Le lait pasteurisé
Tirer les leçons du modèle britannique en lait de consommation
Les raisons de la réussite du lait de consommation au Royaume-Uni et la situation en France.

Uni, le marché du lait est dans les mains des producteurs ».


Si le Britannique est un gros consommateur de lait (107 kg/habitant/an, deux fois le volume consommé par le Français) son mode d'achat a beaucoup évolué.
Le lait déposé devant la porte ne représente plus que 4 % du total. Mais il est resté fidèle au lait pasteurisé qui constitue une protection vis-à-vis des importations et préserve ainsi la production locale. Cette évolution ne s'est toutefois pas faite
sans tribut. Le transfert des ventes vers la grande distribution a provoqué une baisse de la consommation globale. Mais tout semble rentrer dans l'ordre avec une reprise depuis 2010, se réjouit Jim Begg.
UN SYSTÈME INVENTÉ PAR LES DISTRIBUTEURS
Toujours prêts à innover les distributeurs anglais (60 % des ventes de lait en GMS) ont inventé il y a 5 ans un nouveau système pour garnir leurs linéaires : ils achètent directement le lait aux fermiers et font travailler les transformateurs à façon. Cette technique qui touche 18 % de quand les distributeurs se font la guerre, ce sont les entreprises qui trinquent », a souligné Jim Begg.
« Cette formule est possible car le lait est pasteurisé. Elle n'est pas envisageable pour le fromage qui doit faire face aux importations. Le Royaume-Uni importe 25 % de ses besoins en produits laitiers », précise-t-il. Ceci n'a pas empêché deux grands laitiers continentaux (Arla et Müller) d'investir le marché britannique. Il faut dire que ce marché est porteur: +2 % sur 52 semaines à février 2012 et +0,9 % sur 12 semaines en volume (plus de 5,2 milliards de litres). Les actions de communication collectives ont permis aussi de relancer la consommation et de modifier l'image
du lait.
Le marché français aurait-il besoin d'un tel coup de fouet ? Car depuis plusieurs années la consommation s'érode en France, constate Michel Roche, secrétaire général de Syndilait, malgré la percée du lait biologique qui ne représente cependant que 7 % des ventes. Un comité stratégique a été mis en place par le Cniel pour analyser finement cette évolution et préconiser des pistes d'actions. La première réunion de ce comité s'est tenue après l'assemblée générale de Syndilait.
RECONNAISSANCE DU SIGLE IPLC
Dans son discours introductif, le président de l'IPLC, Emmanuel Vasseneix, a souligné tout l'intérêt de la démarche de suivi du marché par l'Institut afin de
proposer aux distributeurs et aux consommateurs des produits sains et loyaux.
« Nous envisageons de demander une reconnaissance officielle du sigle IPLC et d'élargir son utilisation à l'Union européenne », indique Emmanuel Vasseneix.
10 milliards d'emballages ont véhiculé ce sigle depuis la création de l'IPLC, il y a 12 ans. Dans sa conclusion Maxime Vandoni, président de Syndilait, a montré que le marché français était, à la différence de l'Angleterre, sous influence des
pays voisins et d'une distribution qui s'est européanisée. « Le marché du lait UHT est un marché ouvert. Ceci veut dire que les clients sont européens et les intervenants aussi, avec des politiques divergentes. Une situation qui conforte l'arbitrage. Un excès de collecte laitière nationale à une période où de nombreux outils industriels sont saturés peut aussi déstabiliser le marché, met-il en garde. La filière française se doit d'être performante sur le plan économique.»
Il appelle de ses voeux à ce que le lait de consommation ne soit pas une variable d'ajustement du marché global et qu'il reçoive un traitement adapté à son environnement. La nouvelle équipe de Syndilait et IPLC (Anne-Sophie Royant, Aude Janvier et Damien Désert) prendra les rênes à partir du premier juillet suite au départ en retraite de Martine Lavilanie et Michel Roche.