Peste porcine africaine : une épizootie en France ferait chuter de 14 % le cours du porc
En cas d’épidémie de fièvre porcine africaine (FPA), la filière porcine française pourrait faire face à de lourdes pertes économiques, comme ça a été le cas en Allemagne. Ces pertes seraient dues à une baisse drastique des exportations de viande de porc et une dévalorisation des pièces de découpe et coproduits.
En cas d’épidémie de fièvre porcine africaine (FPA), la filière porcine française pourrait faire face à de lourdes pertes économiques, comme ça a été le cas en Allemagne. Ces pertes seraient dues à une baisse drastique des exportations de viande de porc et une dévalorisation des pièces de découpe et coproduits.

Présente en Allemagne et en Italie, la fièvre porcine africaine (FPA), autre nom de la peste porcine africaine (PPA) reste pour l’instant non déclarée en France. Cependant, avec des voisins aussi proches touchés, la filière porcine se prépare à faire face à une éventuelle épizootie. Lors d’une journée technique « la FPA dans tous ses états »1, l’Ifip a communiqué des pronostics sur l'impact économique causé par une potentielle épizootie de FPA en France. Ces prévisions ont été construites sur les tendances observées pour la filière porcine allemande.
L’impact de la FPA sur les exportations allemandes
Depuis la découverte de la maladie en Allemagne en septembre 2020, le pays a subi un embargo de plusieurs pays tiers tels que la Chine ou le Japon. Cette situation d’épidémie de FPA a fortement déstabilisé le marché allemand, où la commercialisation de viande porcine a chuté entre les années 2019 et 2021.
Cette redistribution s’est faite sur des marchés qui valorisent moins certains morceaux tels que les abats
L’Allemagne a dû réaffecter sur le marché européen l’ensemble de ses volumes de viande destinés à l’export. Ses exportations n’ont donc baissé que de 4,3 % en volumes entre les campagnes 2020/21 et 2019/20. Mais cette redistribution s’est faite sur des marchés qui valorisent moins certains morceaux tels que les abats, entraînant une dévalorisation des pièces de porc dans le pays. Les pertes entre les deux campagnes ont été estimées à 1,6 milliard d’euros, soit 27,6 % du chiffre d’affaires de la filière sur la campagne 2020/21.
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Des prévisions alarmantes pour les exportations françaises de porc
Selon les prévisions de l'Ifip, basées sur les données économiques de 2020, la France pourrait faire face à une baisse drastique des volumes exportés, une chute du prix du porc et une réaffectation des flux commerciaux, si des cas de FPA viennent à se déclarer dans le pays.
En 2020, l’Asie de l’Est représentait 35 % des volumes exportés par la filière porcine française. Une fermeture des frontières asiatiques, par suite de la découverte d’un foyer de FPA pourrait entraîner 471 millions d’euros de perte pour la France, soit 61 % de la valorisation des exportations vers les pays tiers, correspondant à 188 000 tonnes de produits porcins. À noter que depuis 2020, les envois de viande porcine vers l’Asie ont nettement reculé, ainsi il est fort à parier que les pertes seraient désormais moins conséquentes.
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Un redéploiement insuffisant sur le marché européen
Comme pour l’Allemagne, la réaffectation des exportations de viande sur le marché européen ne suffira pas pour compenser les pertes. Selon l’Ifip, l’UE pourrait absorber environ 138 000 tonnes, soit 73 % des volumes destinés aux pays tiers en 2020. Cependant, la valeur des produits sur ce marché serait bien inférieure, car c’est seulement 107 millions d’euros qui pourraient être récupérés. Plus préoccupant encore, 50 000 tonnes resteraient invendues, ce qui accentuerait les pertes pour la filière porcine.
50 000 tonnes resteraient invendues
Des baisses significatives du prix du porc
En cas de FPA, il est attendu une baisse de 14% sur le prix du porc charcutier entrée abattoir, sur une durée de six à douze mois. Ceci équivaut à des pertes pouvant aller jusqu’à 23 centimes d’euro par kilo. Les coproduits tels que les abats, lards et graisses auraient du mal à trouver des débouchés rentables. De même, les pièces de découpes seraient énormément dévaluées, notamment celles fortement valorisées à l’export. C’est le cas de la poitrine qui perdrait 27% de sa valeur, ou encore la longe et le jambon qui perdraient chacun 18% et 17% de leur valeur.
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1 Journée technique « FPA dans tous ses états » organisée par l’ANSP et l’IFIP avec l’appui scientifique de l’ANSES, le jeudi 23 janvier 2025 à Rennes.