Règlement européen
Un assouplissement de l’étiquetage à risques ?
La situation de crise conduit à alléger certaines contraintes pour assurer la continuité de l’approvisionnement des Français et à desserrer le collet qui étrangle la production. Mais cet assouplissement est pointé du doigt par certains consommateurs inquiets.
La situation de crise conduit à alléger certaines contraintes pour assurer la continuité de l’approvisionnement des Français et à desserrer le collet qui étrangle la production. Mais cet assouplissement est pointé du doigt par certains consommateurs inquiets.
Plusieurs associations montent au créneau face au règlement d’exécution 2020/466 de la Commission européenne du 30 mars 2020 établissant des mesures temporaires face au Covid-19 et ouvrant donc la porte à un assouplissement de l’étiquetage des produits alimentaires. Le 27 avril, l’association Foodwatch a par exemple pris la parole. « Cette mesure exceptionnelle, avalisée par la Commission européenne permet aux industriels de modifier la formulation de leurs produits sans le préciser sur l’emballage, et ce, au moins jusqu’au 1er juin 2020 », rappelle l’ONG. Mais sa vigilance a été récompensée : « La DGCCRF vient de nous confirmer que la liste des produits concernés par ces changements de recettes sera précisée sur (son) site Internet », a commenté Camille Dorioz, responsable des campagnes de Foodwatch auprès de l’AFP.
Inquiétude dans le camp des allergiques
Sa sérénité n’est pas partagée dans le camp des allergiques comme à l’Association française pour la prévention des allergies (Afpral) qui alertait les consommateurs dès le 16 avril. « L’assouplissement des mesures d’étiquetage induit la possibilité que des ingrédients non mentionnés figurent dans la composition des recettes. Or, les personnes concernées par les allergies alimentaires ont pour habitude de lire scrupuleusement les étiquettes de ces produits et de n’acheter que ceux dont ils sont sûrs qu’ils ne mettront pas leur vie en danger », déplore l’association. Les quatorze allergènes dits « majeurs » sont les allergènes les plus fréquents, explique l’association, mais ce ne sont pas les seuls et la seule solution pour un allergique pour faire un choix éclairé est de disposer de la liste intégrale des ingrédients réellement présents dans le produit.
Nous n’avons pas été contactés en amont de cette décision
« Nous n’avons pas été contactés en amont de cette décision », s’offusque par ailleurs l’Afpral. C’est un peu différent de l’autre côté de la Manche. En Grande-Bretagne, « l’Agence de la sécurité alimentaire a contacté l’association des allergiques avant l’assouplissement des règles pour la rassurer sur le maintien du respect de la réglementation allergènes », explique Carla Jones, directrice d’Allergy UK.
Mais les allergiques restent inquiets, car « les allergènes ne se résument pas à la seule annexe des quatorze allergènes majeurs », rappelle Sabine Schnadt, représentante de l’Association allemande des allergiques (Daab) qui, de son côté, n’a pas d’information sur une éventuelle application du règlement européen dans son pays.
Des écarts autorisés dans le monde entier
En Suisse, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires accepte de tolérer temporairement certains écarts entre l’étiquetage et la composition des produits alimentaires pendant 6 mois. Mais il demande que les denrées alimentaires concernées soient marquées d’un autocollant rouge renvoyant à un site Internet qui fournit des informations sur les propriétés réelles du produit : « concrètement, ces exceptions provisoires ne sont autorisées que si elles ne mettent en aucune façon la santé des consommateurs en danger (par exemple allergies, ndlr) », précise l’Office. Même message rassurant en Nouvelle-Zélande et en Australie. « Le gouvernement nous a assuré que les règles d’assouplissement mises en place en raison du Covid-19 ne mettaient pas en cause la vie des allergiques », résume ainsi Maria Said, membre de l’association Allergy & Anaphylaxis Australia.