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Coopérative
« Nous sommes à 16 000 tonnes de potentiel » en noisettes

Où en est Unicoque dans son ambitieux plan de développement ? Jean-Luc Reigne, directeur général de la coopérative spécialisée dans les noisettes, installée à Cancon dans le Lot-et-Garonne, répond aux Marchés Hebdo alors que de nouveaux investissements sont en cours.

Les Marchés Hebdo : Où en êtes-vous de votre grand plan de développement ?

Jean-Luc Reigne : Notre plan vise à passer de 10 000 tonnes de potentiel de production à 30 000 tonnes en 2030-2035 avec un palier à 20 000 tonnes en 2020. Un timing lié au rythme de plantation de 350 hectares chaque année. Nous avons passé les deux premières années un peu en dessous des objectifs, mais depuis ces trois dernières années, nous sommes plutôt au-dessus de 500 hectares. Le nombre d’adhérents progresse sur un même rythme. Aujourd’hui, nous sommes à 5 500 hectares plantés dont 3 300 hectares déjà productifs. 2 000 hectares vont entrer en production dans les 5 ans. Nous sommes à 336 producteurs dont 30 nouveaux cette année.

LMH : Où en êtes-vous en matière de volume de production ?

J.-L. R. : Nous avons produit 11 680 tonnes de fruits à coque en 2016 dont 10 000 tonnes de noisettes et 1 500 tonnes de noix. Aujourd’hui, nous sommes à 16 000 tonnes de potentiel, d’ici à 2020, nous serons bien à 20 000 tonnes avec un décalage de production à 2025. On est sur nos lignes directrices. Jusqu’ici, nous étions spécialistes des fruits, crus avec ou sans coque. On fait désormais un peu de transformation physique. On propose des produits grillés dépelliculés et de la poudre et du grain à destination des industriels, de manière à toucher de nouveaux marchés, comme les glaciers ou les artisans pâtissiers.

LMH : Combien avez-vous investi dans cette transformation ?

J.-L. R. : Nous avons investi 1 million d’euros dans cet atelier à Cancon. En parallèle, on construit depuis 4-5 ans un nouveau site à 800 mètres du site historique. Aujourd’hui, on a six nouveaux bâtiments de 3 000 m2 : quatre bâtiments de stockage (dont un bâtiment de stockage frigorifique), un bâtiment d’expédition et un bâtiment qui comprend la nouvelle ligne noisettes coque (triage, calibrage, conditionnement). À terme, il y aura 50 000 m2 de bâtiments couverts. Globalement, le plan d’investissement industriel est de 80 M€ d’ici à 2030. On en est à 20 M€. Chaque fois que l’un de nos adhérents investit 1 € dans la création de nouvelles surfaces de vergers, on investit 1 € dans l’outil industriel et commercial. Au total, 200 M€ vont être investis pendant tout le programme

LMH : Jusqu’où prévoyez-vous d’aller en matière de transformation ?

J.-L. R. : Nous sommes sur un modèle de développement très vertical. En aval, toujours sur une base exclusive de noisettes et noix, mais de différentes formes. L’idée est de décliner ce fruit sur différents produits. On veut aussi emmener la marque Koki, surtout reconnue en BtoB, vers le grand public. Nous sommes déjà connus en Allemagne. Aujourd’hui, une noisette sur deux consommées en Europe vient de chez nous.

On se posera sûrement la question de l’huile

LMH : Vous interdisez-vous d’aller sur certains produits ?

J.-L. R. : Il ne s’agit pas de faire plus mal ce que les autres font très bien. On n’ira pas sur la pâte à tartiner, ce n’est pas notre métier. On n’est pas dans une logique de négoce, on va chercher des éléments technologiques sans ingrédients complémentaires. On se posera sûrement un jour, par exemple, la question de l’huile.

LMH : Vous investissez aussi vers l’amont, comment ?

J.-L. R. : Pour consolider notre système de production, on remonte vers des étapes de processus en amont. Depuis 2015, on a investi dans des unités de nettoyage et séchage des noisettes. On a repris 4 outils pour les faire progresser. On est en train de construire un 5e site sur Mas-Grenier, dans le Tarn-et-Garonne. À terme, il devrait traiter 5 000 tonnes de fruits à coque. Nous allons investir entre 7 et 8 M€ sur l’ensemble du projet, en deux ou trois tranches. La première sera mise en œuvre en 2019 pour traiter 1 500 t. On a aussi investi dans une activité de pépiniériste depuis 2 ans, la recherche de nouvelles variétés et une activité de bureau d’études sur la ressource en eau.

Nous ne faisons pas de négoce

LMH : Mettez-vous en place des contrats pluriannuels avec vos clients ? Avez-vous conquis de nouveaux clients ?

J.-L. R. : Nous mettons en place beaucoup de contrats pluriannuels. Ni nos clients ni nous n’avons intérêt à subir les fluctuations du marché mondial. On arrive à conquérir des clients importants. Nous allons les chercher seulement si nous sommes capables de les garder. Nous ne pouvons pas être opportunistes, car nous ne faisons pas de négoce. Avec du négoce, on pourrait tripler notre chiffre d’affaires, mais cela n’aurait pas de sens. On regarde toujours le pourcentage de retour de notre chiffre d’affaires sur le territoire. Pour nous, c’est 95 %. Nous allons lancer avec l’université de Poitiers une étude sur notre impact territorial en nombre d’emplois.

LMH : Pouvez-vous nous donner les grands chiffres d’Unicoque ?

J.-L. R. : En 2017, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 31,4 M€. Cette année avec la baisse des cours et le gel d’environ 30 % de notre production, on devrait plutôt être à 27 ou 28 M€. Nous comptons 90 salariés permanents, l’effectif pouvant monter à 228 collaborateurs en pleine saison. Parmi nos clients, nous comptons Ferrero, Lucien Georgelin ou encore Lenôtre. Nous comptons aussi de nombreux artisans. Nous n’avons pas un client qui dépasse 8 % de notre chiffre d’affaires.

Après trois ans d’envolée, le prix mondial est retombé

« On est sur un marché porteur. Il a été extrêmement porteur ces trois dernières années du fait d’un gel très important en Turquie en 2014. On sort de cette situation avec un peu de stock sur le plan mondial. Le marché est retombé assez bas », explique Jean-Luc Reigne, DG d’Unicoque. Pas forcément une mauvaise nouvelle pour la coopérative, qui connaît ce type de situation tous les dix ans. « Quand la Turquie, qui produit 70 % des noisettes du monde, tousse, c’est le marché qui s’enrhume », souligne le dirigeant. Le prix au consommateur du sachet d’amandons de noisette, qui était monté jusqu’à 35 €/kg, est aujourd’hui retombé entre 20 et 25 €/kg. Une baisse qui devrait permettre à certains opérateurs, qui avaient substitué l’amande à la noisette, de revenir sur le marché. « Notre économie fonctionne sur la base du marché, tirée par une croissance moyenne de consommation de 5 à 8 % par an », indique Jean-Luc Reigne.

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