Filières animales : rassemblement inédit à l'AG d'Inaporc autour d'un manifeste pour l'élevage français
Inaporc a lancé lors de son assemblée générale un manifeste pour la sauvegarde de l’élevage français, à l’heure où les filières se sentent étranglées par la réglementation, les concurrences déloyales, la pression sociétale et le manque de rémunération.
Inaporc a lancé lors de son assemblée générale un manifeste pour la sauvegarde de l’élevage français, à l’heure où les filières se sentent étranglées par la réglementation, les concurrences déloyales, la pression sociétale et le manque de rémunération.
Lors de son assemblée générale le 7 juin 2023, l’interprofession porcine a lancé un manifeste pour attirer l’attention des pouvoirs publics face aux situations alarmantes des élevages en France. Inaporc a appelé toutes les filières d’élevage à les rejoindre dans cette démarche et à mutualiser leur force pour mieux faire remonter les difficultés de chacune d’entre elles aux autorités.
En cause, les sur-réglementations européennes et françaises, l’absence de clauses miroirs dans les accords de libre-échange, la pression sociétale, tant de facteurs qui découragent l’installation des jeunes « pas assez accompagnés aujourd’hui, à l’heure où le renouvellement des générations est l’enjeu majeur de ces prochaines années », alerte Thierry Meyer, président d’Inaporc.
L’initiative a été saluée par Marc Fesneau, présent à l’assemblée générale. « Les filières ont aujourd’hui besoin de temps pour amortir les nouvelles normes environnementales. Nous devons travailler avec la société pour arrêter la moindre manifestation lorsqu’une stabulation s’agrandit ou qu’un poulailler veut s’implanter », a-t-il souligné.
En plus de la réglementation européenne IED et des négociations autour de l’accord UE-Mercosur, la révision des normes bien-être animal inquiète grandement toutes les filières d’élevage, redoutant un affaiblissement des performances européennes qui profiterait aux importations. « Nos concurrents internationaux sont ravis de la politique menée par l’Union Européenne. Les Américains et les Brésiliens, notamment, sont aux aguets. Ils n’attendent qu’une chose : que la production européenne baisse pour exporter vers l’Europe », indique Thierry Meyer.
Toutes les interprofessions de l'élevage réunies
Réunis autour d’une table ronde, Interbev, le CNPO, Anvol, le Cniel, le Cipa (Comité Interprofessionnel des Produits de l’Aquaculture) et le Cifog ont tous manifesté leur inquiétude et la nécessité de faire évoluer les filières dans des délais stables. Les filières animales ont cité l’exemple du Royaume-Uni, autosuffisant en porc dans les années 90 et ne produisant aujourd’hui plus que 40 % de ses besoins nationaux à la suite d’une loi obligeant l’élevage porcin à passer en plein air. « La consommation de viande de poulet augmente, oui, mais à cause de l’absence de clauses miroirs, ce qui augmente est en fait la consommation de matière première pas chère importée, et pas du tout produite selon les normes européennes. On est en distorsion totale de concurrence », illustre Jean-Michel Schaeffer, président d’Anvol.
Le manifeste d’Inaporc met en lumière ce risque d’affaiblissement de l’élevage français à cause des flambées des importations et concurrence déloyale, mais aussi la complexité administrative, l’incohérence des réglementations européennes et le manque de rémunération des filières. « Il n’y a qu’à voir ce qui a été fait dans le nucléaire. On a arrêté d’investir à cause de la pression de militants anti-nucléaires pendant que les normes se sont accumulées. Depuis l’année dernière, on en paye les pots cassés. Attention à ne pas reproduire ce schéma pour l’élevage », ajoute Jean-Michel Schaeffer.
Le manifeste d’Inaporc appelle les autorités à définir un plan pour :
- Objectiver scientifiquement toute nouvelle réglementation et assurer la cohérence des réglementations entre elles
- Évaluer systématiquement les nouvelles réglementations à l’aune des trois piliers de la durabilité : social, économique, environnemental
- Assurer la mise en avant des apports de l’élevage dans le cadre d’un dialogue équilibré avec l’ensemble des parties prenantes
- Veiller à ne pas créer des réglementations françaises plus restrictives que les autres pays européens
- Exiger des clauses ou mesures miroir vis-à-vis des pays tiers
- Soutenir financièrement les professionnels des filières dans l’application des nouvelles réglementations
- Faciliter l’installation, l’agrandissement et la modernisation des élevages
- Renforcer l’enseignement de l’élevage et tous ses modèles de production, a minima une visite d’un élevage de chaque filière animale durant le cursus agricole et vétérinaire.
- Rendre obligatoire l’étiquetage de l’origine des produits animaux dans tous les circuits de distribution et pour tous les moments de consommation. « Le foie gras est classé dans la catégorie abats, donc on ne peut pas afficher l’origine du produit. Cette situation est anormale, à l’heure où consommateurs et professionnels prônent la transparence. Ça doit changer », regrette Éric Dumas, président du Cifog.
Les autres filières n’ont pas encore officiellement rejoint Inaporc dans la démarche du manifeste, mais la présence de toutes les interprofessions de l’élevage à l’assemblée générale laisse présager un soutien officiel à venir d’ici peu de temps.
En France, les filières animales génèrent 900 000 emplois et pèsent 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires.