Pêche
L’usine flottante Scombrus vient d’être inaugurée
France Pélagique, armement français à capitaux hollandais, a baptisé à Concarneau, vendredi 25 septembre, son nouveau chalutier-congélateur géant, le Scombrus. Un navire destiné à exploiter harengs, maquereaux, chinchards et merlans bleus pour l’exportation.
France Pélagique, armement français à capitaux hollandais, a baptisé à Concarneau, vendredi 25 septembre, son nouveau chalutier-congélateur géant, le Scombrus. Un navire destiné à exploiter harengs, maquereaux, chinchards et merlans bleus pour l’exportation.
C’est une véritable usine flottante de 81 mètres qui sillonnera toute l’année les eaux européennes, avec un équipage d’une trentaine de marins, pour pêcher, trier et congeler harengs, maquereaux, merlans bleus et chinchards. Ces poissons bleus constituent ce qu’on appelle des espèces pélagiques, c’est-à-dire qui peuvent être capturés en pleine mer. Elles sont destinées à des importateurs, conserveurs et fumeurs d’Europe de l’Est, d’Afrique et d’Asie. Le Scombrus, chalutier baptisé il y a quelques jours à Concarneau à l’issue de sa toute première marée, appartient à l’armement France Pélagique.
44 000 tonnes de droits de pêche
Filiale française à 100 % du groupe Cornelis Vrolijk (Pays-Bas), France Pélagique (23 millions d’euros de chiffre d’affaires) opère deux chalutiers-congélateurs : Prins Bernhard et le nouveau Scombrus qui remplace Sandettie sorti de flotte. Avec ses deux navires, l’armement exploite cette année 44 000 tonnes de droits de pêche d’un sous-quota géré par l’organisation de producteurs From Nord. Des droits qui varient chaque année en fonction des quotas accordés par la Commission européenne.
France Pélagique détient également des parts dans l’armement War Raog (3 millions de chiffre d’affaires) qui exploite en Bretagne trois unités sardinières d’une quinzaine de mètres en ciblant des sardines (hors quotas) pour le marché français.
Le chalutier Scombrus (investissement non communiqué) « est innovant en matière de consommation d’énergie grâce à des moteurs plus performants, de confort des équipages et de qualité du poisson », explique le directeur général de France Pélagique, Geoffroy Dhellemmes. L’usine embarquée (technologie de l’Islandais Skalinn) constitue « un bond technologique », souligne le dirigeant. À chaque trait, le chalut remonte entre 80 et 200 tonnes de poisson. Une pompe achemine le poisson vers des tanks d’eau de mer réfrigérée à -1 °C avant d’être transféré par tapis roulant au niveau usine sur le pont inférieur. Une machine de triage automatique réunit les poissons par taille (douze calibres contre six auparavant), parfois par espèce.
Le Scombrus peut pêcher et transformer près de 2 000 t de poissons par marée
Des caméras vérifient la qualité du poisson et un système d’intelligence artificielle sort du circuit les individus trop écrasés ; ils seront transformés en farine de poisson. Les poissons allotis remplissent des plateaux jusqu’à constituer 22 à 24 kilogrammes selon les espèces. Puis ils passent à la congélation (-25 °). Cette partie du processus s’effectue désormais à plat et non plus verticalement – comme sur les anciennes générations de navires-congélateurs classiques –, pour « conserver au maximum l’apport nutritionnel du poisson mais aussi un aspect visuel irréprochable », dit le groupe.
En bout de ligne, les blocs de poisson sont encartonnés à la marque du groupe néerlandais, palettisés et transférés en cale à température négative. « Au cours d’une marée de trois semaines environ, le Scombrus peut pêcher et transformer près de 2 000 tonnes de poissons », précise Geoffroy Dhellemmes. Le poisson est débarqué systématiquement aux Pays-Bas sur la plateforme du groupe Cornelis Vrolijk. Il se vend sur le marché entre 0,35 et 0,80 euro le kilogramme, selon l’espèce et le calibre. Le groupe néerlandais peut en espérer un peu plus, compte tenu de la qualité accrue du produit sorti de l’usine du Scombrus.
Une pêche décriée
Le Scombrus a été inauguré vendredi 25 septembre dans le tumulte d’une manifestation de petits pêcheurs venus de partout en France. Conscient que la pêche industrielle n’a pas bonne presse en France, France Pélagique s’est évertué à démontrer la pertinence de son mode d’exploitation. « Nous ne pêchons pas dans les mêmes eaux que les petits pêcheurs », a souligné Geoffroy Dhellemmes. Les prises accessoires ne sont que de 1 % du total. Deux pêcheries sur lesquelles travaille France Pélagique sont certifiées MSC (hareng de Manche Est et mer du Nord et merlan bleu d’Atlantique Nord-Est). Et le poisson pêché par les deux unités fournit l’équivalent de 750 000 repas quotidiens. Pas sûr que ces arguments satisferont les organisations de la petite pêche.