Innovation
Quand les start-up inspirent les grands groupes
Agilité, savoir-faire numérique, capacité d’innovation, les qualificatifs attribués aux start-up attirent les groupes agroalimentaires. Certains s’investissent directement auprès d’elles, à l’instar de Norac annonçant la reprise de Cook Angels.
Agilité, savoir-faire numérique, capacité d’innovation, les qualificatifs attribués aux start-up attirent les groupes agroalimentaires. Certains s’investissent directement auprès d’elles, à l’instar de Norac annonçant la reprise de Cook Angels.
« Les grands groupes avaient encore un regard complaisant sur la foodtech française il y a deux ans. Depuis, ils s’y intéressent de très près et les choses évoluent vite », analyse Matthieu Vincent, cofondateur de Digital Food Lab. Dans une étude, la foodtech en France de 2013 à 2017, les fondateurs de Digital Food Lab expliquent : la « foodtech française représente 1,13 % des investissements mondiaux sur la période 2014-2016. Pour la France, qui se veut le pays de la gastronomie et qui dispose de nombreux grands industriels dans l’agroalimentaire et la distribution, la foodtech représente une opportunité majeure qui reste à saisir ».
Certains groupes, tels que Danone ou PepsiCo, ont engagé ce développement avec les start-up. En septembre 2017, un an après sa reprise de Michel et Augustin, Danone annonçait une prise de participation de 4 millions d’euros dans la start-up spécialisée dans l’alimentation infantile Yooji, à travers son fonds Danone Manifesto Ventures.
Les incubateurs internes
De son côté, PepsiCo renouvelle son programme d’incubation Nutrition Greenhouse, pour la seconde année consécutive. En 2017, la start-up spécialisée dans les insectes Jimini’s avait été retenue parmi les huit entreprises européennes pour être accompagnée par le groupe durant six mois. Cette année, PepsiCo envisage d’en sélectionner dix. Elles bénéficieront d’une dotation de 20 000 euros et des conseils des équipes commerciales ou marketing des marques du groupe. Ce programme est ouvert aux structures qui réalisent un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 5 millions d’euros. Les candidatures peuvent être déposées jusqu’au 11 juin.
Cela permet d’inventer une nouvelle manière de travailler ensemble
« Les start-up et leurs petites marques inspirent les grands groupes par leur manière de travailler, leur agilité. Au sein de PepsiCo, on a créé un incubateur interne au niveau européen, appelé Future Brands. Il y a une antenne française, totalement indépendante de PepsiCo France et avec pour mission de créer des petites marques locales. Nous serons plus avancés en septembre pour en dire davantage », raconte une porte-parole de la filiale française du groupe. PepsiCo veut également favoriser l’intrapreneuriat, avec son programme « next big idea » (la prochaine bonne idée, en français). « Il y a eu un appel à candidature en interne pour trouver les manières de travailler de demain ou les produits du futur. Il y a six projets différents. Cela permet d’inventer une nouvelle manière de travailler ensemble », explique cette porte-parole.
Intégrer un savoir-faire
C’est désormais au tour de Norac de mettre un pied dans cet univers. Le groupe breton connu pour ses filiales Daunat, les crêpes Whaou ou encore Le Ster a officialisé le 22 mai sa prise de participation majoritaire au sein de la start-up Cook Angels, service de commande, préparation et livraison de kits repas à cuisiner soi-même. Ce rapprochement permet à Norac de faire son entrée dans l’univers numérique de la foodtech. « Nous sommes très heureux de soutenir la croissance de Cook Angels. En phase avec la vie contemporaine, cette société propose des solutions de repas sains et gourmands, pratiques et conviviaux qui simplifient la vie des consommateurs qui ne veulent pas avoir à choisir entre manger vite et manger bien », souligne Bruno Caron, président et fondateur du groupe Norac.
Nous rapprocher d’un industriel avait du sens
Pour sa troisième levée de fonds depuis sa création il y a cinq ans, Cook Angels a suivi la piste industrielle afin de « s’industrialiser davantage ». « Nous avons trouvé notre modèle, notre clientèle, notre marché, mais notre croissance était limitée par nos capacités industrielles, organisationnelles et techniques. Nous rapprocher d’un industriel avait du sens », souligne Charlotte Sieradzki, cofondatrice de la start-up aux côtés de Joy Solal. Cook Angels sera intégré au groupe Norac en tant que filiale, à l’instar des autres activités du groupe. Les synergies possibles ne sont pas encore définies. Mais on peut supposer que Norac s’inspirera à moyen ou long terme de ce segment des kits à cuisiner et du savoir-faire numérique de cette jeune entreprise qui a connu une croissance de 200 % entre 2016 et 2017.