PME
Loi Besson-Moreau : la Feef s’inquiète des effets collatéraux pour les PME
La Feef redoute que la meilleure rémunération de l’amont agricole se fasse aux dépens de la trésorerie des PME agroalimentaires françaises. Elle appelle la grande distribution à revaloriser ses prix.
Les PME et TPE agroalimentaires françaises, via la voix de la Feef, demandent et soutiennent une meilleure rémunération de l’amont agricole, d’une répercussion des coûts, mais avertissent que cette hausse de tarification doit être répercutée jusqu’à la grande distribution. « Nous avons peur d’être pris en étau entre la hausse des prix pour les producteurs agricoles et la diminution des tarifs de la grande distribution », souligne Dominique Amirault, président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef). « Nous disons oui à la meilleure rémunération de l’amont, mais pas au détriment de la trésorerie des PME, d’autant plus dans ce contexte de reconquête de notre souveraineté alimentaire », précise-t-il.
Le tarif de base ne doit pas être négociable
La Feef soutient des relations commerciales simples et fluides entre l’amont et l’aval de la filière, et n’est pas pour la mise en place de barèmes, comme l’avait souhaité notamment l’Ania. « Le tarif de base ne doit pas être négociable, car c’est l’indice de création de valeur pour la filière. En fonction du contexte commercial et des objectifs des enseignes de grande distribution, les acteurs peuvent négocier la valeur ajoutée des produits que les entreprises et les agriculteurs peuvent mettre de côté pour leur trésorerie », estime Dominique Amirault. La complexification des relations commerciales handicaperait les PME qui n’auraient pas les moyens de gérer ces nouvelles tâches administratives.
Une revalorisation sans incidence pour le consommateur
La Feef a demandé au cabinet d’études économiques Asterès de réaliser une étude concernant la conséquence d’une hausse du prix des denrées alimentaires transformées en France sur le pouvoir d’achat des ménages français. Celui-ci montre notamment qu’une hausse de 1 % des prix des produits alimentaires transformés en France provoquerait une diminution du pouvoir d’achat de -0,07 % en moyenne. Cette baisse va jusqu’à -0,1 % pour l’ensemble du quintile des ménages français les moins aisés du pays dont l’alimentation représente 16,3 % de leur consommation totale (contre 11,7 % pour le quintile le plus aisé).
« La baisse du pouvoir d’achat des consommateurs serait très faible avec cette éventuelle revalorisation. Ne pas augmenter les prix des produits agroalimentaires pour préserver le pouvoir d’achat est une publicité mensongère », peste Dominique Amirault. L’augmentation de 10 % des prix des produits agroalimentaires transformés en France entraînerait une baisse du pouvoir d’achat d’à peine 0,8 % des ménages français (-1 % pour les ménages les plus en difficulté ; -0,55 % des ménages les plus aisés).
« En compressant les prix ou en achetant moins cher à l’étranger incite l’industrie française à délocaliser, c’est contraire aux ambitions politiques actuelles de la France ! Le pouvoir d’une économie se mesure en fonction des emplois qu’elle crée, mais pour cela, il faut payer la juste valeur des produits français. Les PME sont des entreprises qui privilégient les approvisionnements locaux », conclut Dominique Amirault.