volumes et jouer sur les prix. »
Sans compter que « Info origine ingrédients » risque de rejoindre la cohorte de systèmes d’étiquetage comme Nutri-score qui a déclenché une guerre ouverte entre pays membres de l’Union Européenne, entre critiques et tentatives de désinformation (notamment de l’extrême-droite italienne) et Planet-Score qui entre en débat à Bruxelles. Mais pour David Garbous, ces querelles européennes ne lui font pas peur et sont presque hors-sujet. « On ne peut pas en vouloir au gouvernement italien de promouvoir les produits italiens, ni aux Espagnols de défendre les produits espagnols. Notre logo a surtout pour but de privilégier les producteurs français. »
Reste maintenant à peaufiner les derniers détails avant de présenter le projet de loi. Ce devrait être pour 2024.