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Terrena accélère sa conversion à la Nouvelle Agriculture

Fort de ses résultats, le groupe coopératif d'Ancenis va développer plus rapidement de nouveaux produits Nouvelle Agriculture, et prévoit 107 millions d'investissement en 2015 pour ses outils industriels. Explications.

Dans les cinq à dix ans, nous allons augmenter significativement les produits Nouvelle Agriculture. Au vu de nos résultats, nous allons même en accélérer le développement », a déclaré tout sourire, Hubert Garaud, président de Terrena, lors de la traditionnelle conférence de presse annuelle du groupe le 9 avril dernier. Il est vrai que l'année 2014 a été des plus propices pour le groupe coopératif. L'acquisition d'Ackerman (vins), Breteaudeau (négoce en agrofourniture viticole) et Val Nantais (légumes) a permis d'augmenter le chiffre d'affaires de 92 millions d'euros. L'évolution des prix des céréales a toutefois amputé l'activité de 75,6 millions d'euros, à périmètre constant.

Au final, le chiffre d'affaires reste stable à 4,7 milliards d'euros, en hausse de 0,3 %. Les résultats n'en sont pas moins remarqués. L'excédent brut d'exploitation (EBE) progresse de 30,1 % à 119,4 millions d'euros. Le résultat net s'affiche à 22,1 millions d'euros et bondit de 32,6 %. « Ce bilan, s'explique essentiellement par un redressement du pôle produits carnés (Elivia, Gastronome et Holvia Porc, ndlr). En volaille, nous avons atteint le seuil d'équilibre. Un plan ambitieux a été mis en place. Nous avons tout remis à plat », analyse Maxime Vandoni, directeur général.

Gastronome renoue avec les bénéfices

Certes, le schéma directeur industriel a conduit à fermer le site de Luché (72) malgré ses 10 millions d'investissement en 2013, son activité étant transférée à Languidic (56). Mais Terrena annonce pour Gastronome un chiffre d'affaires de 876 millions d'euros en 2014 contre 854 millions d'euros en 2013, avec un résultat d'exploitation de +0,9 million d'euros, celui de 2013 étant négatif de 8,8 millions. Le redressement est surtout marqué sur les filières dindes par une réduction de la perte de près de 9millions d'euros. Dans un contexte morose, le panéliste Kantar indiquant un recul de la consommation de volaille de 1,2 % en 2014, les volumes ont progressé de 4 %, la plus forte augmentation revenant à Douce France (+11 %) et aux sociétés régionales comme le bio Bodin avec 25 %. À noter que Douce France est la première marque nationale à supprimer l'huile de palme de ses recettes panées et à diminuer le taux de sel. Terrena prévoit pour Gastronome un investissement de 80 millions d'euros sur trois ans. L'objectif est d'améliorer la compétitivité, répondre aux exigences réglementaires, sanitaires et environnementales.

L'ARRÊT DES QUOTAS LAITIERS EN PRATIQUE

Les producteurs de lait de Terrena augmenteraient de 20 % leur volume d'ici à 2020 soit 4 à 5% par an, selon une enquête interne de la coopérative. « À mon avis, il s'agit d'une fourchette haute. Les producteurs n'ont pas vraiment saisi la balle au bond pour augmenter leur production cette année. L'augmentation n'a été que de 7 % alors qu'ils avaient la possibilité de le faire jusqu'à 15 % », souligne Hubert Garaud, président de Terrena. Les 830 exploitations ont livré ainsi 400millions de litres de lait soit 26millions de plus qu'en 2013. Par ailleurs, le président précise que l'éleveur est contraint par la gestion de ses effluents et sa capacité d'épandage. Terrena vient d'instaurer un contrat laitier entre l'adhérent et la coopérative en fonction de ses volumes historiques et des demandes du marché.

Elivia va bénéficier lui aussi d'un fort investissement, 100 millions d'euros sur trois ans (voir l'article des Marchés du 4 mars 2015). Là aussi les objectifs sont les mêmes qu'en volaille. Les seize sites sont concernés, mais plus spécialement ceux de Villers-Bocage et du Lion-d'Angers. Ce dernier a été le premier abattoir en France a être certifié Iso 50001 par l'Afnor. En deux ans, 5 % d'économie ont été engagés, l'objectif étant d'atteindre rapidement 13 %.

Avec un chiffre d'affaires de 936 millions d'euros, soit 2,7 % d'augmentation sur 2013, Elivia a augmenté ses abattages de 4 %. Hubert Garaud a rappelé que l'entrée de l'Irlandais Dawn Meats au capital d'Elivia était entre les mains de l'Autorité de la concurrence. « Nous devons être présents en Asie et en Amérique du Sud, là où vont se concentrer les plus fortes croissances de consommation de viande bovine », assure-t-il.

Holvia Porc, 54,3 millions d'euros de chiffre d'affaires, poursuit son redressement par une forte croissance. L'adhésion de la Cam comme adhérent du groupe d'Ancenis, qui devrait être validée à l'assemblée générale de Terrena le 25 mai, pourrait y contribuer.

La moitié des produits carnés d'ici dix ans

Ce rapprochement n'est pas étranger au concept de Nouvelle Agriculture. « La Cam est intéressée par notre démarche. La coopérative de Mayenne a ainsi plus vite accès aux nouvelles méthodes, à nos services comme les outils d'aide à la décision. Par ailleurs, nous souhaitons diffuser plus largement le concept. C'est ce qui nous a rapproché », explique Hubert Garaud.

En préambule à la diffusion des derniers résultats du groupe, le président a d'ailleurs martelé : « On va se battre et être très volontariste dans la commercialisation de nos produits Nouvelle Agriculture, issus d'une démarche qui se veut un intermédiaire entre le conventionnel et le bio. Quand nous avons démarré en 2008, beaucoup n'y croyaient pas.»

Après le lapin, le porc, désormais la farine, viendra d'ici à la fin de l'année la viande bovine et très certainement les salades de Val Nan-” tais. Pour 2015, l'équivalent de 1 000 porcs (2 000 t/an) par semaine sera abattu dans le cadre de Nouvelle Agriculture référencé chez Système U (Porc U), soit un peu moins du double de 2014 (840 tonnes). Toujours avec Système U, l'opération a démarré avec le lapin le 5 janvier dernier. Il est prévu un déploiement en régions Ouest et Nord-Ouest en 2015, puis en régions Est et Sud en 2016. Le volume prévisionnel se chiffre à 200 tonnes soit 156 000 lapins en 2015, le double en 2016. En céréales, environ cinquante artisans boulangers ont intégré la farine Nouvelle Agriculture.

Nous devons être présents en Asie et en Amérique du Sud

D'ici dix ans, Terrena compte distribuer la moitié des produits carnés grande consommation sous étiquette Nouvelle Agriculture, correspondant à 0,8/1 milliard d'euros de chiffre d'affaires.

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