Œufs : chute vertigineuse des prix
De 7,94 à 3,83 euros/100 œufs, la moyenne hebdomadaire des calibres gros et moyen a été plus que divisée par deux depuis le début de l’année…
La chute est d’autant plus rude après l’euphorie qui avait gagné le marché de l’œuf à la rentrée. Suite à l’épisode de grippe aviaire aux Pays-Bas et la perte d’une partie du cheptel pendant la canicule de l’été, les prix avaient en effet atteint des sommets (jusqu’à 9,10 euros/100 œufs en moyenne début novembre). En 2002, alors que le secteur était considéré comme « en crise », la moyenne de la TNO à cette même période se situait à 4,33 euros/100 œufs, soit 50 centimes de plus qu’aujourd’hui…
Et la situation ne s’améliore pas si l’on tient compte de l’évolution des coûts de production. En dehors de l’application des nouvelles réglementations (bien-être, etc.), le prix de l’aliment, très important dans ce type d’élevage, a flambé après la sécheresse de 2003. Ainsi, selon la moyenne calculée par l’Itavi, le prix de l’aliment « poule pondeuse » en mars serait 22 % plus cher que l’année dernière, et 15,6 % plus cher qu’en 2002…
La production a augmenté trop rapidement
La dernière fois que le marché a atteint des prix aussi bas, c’était en 1999. Le niveau de production trop élevé était alors directement en cause, et il semble bien que ce soit à nouveau le cas cette année.
Au vu des cours atteints en automne et cet hiver, et alors que la plupart des indicateurs laissaient espérer le maintien d’un niveau élevé des prix au printemps, il semble en effet qu’un peu partout, en France comme dans les autres grands pays producteurs, les opérateurs se soient dépêchés de mettre en place un maximum de poules. L’effet de la mise en place de la norme bien-être a quant à lui été complètement annihilé dans cette frénésie de production.
En France, selon le dernier rapport de l’Itavi, les mises en place au dernier trimestre 2003 étaient en augmentation de 18,9 % par rapport à 2002 ! Après une légère progression en 2003 (+0,6 %), la production globale attendue pour les six premiers mois de l’année serait supérieure de 2,3 % à son niveau de l’année dernière.
Aux Pays-Bas, si le potentiel de production reste significativement inférieur à celui d’avant l’épidémie, il est en constante progression. En Allemagne, d’après les prévisions d’Agreste, la production serait attendue en hausse de 13,8 % sur le mois de mai. En Espagne, toujours selon la même source, la production était en hausse de 7,2 % en février…
Mais la consommation ne suit pas. Selon le dernier relevé IRI réalisé en GMS, les ventes d’œufs datés sont stables sur les 12 derniers mois, en recul de 19,3 % pour les extra-frais standards, et de 5,3 % en frais standard. Seuls les œufs de plein air connaissent une croissance significative (+12,8 %).
Le marché doit rapidement trouver une solution
Au vu de la situation qui pourrait devenir catastrophique pour la production si le niveau de prix actuel se prolonge, il paraît urgent d’adopter des mesures de restriction de la production. À l’heure actuelle, il semble que les réformes s’accélèrent et que les abattoirs sont complètement surchargés. Les prix des poules de réformes se sont effondrés, et certains élevages sont même contraints de payer le prix de transport… Un peu partout en Europe, les abattoirs paraissent également chargés. En Espagne, on parle de mues, voire d’opérations de stockage.