L’avis de la FGA-CFDT
Sécurité à l’usine : « la situation est hétérogène mais globalement acceptable »
Les Marchés Hebdo : Quelle remarque pouvez-vous faire des aménagements mis en place dans les usines agroalimentaires face au coronavirus ?
Fabien Guimbretière : Les meilleures solutions ont été trouvées dans les entreprises où le dialogue social est de qualité, là où il y a une concertation, où tout simplement les gens se parlent. On s’en rend compte. Les opérateurs sont les seuls à connaître les points de détails qui vont permettre le bon aménagement des postes de travail et de l’organisation. On voit que les bons liens avec la direction vont permettre de passer ces mauvais temps. Pour les entreprises, la sécurité au travail est une boussole.
LMH : Le 20 mars, dans un communiqué, la FGA-CFDT demandait aux employeurs de « rectifier, immédiatement, l’organisation du travail mise en place pour qu’elle soit en conformité avec les règles de santé publique ». Voyez-vous des améliorations ?
F. G. : Il y a eu du tâtonnement du côté des directions. Mais assez vite, les aménagements se sont mis en place. La situation est hétérogène mais globalement acceptable. Pour régler le problème de promiscuité dans les ateliers, on a pu espacer les opérateurs sur les chaînes. De bonnes idées des salariés et des syndicats ont été mises en pratique. Quelques exemples : l’ouverture de salles de réunion pour la pause déjeuner quand le lieu de restauration ne permet pas de s’espacer suffisamment ; l’autorisation de faire ses pauses à l’extérieur, l’habillage en dehors de l’usine pour désengorger les vestiaires, les décalages d’horaires de travail. Dans une entreprise, la direction a demandé à la déléguée syndicale s’il fallait retirer les tourniquets à l’entrée, ce qui a été fait. Il y a eu aussi beaucoup de travail sur la désinfection. Le plus gros problème est le manque de masques et de protections. En réquisitionnant des masques pour l’hôpital, on peut mettre en danger d’autres personnes. Des salariés ont peur à cause de ce manque de protections.
LMH : Les compétences, les sources d’information, sont-elles suffisantes pour trouver les solutions adéquates ?
F. G. : Nous attendons une note de méthode * signée par l’Ania et le ministère du Travail, qui rappelle l’importance du dialogue par branches pour établir les bonnes pratiques.
LMH : Des salariés peuvent-ils ressentir un sentiment d’injustice ?
F. G. : Nous voyons poindre un risque d’injustice si l’éventuel versement d’une prime de 1 000 euros se décide sans s’être assuré au préalable que les conditions de travail soient adéquates. La santé ne s’achète pas. Il faut aussi veiller à ce qu’elle n’incite pas des personnels infectés à venir travailler.