Très vite panser les plaies
Pour réaliser ce dossier sur l'état de santé de l'industrie de la viande, nous avons eu toutes les peines du monde à trou-ver un représentant professionnel acceptant d'être interviewé (seul Pascal Viné de Coop de France s'est prêté à l'exercice). Peur que ses paroles soient prises pour une pro-vocation, crainte de se mettre trop en avant, voici quelques arguments pour expliquer les refus que nous avons essuyés. Le climat dans la filière depuis le début de l'été est délétère. Cette attitude le montre une nouvelle fois. Le dernier bras de fer dans les coulisses du marché au cadran de Plérin a fait monter la pression à son maximum. Nous nous demandions le 4 septembre dans ces colonnes s'il était raisonnable de la part du ministère de l'Agriculture de laisser croire aux éleveurs qu'ils pourraient s'affranchir des règles du marché pour vivre enfin correctement de leur mé-tier ? Vingt jours plus tard, c'est la section porcine de l'Union des groupe-ments de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB), elle-même, qui s'est rendue à l'évidence : il fallait renoncer à l'objectif de prix de 1,40 euro pour que le marché (du porc breton) « refonctionne normalement », sinon les opé-rateurs n'y viendraient plus (quatre s'étaient déjà retirés, alors que le prix dévissait chez nos voisins allemands). « Après moultes échanges, E.Leclerc a considéré que la solution la plus sage était d'acquiescer à la demande de l'UGPVB (sic !) », déclarait Michel-Édouard Leclerc sur son blog – c'est bien la première fois que le distributeur semble aussi « peiné » de devoir baisser les prix ! Le ministre de l'Agriculture se disait, lui, « très en colère » de la décision de la fédération bretonne, après un été à batailler pour que les prix à la production se redressent. L'enchaînement ubuesque des récents évènements pourrait faire rire, si la situation des éleveurs et des abatteurs n'était pas aussi difficile. Maintenant que les règles du marché semblent avoir repris le dessus, de bonnes relations entre les différents maillons s'avèrent indispensables pour régler les problèmes de compétitivité et d'adéquation de l'offre à la demande et pour développer la contractualisation. Il va falloir très vite panser les plaies…