Quand va-t-on sortir des prix record ?
Alors que les prix des produits agricoles et alimentaires sont à des niveaux très élevés depuis plusieurs mois, plusieurs plafonds semblent avoir été atteints. Mais tout exercice de prévisions se heurte à de fortes incertitudes macroéconomiques et géopolitiques.
Alors que les prix des produits agricoles et alimentaires sont à des niveaux très élevés depuis plusieurs mois, plusieurs plafonds semblent avoir été atteints. Mais tout exercice de prévisions se heurte à de fortes incertitudes macroéconomiques et géopolitiques.
Les derniers mois ont été éprouvants pour les acheteurs des entreprises agroalimentaires. Flambée des prix et même pénurie ont complexifié les approvisionnements. Pour autant, l’heure semble à une stabilisation. Sur le marché mondial, les principales cotations agroalimentaires sont retombées comme un soufflé, comme l’illustre bien l’indice des prix mondiaux de la FAO. Le rebond post-Covid attendu de la part de la Chine n’a pas vraiment eu lieu, le pays est confronté à des tensions économiques.
Les prix du transport maritime international ont aussi retrouvé des niveaux similaires à ceux d’avant la pandémie, avec des volumes transportés inférieurs à ceux de 2019. Néanmoins, les principaux opérateurs ont pris des mesures, telles que l’envoi de vieux bateaux à la casse, pour redresser le marché. Les analystes de Freightos estiment qu’un plancher a été touché.
Quelques indicateurs positifs et beaucoup de bémols
Pour la Commission européenne, la bonne nouvelle vient de la chute des prix du gaz, en baisse depuis l’automne… mais ils n’en restent pas moins cinq fois plus élevés qu’en 2020. En conséquence, les prix des engrais se sont aussi écartés de leurs records, ce qui est de nature à rassurer sur la production communautaire. Mais les experts de Bruxelles n’excluent tout de même pas une nouvelle crise énergétique cet hiver.
Autre facteur rassurant, le tassement des prix des céréales grâce à la reprise des exportations ukrainiennes. Mais là encore, beaucoup de bémols, notamment quant à la future récolte ukrainienne alors que certains champs sont minés et que les paysans n’ont pas tous pu semer. Si les prix de l’alimentation animale ont baissé, « l’accord de la mer Noire reste fragile. La Russie n’est pas totalement satisfaite. Les cours des matières premières pourraient augmenter », alerte Simon Fourdin, directeur économique de l’Itavi. D’autant plus que le dérèglement climatique est une variable à prendre en compte alors que l’Europe est dans un état de sécheresse préoccupant avant même le début de l’été.
Un équilibre offre/demande difficile à trouver
Dans les productions animales, la hausse des prix provient avant tout de la baisse de l’offre, que ce soit à cause de la flambée des coûts de production, de la grippe aviaire, du climat ou des crises structurelles. Avec l’inflation, les ménages arbitrent dorénavant leurs dépenses aux dépens des produits animaux, notamment de la viande rouge et du beurre. De quoi réduire le déséquilibre offre/demande, d’autant plus que les prix élevés sont prohibitifs.
Dans ce contexte, la tendance est à un tassement des cours, si ce n’est peut-être en poulet qui bénéficie d’un effet de report de la demande. Mais alors que les coûts de production restent élevés, toute baisse des prix à la production est scrutée avec prudence par les agriculteurs, et pourrait conduire à un nouveau repli de l’offre dans les mois qui viennent. Et ce, alors que la compétition des importations pourrait être encore plus rude pour la raison que le consommateur, à l’heure de payer la note, se montre moins regardant sur l’origine et plus préoccupé par le prix.